[Se situe entre le chapitre 40 et l'épilogue]
Élise se glissa sous les draps agréablement tiédis. À demi assise contre la tête du lit, elle se massait distraitement les mains pour finir d'y répartir sa crème hydratante. L'odeur proprette d'ambre blanc détourna l'homme de sa lecture. Les iris bleus restèrent accrochés à la page imprimée ; l'esprit derrière, lui, se focalisa sur son épouse.
Elle retira la pince retenant ses cheveux. Le chignon se déroula sur sa nuque.
C'était son signal : Ezra tendit la main, l'air à peine distrait de son livre. Incessamment, la jeune femme posa l'attache dans la grande paume. Il l'accrocha à sa lampe de chevet tel qu'il l'avait fait à leur retour à Blackedge House ; tel qu'il le faisait chaque soir où il gagnait leur lit avant elle, même ici à Atlanta. Un rituel dont Ezra chérissait la saveur intime.
Les doigts délestés d'Élise disparurent dans les boucles lâches qu'ils éparpillèrent sur ses épaules. Durant un instant, son mari ferma les paupières pour apprécier le dégagement de parfum de la chevelure. Ça le faisait immanquablement frémir. Davantage ce soir : le frisson coutumier continua sa route vers ses reins, et gravit son ventre. Sur son passage, son bas-ventre s'échauffa.
Putain, qu'ça faisait du bien !
Sans mettre rigoureusement sa verge en érection, il se délecta du plaisir de la diffusion d'un désir qu'il n'avait plus ressenti depuis des mois. Rien à voir avec les branlettes purement physiologiques qu'il s'était coltinées après que la jalousie lui ait fait perdre la tête.
Évidemment, il était hors de question de stimuler cette vaguelette dans l'espoir de la commuer en ressac. Il retint un rire : quelle comparaison de béotien ! Digne des pires métaphores de baseball !
Sourire aux lèvres, il contempla sa femme s'enfoncer sous la couette, se caler douillettement sur son oreiller. « J'éteins ma lampe ? proposa-t-il à mi-voix.
— Elle ne me dérange pas, assura-t-elle en lui rendant regard et sourire. »
Il opina et se pencha vers le doux visage. Élise se dressa juste assez pour indiquer son consentement. À son bonheur, elle ne refusait plus ses baisers ou ses étreintes. Elle les recherchait même, occasionnellement.
« Bonne nuit, ma chérie. » souffla-t-il juste avant de parcourir le reste du trajet vers les lèvres tentatrices. Il les embrassa à deux reprises. Trop sensuellement. Son envie était un peu trop évidente. On aurait présumé qu'il allait la renverser sous lui pour moins que ça.
Il s'écarta pour ne pas laisser planer le doute.
« Bonne nuit. » renvoya-t-elle doucement. Malgré la pâleur des lueurs de la chambre, la roseur de la jeune femme était manifeste. Ezra se redressa et retourna aussitôt à son livre en lissant son expression. Il se devait de signifier ses intentions de la même façon qu'elle avait la bienveillance de lui offrir ses autorisations : non, il ne comptait pas lui mettre la pression ; non, il ne lui ferait pas subir son désir ; oui, il attendrait – toute sa vie s'il le fallait.
Lorsqu'il tourna un œil vers elle un chapitre plus tard, elle était en passe de s'endormir. Il ne se gêna plus pour la contempler tout son saoul. Bordel, il n'en revenait pas d'en être là ! Elle avait tant accepté ! qu'il avait peur d'y croire avec légitimité.
Elle avait accepté ! Non seulement ses marques d'affections, mais de le suivre à la résidence principale et d'en faire leur domicile officiel ; de visiter les écoles avec lui et d'y inscrire Valentin ; d'envisager d'invalider le contrat qui les séparait par un qui les fédère.
Elle faisait tout son bonheur !
Tout sourire et gaieté au cœur, il reporta l'attention sur le roman. Il lit encore une bonne heure avant de décider de rejoindre sa moitié dans les bras de Morphée. Le temps nécessaire à oublier toute idée de ressac.
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L'Étui Vide [Terminé]
RomanceEzra ne passait déjà pas une bonne journée avant que ce malheur de comédie ne lui tombe dessus. Son conseil d'administration lui mettait la pression, et il risquait à présent d'être en retard à la répétition du mariage de sa demi-sœur. Il regrettait...