Perdus (2)

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Média : Angèle - Perdus


Je suis en train de boire un deuxième café lorsque Raffael décide enfin de montrer le bout de son nez.

L'expression hésitante et une main posée sur son estomac vraisemblablement vide, il laisse son regard louvoyer entre les différentes viennoiseries avant de nous détailler chacune notre tour. Je me lève au moment où son attention tombe sur moi et me précipite directement dans ses bras. Un hoquet de surprise lui échappe tandis que je l'étreins contre moi. Je ferme uniquement les paupières lorsque je sens ce sentiment de bien-être parcourir mon système nerveux.

Il est là, toujours là et surtout en vie. Il respire, il bouge. Son cœur bat contre le mien. Je crois même entendre son petit rire résonner dans mon oreille. Il va bien. Et même mieux que je l'imaginais. Je serre plus fort ma pression au niveau de son cou, il m'imite en plaçant ses doigts dans mon dos.

—     Oh mon petit chat, je me suis tellement inquiétée pour toi, si tu savais...

Il tremble contre moi en réponse, je décide alors de le relâcher avant de l'étouffer encore plus. Ses yeux bleus m'examinent tendrement pendant qu'il rabat plusieurs mèches derrière mes oreilles. Les larmes aux yeux, je me laisse faire en essayant de deviner son état d'esprit actuel.

—     Comment tu te sens ? lui demandé-je.

Il regarde par-dessus mon épaule avec un petit sourire avant de me répondre.

—     Je crois que ça va.

J'effleure doucement son visage pendant que j'examine les griffures présentes sur sa joue. Il ne les avait pas avant qu'il ne se confronte à Alex et dans le noir, je n'avais pas remarqué ce genre de détail lorsqu'il s'était remis de son malaise. Son nez est toujours rouge et gonflé, mais ce n'est que l'étrange résultat de sa discussion avec Chrys. Bien sûr, elle ne l'a pas frappé : il s'est juste mangé une porte selon ses dires. Je me demande comment il a fait son compte, mais cette blessure de guerre n'est pas trop méchante au premier coup d'œil.

—     Tu as bien dormi ? m'enquiers-je après avoir terminé mon inspection.

Il acquiesce avec un sourire en coin. Je ne suis pas née de la dernière pluie pour savoir à quoi il pense : la nuit qu'il a passée avec sa belle dulcinée lui a fait sûrement beaucoup plus de bien que je l'imagine. Je lui propose alors :

—     Tu as faim ? J'ai acheté des viennoiseries à la boulangerie avant de passer avec Adé.

—     J'ai la grosse dalle, Emie, me répond-t-il après avoir regardé derrière moi. Mais je crois qu'il me faut un médoc. Ma tête va exploser si ça continue.

Je le considère rapidement avant de hocher le menton. Je me dépêche de me rendre jusque dans la salle de bain pour prendre l'antalgique en question avant de revenir sur mes pas. Raff s'est déjà installé et on commence à le servir. Il nous jette un regard désorienté tandis qu'on s'occupe de lui. Il avale le cachet avec le verre de jus d'orange que je lui ai préparé, puis dévore le pain aux chocolats qu'il tenait entre ses mains.

Je souris pendant qu'ils s'échangent plusieurs paroles, ne le lâchant pas une seule fois du regard. Je repère ses petits sourires en coin, l'éclat amusé dans ses yeux et surtout les nombreuses œillades qu'il adresse à Chrystal. Je les observe sans rien dire, tout comme Adé semble le faire de son côté, mais je n'en pense pas moins : ils sont tellement mignons, ces deux-là. Je suis tentée de disparaître pour les laisser seuls, seulement je ne suis pas près de partir puisque Maxim n'est toujours pas revenu.

Pas encore.

Il a un peu de retard. Seulement dix minutes selon ce que l'horloge m'indique, mais ça ne fait rien parce que je sais qu'il va bientôt arriver. Le trafic lillois a toujours été dense, surtout le week-end. Il n'y a pas autant de circulations qu'à Paris, mais aux heures de pointe : c'est presque l'apocalypse. Ça klaxonne à chaque coin de rue, les voitures refusent parfois de nous laisser traverser, et lors des feux rouges : on roule pratiquement cul à cul. Ce ne serait pas étonnant si les garçons tardent pour cette raison, d'autant plus que trouver une place de parking se révèle parfois difficile.

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