𝐁𝐨𝐧𝐮𝐬 - 𝐋𝐞 𝐜𝐚𝐮𝐜𝐡𝐞𝐦𝐚𝐫 𝐝'𝐮𝐧 𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞 : 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒

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Assis à la table de la cuisine, Ezra ne travaillait pas. Il lui arrivait souvent de ne pas y travailler. Pour être davantage en présence de son épouse malgré ses outrancières heures de bureau et les propres occupations de la jeune femme, il s'y installait dés que possible avec son ordinateur et ses dossiers. Généralement, ça finissait ainsi : par lui, oubliant tout ce qui ne concernait pas les mouvements appliqués au-dessus des préparations.

Elle aimait confectionner repas et douceurs pour occuper le temps durant les cours de Valentin ; il adorait, non seulement les manger, mais qu'elle en soit suffisamment accaparée pour ne pas s'offusquer des regards appuyés la détaillant. Pas seulement ses gestes, mais tout ce qu'il pouvait voir ou deviner de son corps. Fascinants et bandants !

Nonobstant, ses considérations actuelles étaient d'un autre ordre que les secousses de la poitrine ou les galbes formés par la contraction des muscles fins. Elles étaient reléguées par les mêmes questions qui accaparaient son esprit depuis sa visite chez l'andrologue.

« Tu as envie de moi ? »

Le fouet se figea avant de reprendre ses mouvements vifs. « Là à l'instant, ce n'est pas ce à quoi je pensais, répondit-elle d'un ton rieur.

— J'veux dire, dans l'absolu. T'est-il arrivé d'avoir envie de moi sans que je ne sois l'instigateur ? Enfin, sans que je l'ai incité de manière explicite. Tu vois ?

— Et bien, j'avais quelques arrières pensées en entrant dans la salle de bain que tu occupais, rappela-t-elle. Que tu occupais à te masturber ! »

Ouais, confirma-t-il intérieurement en opinant lentement. Et ils en avaient conçu un enfant... C'était bien là où il voulait en venir. « Et depuis ? » Considérant la rougeur qui lui montait aux joues, il n'avait pas besoin de préciser sa pensée cette fois. « Liz ? insista-t-il comme elle gardait le silence.

— C'est un sujet embarrassant pour moi, Ezra.

— Je sais, oui. Je te jure que parler des malformations de mes spermatozoïdes ne me tente pas plus que ça non plus, jeta-t-il de sa manière pince-sans-rire. »

Le but fut atteint : la jeune femme rit et sa poigne se décontracta autour de l'ustensile. L'entendre de plus en plus souvent rire de bon cœur était un heureux changement dont il ne se lassait pas. Peut-être parce qu'elle était moins intimidée en sa présence. Peut-être parce qu'ils se connaissaient mieux. Communiquaient mieux. Ou se comprenaient mieux. Peut-être tout à la fois. Ils ne s'étaient rencontrés que huit mois plus tôt, après tout, et avaient dû surmonter les barrages de culture, d'éducation, et même de langue qui les séparaient.

« Oui, ça m'arrive. » avoua-t-elle enfin, non sans se détourner de honte. Il avait craint qu'elle réponde par la positive. Trop tard ! Il avait voulu sa franchise, il l'avait. Même si cela aurait été plus simple si elle avait pudiquement nier son désir pour lui.

À présent, pour faire avancer ses réflexions, il n'avait d'autre choix que de poser les questions réellement fâcheuses. Celles qui lui contractaient la gorge avant même de les prononcer. « Si tu n'avais pas eu la certitude que ça soit impossible, et vu les signes de... » Il ne put finir sa phrase, et espéra qu'elle parviendrait à combler les trous sans l'obliger à le faire. « Qu'aurais-tu fait ?

— Si j'avais compris que j'étais enceinte ? dit-elle avec un détachement qu'il lui envia.

— Oui.

— J'aurais pris rendez-vous chez un gynécologue, et en attendant d'y être, j'aurais fait le grand nettoyage de printemps chez moi. »

Il se plongea dans un mutisme perplexe. Si long qu'Élise quitta sa préparation des yeux. Elle rit doucement. « Ce n'était pas la réponse que tu attendais ?

L'Étui Vide [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant