Fidélité et Amour (2)

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— Allez, putain, m’encouragé-je en sautillant sur le perron de la maison, où je suis bloqué depuis deux bonnes minutes. C’est le tout dernier pas, connard, nique pas tes chances pour ce soir !

Je fourrage mes mains dans ma chevelure et dandine un pied sur un autre, mal à l’aise.

Je suis en panique totale depuis que j’ai réussi à repérer la baraque d’Adélaïde malgré l’obscurité, et maintenant que je suis à quelques mètres de mes meilleurs amis, je sens mon courage me quitter tout-à-coup. Ma culpabilité vient m’assommer à coup de pied et ma peur, elle, me propose de tourner les talons et courir comme un cinglé pour rejoindre la bouche de métro la plus proche. Je me tape plusieurs fois le front, bien décidé de ne pas écouter tous ces ressentiments qui s’invitent progressivement dans mon esprit.

« Et s’ils ne veulent pas de moi ? Et s’ils m’en veulent toujours ? me souffle mon angoisse en se tirant les cheveux. Et si je reste seul toute ma vie ? »

— Ferme ta gueule, connasse et laisse-moi gérer.

Parce que le courage ne se résume pas uniquement de se confronter à n’importe qui, il prend une tout autre dimension lorsqu’il faut vaincre ses peurs. A cet instant, je me bats contre mes craintes pour récupérer la famille que j’ai choisie d’aimer toute ma vie. Je sais que ça va être simple pour Raffael puisqu’il m’a déjà soufflé qu’il ne m’en voulait pas, samedi dernier. En revanche, avec Emilie, c’est une toute autre histoire puisque je sais que je l’ai beaucoup déçue et blessée. Je vais ramer à mort avec elle, mais c’est un défi que je relève malgré tout, parce que je suis plus que déterminé à retrouver sa confiance, coûte que coûte.

Je prends une énorme inspiration et appuie sur la sonnette avant que l’hésitation ne m’assaille à nouveau. Mon cœur pulse plus vigoureusement dans ma poitrine, mon ventre se contracte d’appréhension. Je bouge encore plus pour réguler au mieux ma nervosité. Lorsque la porte s’entrouvre dans un grincement, je me stoppe dans mes mouvements et observe la personne qui me fait face.

Chrystal écarquille les yeux en me dévisageant. C’est vrai qu’elle ne devait pas trop s’attendre que je sois aussi moche. Mon visage a peut-être dégonflé, mais j’ai toujours un œil au beurre noir et la mâchoire bien bleue. Et j’ai deux entailles peu profondes, sur le nez et sur la bouche.

Bref, je suis dégueulasse aujourd’hui, même si j’ai pris une douche assez longue, que je me suis rasé et que j’ai pris soin d’enfiler des vêtements propres.

— Whaou ! Le mec qui t’a fait ça ne t’a pas loupé, constate-t-elle en reculant de l’entrée.

Je soupire et dégage un peu plus la porte pour me faufiler dans le couloir. Je lui déclare :

— Ce fils de pute avait des bagues.

— Une sacrée force aussi.

— Il avait la haine parce que je lui ai cassé le nez.

— Je veux bien te croire, répond-t-elle avec un mini-sourire.

Je me penche vers elle pour lui faire la bise. Elle ferme l’accès par la suite et me montre le chemin pour me rendre dans la salle à manger, là où mes meilleurs amis se trouvent. Ma respiration tremble sur le coup, j’y suis presque et ce n’est pas le moment de reculer. Je serre les poings pour me donner un peu plus de bravoure et chasse un peu plus loin cette angoisse qui me casse les oreilles.

— Alors, tu l’as retrouvé ce Maxim courageux ? me demande-t-elle en me détaillant de haut en bas.

— Oui…enfin, je crois. Je flippe encore, mais ça devrait le faire.

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