Comme l'éditeur l'avait deviné en apprenant que le manoir était toujours alimenté en électricité, le domaine n'avait essuyé qu'une série de vents violents. Un simple avant-goût de ce qui était annoncé par les vieux écossais du village et amoindri par les météorologues. Or, il était plus enclin à croire sur parole les plus anciens ! Fort heureusement, le contremaître aussi.
L'homme ne rechigna pas à houspiller ses ouvriers pour parachever l'ouvrage dès le jour suivant les aquilons qui avaient tant inquiété l'enfant de la maisonnée. Pour le second jour d'affilé, le domaine était animé par le crissement des scies, coups de marteaux, et interpellations des hommes de métiers.
Ezra avait passé la matinée à superviser ses demandes auprès du chef de chantier, tandis que, Colin, son régisseur, gérait les palefreniers venus en renfort pour garantir la sécurité des infrastructures et le bien-être des animaux.
Il avait ensuite charbonné en télétravail avant l'heure de la balade quotidienne, tant pour rattraper le temps perdu que pour gagner celui à venir. Jusqu'à ce que Colin l'avertisse de l'arrivée du maréchal-ferrant : il avait promis à son fils de le retrouver pour assister au travail de l'artisan.
Le PDG conclut rapidement l'échange avec le comptable, et alla embrasser la tempe indifférente de son épouse. « Je serai aux écuries avec Val. » lui dit-il. Invariablement.
Il quitta ses appartements en se questionnant. Ne devrait-il pas cesser d'être trop pressant envers la jeune femme ? N'était-il pas en train de l'étouffer sous ses marques d'affection ? S'il avait bien surpris son regard peser sur lui et qu'il avait pu lui arracher quelques mots, elle s'était ensuite refermée sur elle-même. Une fois le soleil revenu, la situation n'avait pas bougé d'un pouce.
Albine lui avait dit de se montrer présent. Mais à quel point ? Que faisait-il de travers ? Puisque rien ne changeait, c'est qu'il faisait quelque chose de travers, non ?
Devrait-il l'emmener ailleurs ? Passer la saison dans un climat plus chaud ? Prendre rendez-vous chez un psy ? Organiser une diversion ?
« Tu es en colère ? »
Arraché à ses pensées, Ezra focalisa le regard sur l'enfant qui l'attendait sagement à l'entrée de l'écurie. « En colère ?! Non, je ne le suis pas. Je devrais l'être ? questionna-t-il, pince-sans-rire, en remontant l'allée de boxes à sa hauteur.
— Je ne sais pas. Je n'ai pas fait de bêtise en tout cas. Je crois, fronça-t-il les sourcils de réflexion. Non, non : pas de bêtises.
— Alors pourquoi cette question ? J'ai l'air en colère ?
— Maman a l'air de le penser... »
L'éditeur fit aussitôt face à Val. « Comment ça ? » Le petit prit le temps de redresser ses lunettes du bout de l'index avant de répondre : « Ce matin, elle... » Il leva les yeux vers l'homme qui attendait impatiemment quels indices lui permettraient d'apaiser sa chère et tendre. Il hésitait. « Dis-moi, mate...
— Elle regardait souvent la porte comme si elle avait peur que tu n'entres. Et quand tu es là, elle te jette tout le temps des regards. Elle s'attend à ce que tu sois en colère. Papa était toujours en colère. »
Bon dieu de putain de bordel de merde !
Ezra posa un genoux au sol pour accrocher un regard d'égal à égal. « Jamais – Tu m'entends ?! – Jamais ! je ne ferai consciemment de mal à Maman. Jamais je ne lèverai la main sur une femme, pas même sous le coup de la colère. Et pour ce qui est de mots durs, j'ai appris la leçon et j'espère ne plus jamais lui faire de la peine comme je lui en ai fait. »
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L'Étui Vide [Terminé]
RomanceEzra ne passait déjà pas une bonne journée avant que ce malheur de comédie ne lui tombe dessus. Son conseil d'administration lui mettait la pression, et il risquait à présent d'être en retard à la répétition du mariage de sa demi-sœur. Il regrettait...