chapitre 40 : pressentiment

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— C'est tout ?

Assise sur sa chaise, Amalys hocha la tête de gauche à droite en guise de réponse. Après ce qu'elle venait d'avouer à Dwayne concernant Stephen, elle n'osait plus le regarder dans les yeux. Son garde du corps marchait de long en large et tournait parfois autour d'elle comme un policier le ferait lors d'une interrogation.

Le beau brun était parvenu à lui faire cracher le morceau sans violence ni pression. Il s'était montré bienveillant et avait su lui faire comprendre que c'était pour son bien, qu'ils agissaient dans son intérêt, ainsi que pour la protéger et qu'elle se devait de lui dire tout ce que ce truand avait en tête la concernant. Amalys l'avait vite compris et c'était donc mis à lui raconter ce qu'il s'était passé dans la chambre d'hôtel avec Stephen, sans même omettre la scène du baiser. Dwayne faillit devenir fou en entendant cela, mais dû prendre sur lui pour ne pas l'effrayer et la braquer.

Amalys lui avait tout dit, sans se départir de la honte qui l'avait étreint tout du long, à l'exception bien sûr de cette histoire de vidéo où on la voyait tuer un homme, l'ex sénateur en personne.

— Qu'est-ce que tu ne me dis pas Amalys ?

— Il a quelque chose contre moi. Une chose qu'il menace de rendre publique si je ne lui ramène pas Isabeau.

— Qu'est-ce qu'il a contre toi ?

En y repensant, Amalys se mordit la lèvre. Son cœur se souleva et elle eût l'impression de s'enfoncer dans le sol. Plus elle y pensait  et plus son malaise s'accentuait, lui procurant des sueurs froides.

— Amalys, parle moi.

Les yeux larmoyants, elle prit une grande inspiration en essayant de se sortir la scène d'horreur qu'elle avait dans la tête. Dwayne prit place en face d'elle pour paraître moins intimidant et prit ses mains dans les siennes après avoir dégagé les mèches de cheveux qui lui tombaient sur le visage.

Sa douceur atténua en partie son trouble. Elle osa ancrer son regard dans le sien. Son fiancée put voir toute la souffrance et les maux qui en découlait. La peur s'empara soudainement de lui. Dwayne appréhenda ce qu'elle se gardait de lui dire. Était-ce si grave ? Quel autre horreur Stephen avait bien pu lui faire vivre ? Comment pouvait-il se permettre de s'en prendre à une jeune femme comme elle ? Elle était si douce et innocente, alors comment ? Pourquoi ? Pourquoi la tourmenter ?

La colère substitua à la crainte. Il ressera ses mains sur les siennes, lui insufflant le courage nécessaire dont elle avait besoin pour lui avouer l'inavouable.

— T'es forte Amalys. Résiliente. Tu as fait preuve de beaucoup de courage au cours de ces derniers mois pour t'en sortir. Je suis fier de toi. Tellement fier. Stephen ne fera rien et crois moi quand je te dis qu'il ne t'aura pas cette fois. Je vais le mettre en prison et à vie, mais tu dois m'aider. Tu dois tout me dire. Ne le laisse pas te manipuler de la sorte. C'est immonde ce qu'il fait, tout ce qu'il y a de plus malsain et tu le sais. Je t'interdis de le croire quand il dit que ce qu'il y a entre vous c'est normal. Il n'y a rien de normal dans tout ça.

— Il a dit que je n'étais plus complètement blanche et que tu ne m'aimerais plus quand tu le saurais. Que lui seul était capable de m'aimer avec mes vices.

— Pas complètement blanche ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

Amalys déglutit avec difficulté. Sans plus aucune autre alternative et obligée de dire la vérité, elle se jeta à l'eau.

— Un jour, il est venu me chercher dans la cave. Il m'a emmené dans une chambre toute blanche et il m'a demandé de me doucher. Ce que j'ai fait. Quand je suis revenu dans la chambre, il y'avait quelqu'un d'autre avec lui. C'était Mitchell. Il m'a regardé d'une façon perverse que je n'ai pas apprécié et a dit que j'allais morfler comme toutes les autres.

Dans ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant