Pour la vie et jusqu'à la mort (1)

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Média : MGMT - Electric Feel

Emilie

Samedi 22 Septembre 2018

Lille (France), chez Romane.

Ma crise de la veille aurait pu devenir un mauvais souvenir. J'aurais pu y passer outre, j'aurais pu laisser toutes mes appréhensions dans un coin de ma tête et ne plus jamais y songer. Seulement, il semblerait que mes peurs m'ont poursuivie jusqu'au petit matin puisque je n'ai pas arrêté de pleurer et que par la suite j'ai très mal dormi.

La plupart de mes émotions m'ont terrassée quand j'ai craqué devant Maxim, mais la suite a été terrible puisque je me suis effondrée dans ma solitude ; je n'ai pas osé lire le message qu'il m'a envoyé en plein milieu de la matinée, je ne l'ai toujours pas ouvert alors que la journée est passée, je crains le pire en lisant ce qu'il a à me dire. Il doit m'en vouloir, c'est sûr, surtout qu'on a dû l'interroger comme je suis partie comme une voleuse alors que nous étions censés chercher mon dessert.

Mais je ne pouvais pas faire autrement. Si je restais une seconde de plus à cette table, je n'aurais pas donné cher de l'ambiance qui en aurait pris un sale coup. Et puis il faut dire que Perrine me sort vraiment par les trous de nez, elle parle beaucoup trop et sa voix insupportable me fait frissonner d'horreur. Non, il est clair que je ne peux pas la tolérer, alors le mieux que je pouvais faire, c'était de prendre mes distances et de m'en aller.

J'ai conscience d'avoir mal agi avec Max, mais il n'est non plus innocent dans cette histoire. L'arrivée imprévue de ces jeunes filles a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'ai littéralement explosé dans une rancœur qui me grignotait déjà jusqu'à la moelle depuis des jours. J'ai été consumée par des sentiments négatifs qui, jusqu'à hier, ne m'avaient jamais affectée. La jalousie tout comme l'égoïsme ont obscurci mes pensées, pourtant ce n'est vraiment pas dans mes habitudes de réagir ainsi.

Comme quoi, tout peut arriver...

Je regarde sans grand intérêt le grand salon de Romane se transformer peu à peu en une salle de fête. Les préparatifs de sa soirée d'anniversaire m'ont poussé à venir lui apporter mon aide, mais en réalité je suis surtout venue pour ne pas me perdre davantage dans mes pensées. J'ai installé la table de ping-pong dans le jardin avec un de mes camarades puis j'ai essayé de bouger le canapé sans grand succès. Le père de mon amie est intervenu et à deux nous avons réussi à le coller contre le mur.

Etonnamment, ses parents ne semblent pas du tout inquiets par les possibles répercussions qu'une telle soirée peut engendrer. Ils ont préparé une énorme marmite de punch la veille et ils ont le sourire facile alors que nous vidons au fur et à mesure leur pièce à vivre pour en faire une plus grosse piste de danse.

Je m'occupe par la suite d'ordonner la cuisine avec Romane, qui est ravie de me montrer son énorme gâteau d'anniversaire qui se trouve au réfrigérateur. Je l'admire pendant qu'elle m'explique à quel point une telle merveille coûte un bras et rigole à chacune de ses blagues. Ça me fait un bien fou de parler à quelqu'un, même s'il ne s'agit pas de mes meilleurs amis. J'ai passé une journée entière à travailler et à m'en faire pour eux, la soirée tombe à pic et j'espère que ça me changera les idées.

Je me suis déjà apprêtée pour ce soir. J'ai enfilé un débardeur noir, où les bretelles et le col sont ornés d'une fine dentelle opaque, et un mini-short en jeans. J'ai pensé à mettre des collants résilles pour agrémenter ma tenue et une paire de basket rose fuchsia pour apporter une touche de couleur. J'ai amené ma veste en jeans pour la route, mais je l'ai laissée sur un porte-manteau dès mon arrivée. Je ne me suis pas trop pris la tête, j'ai juste mis quelque chose d'assez confortable pour ne pas me sentir mal à l'aise.

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