chapitre 21 : le requin.

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- t'es sûre que t'es bien la reine des gâteaux aux chocolats ?

Isabeau enfourna un autre morceau de gâteau -celui de son père de toute évidence puisque ceux d'Amalys ressemblaient à tout sauf à un gâteau- en avisant la masse informe et cramée d'où s'écoulait un liquide épais et marron chocolat. Amalys grimaça avant de sauter de son tabouret et de se saisir dudit gâteau pour le jeter à la poubelle.
Stephen la regarda faire sans dire un mot. Elle semblait sereine et pas du tout apeurée, ce qui lui plût énormément même s'il savait qu'elle faisait semblant et ce, à cause d'Isabeau.

    - non ma puce. J'ai oublié la recette.

    - dans ce cas c'est papa le roi des gâteaux aux chocolats ! 

    - et heureusement qu'il était là pour rattraper le coup. On a un super gâteau au chocolat grâce à ton papa.

    - c'est toi le meilleur papa. Je t'aime.

    - moi encore plus mon cœur, lui répondit Stephen tendrement.

Amalys se lécha les doigts en les observant. C'était si déroutant pour elle de voir cet homme imprévisible si doux avec sa fille et si violent avec elle qu'elle en fût troublée. Et c'était encore plus difficile pour Amalys de faire comme si tout allait bien alors que ce n'était pas le cas. Derrière son sourire et sa bonne humeur, se cachait une très grande peur et si ça n'avait pas été la présence d'Isabeau dans cette cuisine, Amalys se serait très certainement saisie du petit couteau qui traînait sur le plan de travail pour pouvoir tenter quelque chose contre son kidnappeur.
Seulement, hors de question pour elle de causer autant de torts à cette jolie petite tête blonde.
Amalys se souvint de la façon dont elle "idolâtrait" carrément son père. C'était son héros et ça, personne n'aurait pu la faire douter de ce qu'elle pensait de lui.

Bien évidemment, la situation était différente. Son père à elle, Nil Dawson était un homme respectable, un avocat irréprochable et un père dévoué, pas un kidnappeur manipulateur au double visage.

La jeune femme n'y tint plus et quitta la cuisine en toute hâte. Se souvenir de son père en de pareil moment avait réveillé une vieille cicatrice qu'elle croyait refermer à tout jamais.
Dans sa chambre, Amalys versa quelques larmes pour son défunt père avant d'être immédiatement rejoint par Stephen qui s'étonna de la voir pleurer.
Prise sur le fait, elle sécha ses larmes rapidement, sans prendre la peine de lui adresser la parole.

   - crois pas m'attendrir avec ces larmes de crocodile.

Amalys poussa un râle d'exaspération en levant les yeux au ciel puis se tourna vers lui, le regard mauvais.

    - j'ai pas oublié ce que t'as tenté de faire ce matin, et en te servant de ma fille en plus !

    - ah tiens ! Si on en parlait de ta fille ! Tu comptes lui sortir quel autre mensonge encore à mon sujet ? Amalys est malade, elle n'a pas le droit de téléphoner, elle n'a pas le droit de sortir, elle n'a pas le droit d'aller au toilettes toute seule ?! Et puis quoi encore ? Amalys est folle !? C'est le dernier mensonge que tu lui sortiras quand tu seras à court d'idée ? !

    - je te conseille de baisser d'un ton Amalys, siffla t-il mécontent en refermant la porte derrière lui. 

    - quoi t'as peur qu'elle entende c'est ça ?

A une allure folle et sans qu'Amalys ne le vit venir, Stephen se précipita sur elle avec la ferme intention de la bâillonner. Une main derrière sa nuque et l'autre contre sa bouche, il renversa sa tête en arrière brutalement, la faisant presque s'arquer.

Dans ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant