Le centre de mon monde, le cœur de mon problème (2)

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Je claque la porte d'entrée dans mon dos, essoufflée. Je suis trempée, frigorifiée, mais je suis surtout terrifiée. Et morte de honte.

La pluie ne m'a pas permis de réfléchir à tête reposée. Je n'avais presque pas conscience de toute cette eau qui s'étalait sur mon visage, mes cheveux et mes vêtements, parce qu'à l'intérieur se déroulait une tempête beaucoup plus dévastatrice.

Un ouragan empli d'émotions incessamment violentes. Un tout qui m'a plongée dans un état second. Et le responsable dans toute cette histoire : c'est tout simplement moi. Je suis ce nœud apparent de tous les problèmes. Je me plains depuis des semaines que les complications ne cessent de me suivre, mais c'est normal après tout, puisque je ne suis plus la victime, mais bien la coupable.

La pire des garces. Une horrible femme...

La crainte tout comme l'embarras me retournent l'estomac alors que mes pensées se dirigent inlassablement vers mes actions éhontées, ainsi que les personnes envers qui j'ai énormément déçues. Et que j'ai trahi sans vergogne. Je les ai blessés, je les ai contrariés. La culpabilité me ronge. De plus en plus. Elle me désagrège progressivement lorsqu'une peur démesurée, celle de perdre ce qui m'est le plus cher, m'assomme de plein fouet. Et bien que je n'ai jamais été parfaite et que j'ai pu fauter un bon nombre de fois, cette scène-là vient de me marquer à tout jamais.

Comme une empreinte au fer rouge.

Vient ensuite la douleur. Celle qui me rappelle ô combien je suis faible, lâche et totalement indécise. Autrefois, je savais ce que je devais faire pour le bien de tous. Aujourd'hui, c'est tout l'inverse. J'ignore ce qu'il faut que je fasse. Je suis incapable de dire si ce que je ressens pour Max peut aboutir à quelque chose, ou si je devrais laisser tomber. Mais je suis faible, si vulnérable face à lui. Quand il est près de moi, je vacille aussitôt. Je ne peux pas demeurer impassible face à Maxim, c'est impossible. Pourtant, même si je suis tombée amoureuse de lui, je n'arrive pas à dire si c'est normal d'autant souffrir. Lui comme moi. A cause de mes choix, mais aussi des siens. Et de notre fierté.

Seulement, un sentiment a prédominé tout le reste et je ne suis pas parvenue à m'en défaire : la haine. Elle m'a tiraillée les entrailles, remuer encore plus l'estomac, m'a fait pleurer toutes les larmes de mon corps, à m'en arracher les cheveux. Parce que je suis arrivée à un point où je me hais encore plus que le monde entier. Je me déteste. De plus en plus. Et encore plus cette nuit. Ma propre estime est descendue jusqu'au noyau de la Terre, et je ne suis pas certaine qu'elle remontera un beau jour. Ce que j'ai fait, et ce que je viens de faire, je sais que je ne me le pardonnerai jamais.

J'ai fait du mal aux gens que j'aime et je n'arrête pas d'en faire. Ça me hante, ça me fragmente. Je ne cesse d'être partagée, d'être tiraillée entre plusieurs options, et les choix qui s'imposent à moi ne plaisent jamais vraiment. Mes problèmes reviennent à la charge et tout une avalanche vient de m'envahir. Et ma foi, je crois qu'ils sont beaucoup plus nombreux qu'au départ. Il y a une heure, j'ai tout fait pour les oublier, mais je n'ai fait que les empirer en baissant ma garde. Pourtant j'étais tellement bien, la tête dans les nuages ! Il a fallu que je fasse n'importe quoi avec Maxim, que je me perde dans ses bras. Mon problème numéro un m'est revenue en pleine poire et oui, je peux dire qu'il m'a fait très mal.

Parce que je sais que je l'ai autant blessé que Matthieu dans mon comportement plus que détestable. Et ça, ça me tue, en plus que ça me dégoûte.

Comment est-ce que j'ai pu leur faire ça ?

Un hoquet m'échappe. Je pose une main sur ma bouche alors que je sens très nettement cette nausée secouer méchamment mon estomac. A partir de là, je ne maîtrise plus rien. Et même plus mon propre corps. Il m'abandonne lui-aussi, il essaie de me faire comprendre à quel point j'ai vraiment déconné cette nuit. Je lâche une complainte alors que mon ventre se contracte brutalement. Ma gorge se resserre, mon œsophage tremble sous la pression. J'ai le temps de verrouiller la porte, de courir jusqu'aux toilettes et me pencher avant que je me mette à rendre tout le contenu de mon estomac.

NOUS Envers et contre toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant