𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟖 : 𝐇𝐮𝐦... 𝐝𝐢𝐬𝐭𝐞𝐧𝐝𝐮𝐬...

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Outre les affres de sa vie, ses emplois au service des clients et à la gestion d'un personnel avaient confronté Élise à des situations rocambolesques ou parfaitement horrifiantes. Cela l'avait forgée à dominer un état de stress qui pétrifierait bien des gens. Il en faut des nerfs ! pour administrer des employés incapables de se supporter, empêcher un suicide depuis le toit de l'hôtel, ou gérer le cadavre d'un homme décédé en plein acte avec une femme qui n'est pas la sienne.

Aussi était-elle sereine cet après-midi là. Dans une certaine limite, du moins. En surface, elle était d'une égalité d'humeur olympienne ; intérieurement, elle tremblait à l'idée du territoire inconnu qui l'attendait.

Une boucle d'oreille à la main, Élise se figea d'une pensée aussi surprenante que futile. Venait-elle réellement de se rassurer de la présence d'Ezra pour affronter la soirée ?! Quelle idée ! Il était celui qui la mettait dans cette situation.

Elle secoua la tête : non, elle était injuste. Il ne l'avait pas forcée à signer, n'est-ce pas ? Ils étaient dans le même bateau, à présent. Elle ne pouvait pas lui reprocher de suivre son agenda. C'était prévisible. Elle aurait même pu le remercier de l'opportunité d'expériences qu'elle n'aurait jamais imaginer effleurer. Si elle refusait de se reposer sur lui, elle était contrainte à se laisser diriger à la découverte du monde avec lequel il s'était familiarisé. Il était passé par là, lui aussi. Elle espérait qu'il ne l'oublie pas une fois à la merci de la foule !

Elle fixa la boucle et se leva, se tournant vers la psyché en lissant la robe sur ses hanches. Sa transformation était aussi fulgurante que celle de la chambre. Toutes deux, autrefois dépouillées, s'ornaient à présent de maquillage raffiné, bijoux luxueux, et tissus fins aux coupes féminines. La touche de sa présence était subtile mais patente. Jusqu'à son parfum nuançant secrètement celui ordinaire mais spécifique à la pièce, dont Ezra se repaissait à chaque fois qu'il y pénétrait.

Quoi qu'en ait dit son mari, Élise avait préféré ne pas prendre de risque sur le choix de sa tenue. Longue et noire. Fâcheusement, Albine était parvenue à la convaincre d'opter pour une coupe dont le décolleté en V était plus provoquant qu'elle n'aurait voulu. Puis, – chose qui lui avait échappé sous l'éclairage de la boutique – la longueur sur ses jambes se laissait deviner par transparence du velours dévoré. Ça resterait une tenue correcte... jusqu'à ce qu'un rai de lumière révèle l'impudicité.

Elle se mordit nerveusement la lèvre en avisant ses cuisses discernables à la simple clarté des luminaires de la pièce. Sans compter le collier, semblant pointer la direction à suivre entre ses seins. « Merde. » Albine avait bien bossé pour satisfaire aux ambitions de son frère !

Élise inspira. Elle allait se montrer à la hauteur, rassembla-t-elle son courage.

Elle s'empara de la pochette contenant le masque noir et les quelques affaires indispensables à toutes sorties. Dès la porte ouverte, elle se trouva nez à nez avec Alba qui s'immobilisa dans sa course aux cent pas. « Merveilleuse ! s'enchanta-t-elle en l'admirant. Avec ces hauts talons... Merveilleux ! Et tu as pu te maquiller à la perfection, se satisfit-elle en la scrutant de plus près.

— J'ai eu des grandes sœurs, se défendit Liz en reculant avec gêne.

— Ah oui ? Elles doivent avoir bon goût. » La jeune femme détourna les yeux pour ne pas répondre. « Tu as forcé sur le noir autour des yeux, enchaîna-t-elle alors. C'est parfait.

— Merci. »

Alba posa familièrement les mains sur ses épaules pour la regarder bien en face. « Tu vas gérer ! » Élise se permit un sourire entre amusement et reconnaissance. « Allais, j'y vais, décida la demoiselle en la tournant en direction de l'escalier. Je ne veux pas risquer d'être là quand E-zy te verra : je n'ai pas envie d'être témoin de plus que je puisse encaisser. »

L'Étui Vide [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant