𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟕 : 𝐕𝐢𝐫𝐚𝐠𝐞 𝐧é𝐠𝐨𝐜𝐢é

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« A compter de la signature, monsieur Ezra John Ailean Edge s'engage à prendre à sa charge tous les frais scolaires et médicaux de l'enfant susmentionné. Dans un premier temps, deux pourcents d'actions de la maison d'édition Edge seront transférés au nom de l'enfant. Un compte épargne alimenté mensuellement lui sera ouvert, accessible à la majorité américaine. Deux comptes courants seront également ouverts, l'un au nom de l'enfant et accessible à ses seize ans, l'autre au nom de la mère, approvisionné d'une rente mensuelle accessible dès le contrat de mariage signé. Que madame Edge vive sous le même toit que monsieur ou pas, le montant sera identique. »

S'en suivit un détail chiffré de chaque transaction. Des chiffres à donner le tournis. Assez littéralement pour qu'Élise se sente mal en fixant le visage poupon de l'homme de loi qui débitait tout ça sans afficher la moindre émotion. De l'autre côté du bureau, Ezra écoutait en suivant sa propre copie, prenait parfois une note de correction ou d'ajout à soumettre. Il peaufinait les détails.

« Attendez, maître, intervint Lewis depuis les ombres berçant le canapé de cuir. Ça va Élise ? » Elle sursauta à son prénom, l'air hagard. « Vous voulez un verre d'eau, ou quelque chose ?

— Non. Je... Je crois que j'ai besoin d'aller prendre l'air, ânonna-t-elle en se levant sur ses jambes cotonneuses.

— C'est presque fini, Liz, dissuada Ezra. Tu prendras l'air dans cinq minutes. »

Lewis lui jeta un regard fâché : « Tu recommences à te conduire comme ton père. »

Ezra serra les dents : ce n'était pas un compliment. « Bien ! céda-t-il. On reprend dans un quart d'heure. »

La jeune femme sortit de l'étouffant bureau avec la vague envie de vomir.

« T'as pas envie de lui simplifier les choses ? argua le jeune cousin.

— Elle doit savoir ce qu'elle signe, répondit distraitement Ezra en poursuivant sa lecture.

— Tu vois bien qu'elle se fiche de ce pognon. Je parie qu'elle n'y touchera jamais.

— Elle va perdre son boulot, il lui faut un revenu sûr. » Puis à l'adresse de l'homme sans âge : « Mettez la moitié en bons d'épargne. Et-...

— Ezra ! » Son cousin se retourna vivement, enfin concentré sur lui. « Elle est complètement perdue. S'il te plaît, parle avec elle en être humain. Ou mieux : abandonne cette idée de mariage.

— Pourquoi je f'rais ça ? C'est tout bénef' pour tout le monde. »

Lewis soupira. « C'est qu'une gamine, E-zy.

— Toi, t'es un gamin. Elle, c'est une femme. Et elle sait très bien où sont son intérêt et celui de Valentin.

— Vraiment ? fit-il tristement. Parce que moi, je sais déjà qu'elle ne sera jamais heureuse dans ces circonstances. »

L'homme le dévisagea, contrarié tant par les propos alarmistes que par l'air sincèrement peiné de son cadet. La pointe perfide d'un sombre sentiment rendait l'attitude du jeune homme suspicieuse à ses yeux. Il allait mettre cruellement fin au débat lorsque la jeune femme poussa la porte. Il jeta une mise en garde silencieuse à Lewis tandis qu'elle reprenait timidement place.

« J'ai des questions.

— Je suis là pour ça, miss, approuva le représentant.

— Oui... Mais elles seraient davantage destinées à Ezra. Des questions d'ordre pratique hypothétiques.

— Vas-y, invita-t-il en croisant les doigts sur le dossier. »

Elle prit le temps de se rassembler avant de planter les yeux dans ceux bleus. « S'il n'a pas envie ?

L'Étui Vide [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant