𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟐 : 𝐎𝐛𝐣𝐞𝐜𝐭𝐢𝐟 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐝𝐢𝐱 𝐩𝐢𝐞𝐝𝐬

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« Je vais partir aujourd'hui, vous précéder à Atlanta ; commencer à préparer le gala. » Lewis, le bras en écharpe, se tenait devant le lit de son cousin. Ce dernier opina simplement sans poser de question. Parce qu'il comprenait parfaitement la colère qui se reflétait dans les yeux de son cadet.

En temps normal, Ezra serait resté alité durant une semaine, à se complaire et se lamenter dans les résonances des déchirements provoqués par ses nerfs. Il n'y resta pas deux jours.

Après le passage éclair de Lee et son regard accusateur, il ne pouvait plus rester statique, à refouler la nausée causée par sa bassesse, à fixer la chaise passablement inconfortable qu'avait occupée Élise. L'odeur qui régnait dans la chambre était la sienne. S'ajoutait celle épicée du baume du tigre dont le pot était resté sur la table de chevet.

En la découvrant au sortir de sa douleur fiévreuse, il avait été confus d'être surpris dans cet état affaibli et avait réagi comme un con. Et il avait encore plus mal réagi en voyant Lewis la toucher. Il n'avait pas compris. Il ne comprenait toujours pas, d'ailleurs !

Si Élise se fichait de ce qui pouvait faire ou lui arriver, pourquoi avait-elle personnellement veillé à soulager sa douleur ? Lee avait raison : personne ne se dévoue ainsi par possible sympathie.

Ils devaient s'expliquer pour qu'il puisse racheter sa conduite. Ils ne pouvaient pas continuer à être à couteaux tirés, à jouer au chat et à la souris.

C'est sur cet objectif fixé qu'il se prépara à descendre. Il avait encore mal, boitait, et était tendu comme un piquet, mais il parvenait à marcher et c'est tout ce qu'il demandait.

Il croisa son régent qui lui apprit que femme et enfant se trouvaient encore attablés en cuisine. Il les y trouva seuls, riants. Il se sentit aussitôt plus léger.

« Oh, capitaine ! » Le petit bondit sur ses pieds dès qu'il l'aperçut et se jeta pratiquement pour lui étreindre la taille. Ezra eut le souffle coupé sous le double choc (physique et émotionnel). « Doucement, Val, mit en garde sa mère.

— Bon retour à bord, capitaine ! »

Il tapota gauchement le dos de l'enfant qui se recula en souriant de cette façon signifiant qu'il n'était pas aussi contrit qu'il aurait dû. « C'est moi qui ai été chercher les plantes dont maman avait besoin !

— Merci, little one, fit-il avec sincérité. Jamais je n'aurais été si vite sur pieds sans vos bons soins. »

Il avait sa grande main posée sur les cheveux de Val, mais c'est Élise qu'il regardait pour adresser sa reconnaissance. Elle cachait la moitié de son visage derrière son mug de café. Pas assez pour dissimuler les marques évidentes de sa fatigue. Elle non plus n'avait pas encore récupéré.

« Tu manges avec nous ? » invita le petit. Il lui prit d'emblée la main pour l'entraîner vers la table. « Maman fait de l'omelette le samedi. » Samedi ? Ils étaient déjà samedi.

Il se trouva d'autorité assis devant une assiette que l'enfant remplit d'œufs parfumés et de toasts. Ezra l'observa faire entre amusement et perplexité avant d'être lui-même la cible de l'attention. Val attendait visiblement qu'il mange. Il prit la fourchette et piqua un morceau au hasard. Le gosse gloussa comme d'une bonne blague. « Quoi ?

— Pas comme ça ! » Il beurra un toast et poussa une partie de l'omelette dessus. « Comme ça.

— T'es sûr qu'il y a assez de graisse ?

— Tu veux ajouter l'autre toast beurré par-dessus ? proposa-t-il en faisant mine de ne pas comprendre l'ironie.

— Je risquerais l'AVC, non ?

L'Étui Vide [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant