𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟓 : 𝐀𝐮 𝐛𝐨𝐮𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐩𝐞𝐢𝐧𝐞

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« Le retour pourrait poser problème, monsieur. » déclara Peter. À peine avait-il posé un pied dans l'avion qu'Ezra poussait un soupir qui venait du cœur. Était-il écrit que rien ne lui serait épargné ?!

Il inspira une bouffée de courage. « Allez-y...

— Le vote de la loi Drugs s'est clôturé il y a une demi heure. »

James remonta l'allée de l'appareil en scrollant sur son téléphone : « Ils sont déjà en train de se rassembler aux pieds des sièges des firmes, informa-il comme s'il poursuivait une conversation engagée plus tôt avec son collègue.

— Dois-je en conclure que la loi n'est pas passée ? interrogea sarcastiquement l'éditeur.

— Plus encore : trois firmes pharmaceutiques ont aussitôt augmenté de dix pourcents le prix de leur vaccin, et des sources révèlent que sept autres ont ordonné la limitation de la production de certains médicaments pour augmenter virtuellement les prix. Leurs actions grimpent déjà !

— Ça va être un carnage ! »

Pour qu'Elvis renchérisse en ces termes, c'est qu'il augurait réellement le pire. Et il connaissait le taux d'exactitude des intuitions de Peter !

James enchaîna : « Le quartier des affaires d'Atlanta est déjà encerclé. Les gens prévoyaient que les Républicains se rangeraient du côté du lobby pour refuser de plafonner les prix des traitements financer par l'État ; ils étaient prêts. Mais la masse grandit de minute en minute et quand les détails seront connus de tous, la foule deviendra belliqueuse. Nous craignons que la Tour Edge ne soit prise pour cible par les opportunistes violents parmi les manifestants. Dans quelques heures, il pourrait même être dangereux de traverser la ville. »

Par-delà l'épaule de Dublis, il voyait Élise assise dans le confortable fauteuil où son fils l'avait patiemment menée, la tête passivement appuyée contre le revêtement de cuir autour du hublot. Le regard perdu sur le tarmac, elle semblait plus vide qu'un grelot. Une vision qui lui broyait la gorge et le cœur.

« Il lui faut du calme. » fit-il sourdement sans dévier les yeux d'elle. Il ne pouvait pas se permettre de diviser la sécurité et son énergie avec une crise populaire.

Heureusement, Alba était rentrée chez elle et Lewis retournait en Allemagne. « Il me reste des choses à régler là-bas, lui avait-il dit. Mais... quand j'aurais fini, est-ce que... je pourrai revenir ? avait-il demandé sur le tarmac, en butant confusément sur chaque mot. » Ezra lui avait mis une tape amicale sur l'épaule et s'était dirigé vers l'escalier du zingue. Il l'avait fait patienter quelques pas avant de prévenir à tue-tête qu'il ne ferait plus office de laverie universitaire. « Oui, grandma ! » lui avait répondu Lee en riant. Ça l'avait amusé jusqu'à ce que Peter ouvre la bouche ! À présent, il se félicitait surtout de ne pas avoir à gérer sa fratrie.

Il reporta son attention sur James. « Je vais faire un communiqué pour que le personnel emporte les manuscrits à l'abri et évacue la Tour. Que la sécurité supervise, et en fasse autant. Je ne veux pas qu'ils risquent leur vie pour des bureaux vides. Inutile de barricader : ça ne ferait qu'encourager les casseurs à passer au travers des défenses.

— Bien, monsieur, agréa-t-il, approbateur.

— En combien de temps pensez-vous que le building puisse être évacué une fois l'annonce faite ?

— Aux alentours d'une heure trente. Deux, si les éditeurs doivent emporter beaucoup de dossiers.

— Tablons sur deux heures. » Il allait les laisser à leur travail, mais se ravisa en considérant son épouse. « Par contre... On oublie Atlanta. On rentre à Blackedge.

L'Étui Vide [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant