NOUS Envers et contre tout

Tout a changé (1)

Emilie

Samedi 9 Février 2019

Lille (France), dans l'appartement d'Emilie.

A peine sortie de la cabine de douche, j'attrape à la hâte une de mes serviettes pour la fixer autour de ma poitrine. Mes doigts ne cessent de trembler, j'ai un mal fou à la nouer. Je n'ai pourtant pas l'impression d'être restée sous l'eau chaude pendant plus de dix minutes, seulement la différence de température est telle que mon corps réagit instinctivement et me fait grelotter comme si la neige s'était définitivement installée dans ma salle de bain. De plus que sans ma serviette, je suis totalement découverte !

Je m'en dégote d'ailleurs une deuxième pour l'enrouler rapidement autour de mes cheveux. Je serre la mâchoire, le corps toujours aussi tremblotant. Je peine à atteindre mon lavabo alors qu'il n'est qu'à cinq petits pas de ma douche et me dépêche pour passer un coup d'eau froide sur mon visage. Et habituer ainsi tout mon organisme à cette nouvelle température si glaciale. Se laver à l'eau froide paraît insensé dans le fond. Pourtant, ça ne peut pas nous faire du mal. Ça éveille un peu plus nos sens. La peau se raffermit, ce qui est beaucoup plus efficace qu'une simple anticerne. Et puis, c'est bon pour la circulation du sang.

Il est vrai que je ne prends pas énormément de douche glacée, seulement je pense toujours à ce qu'elle soit au moins tiède et m'arroser par la suite le visage d'eau fraiche.

Je me redresse, un essuie-main pressé contre ma peau glacée, et quand j'entrouvre finalement les yeux, je perçois de toute la buée d'humidité qui flotte tout autour de moi. Il y en a tellement qu'on se croirait dans un hammam ! Un hammam sans l'odeur d'eucalyptus et sans la chaleur bien évidemment, sinon, ce ne serait pas drôle...

—     Matt, appelé-je alors que j'entends toujours l'eau de la douche couler, dépêche-toi de terminer de te doucher. Je ne vais plus avoir d'eau chaude si ça continue !

Je l'entends éclater de rire.

—     Tu rigoles, j'espère ? Tu en as plus profiter que moi ! Je suis encore plein de mousse, je te signale.

Je lève les yeux au ciel avant d'utiliser mon essuie-main pour retirer la condensation présente sur le miroir. On dit que prendre une douche à deux nous fait économiser de l'eau, mais j'ai plus l'impression que c'est l'effet inverse qui se produit puisque Matthieu passe un temps fou à l'intérieur. Je foudroie la cabine du regard avant d'attraper une de mes lotions pour le corps. Et alors que je commence à l'étaler sur le long de mon bras, je l'entends enfin couper l'eau.

—     Ah bah enfin, il était temps !

Il se remet à rire, puis il sort à son tour de la cabine, nu comme un ver. J'aurais pu le mater bien comme il faut, comme n'importe quelle petite-amie en somme, seulement, tout ce que je remarque à cet instant, c'est qu'il est en train d'inonder ma salle de bain.

—     Mais prends une serviette à la fin ! Tu es en train de foutre de l'eau partout !

—     T'as pas fini de râler ? J'ai l'impression d'entendre ma mère.

Je fronce les sourcils, vexée par sa comparaison. Je braque le cou vers ce dernier pour le fusiller une nouvelle fois du regard, il le remarque aussitôt, mais ça le fait plus rire qu'autre chose.

—     Ça aussi, on dirait ma mère. Détends-toi un peu, Emie, ce n'est que de l'eau ! Pas de quoi en faire un drame !

Il s'avance vers moi, toujours aussi dénudé. Je retourne à mon occupation et continue d'étaler ma crème hydratante sur mon autre bras. Je m'efforce de l'ignorer lorsqu'il passe derrière moi, seulement lorsque ses mains viennent capturer ma taille pour plaquer mon corps contre le sien, ça devient impossible de le snober.