É𝐩𝐢𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞

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L'éditeur raccrocha l'appel au copilote, et gravit les marches quatre à quatre en empochant son téléphone. Il remonta une partie du couloir. Son poing cogna doucement au battant plein. « Oui ? » Il ouvrit la porte de la chambre : « Tu as fini ?

— Presque ! répondit Valentin dans un grognement. »

Responsable de ce bougonnement, la valise obèse peu coopérative. Bien que l'enfant soit appuyé de tout son poids sur le rabat, la fermeture éclaire refusait d'avancer, ne serait-ce que d'un inch de plus entre ses rails.

« Un coup de main ?

— Non, non, non, non... »

Le refus véhément catégorique haussa le sourcil suspicieux d'Ezra. « Val ?

— Non, vraiment, pas la peine, tout va bien, je vais y arriver.

— Val ? se fit-il plus inquisiteur en l'approchant.

— Toi plus que Maman, j'aurais cru que tu puisses comprendre qu'un garçon tel que moi ait besoin de prendre un peu d'autonomie, débita-t-il dans une piètre tentative de barrage. Comment voulez-vous, vous les adultes, que je puisse un jour prendre mon indépendance dans de parfaites conditions si vous ne me laissez jamais rien expérimenter au risque, il est vrai, de parfois me tromper, et... »

Il se tut et rougit sous la pression des yeux pâles. Ezra n'avait eu aucun mal à ouvrir la valise. Un seul geste avait suffi.

« Tu es sûr de tout avoir ? ironisa ce dernier.

— Grumpf, fit l'enfant pour toute réponse.

— On ne reste à Blackedge House que le temps des vacances, tu sais?! Et on sait tous les deux que tu vas être dehors les trois quart du temps. Inutile d'emporter tous tes jouets.

— Peux pas trier mieux, marmonna-t-il.

— Si tu ne gardais, que ceux avec lesquels tu ne pourrais absolument pas vivre ? »

Valentin releva la tête dans une grimace dépitée, et désigna la valise d'un abrupt geste théâtral. Ezra rigola. « Je ne peux pas lutter, dans ce cas ! reconnut-il. Il te faudrait néanmoins quelques habits pour partir ! rappela-t-il en regagnant la porte. T'as une heure ! » Et d'informer avant de refermer derrière lui : « Y'a un grand sac de sport dans l'armoire près du billard. » Le regard bleu si semblable au sien s'illumina, et disparut derrière le battant.

Le rire à la gorge, l'homme parcourut le reste du couloir jusqu'à la chambre matrimoniale. Il inspira religieusement l'air embaumé du parfum de sa femme en y entrant. Mais la porteuse de l'arôme boisé ne se trouvait pas dans la pièce.

« Tu es prête, chérie ? jeta-t-il.

— Presque, répondit-elle depuis la salle de bain. »

Le ton était pratiquement aussi stressé que celui de leur fils. Il en sourit avec amusement. Ils n'avaient pas encore l'habitude de préparer des voyages, des vacances. Il escomptait rapidement changer ce fait.

Il jeta un regard à la porte l'isolant de son épouse, s'assurant qu'elle était bien fermée, et alla furtivement jusqu'au sac qu'elle avait préparé pour le départ. Le contenu était bien plus modéré que celui de Valentin. Elle aurait difficilement pu faire pire !

Sur le dessus, le maillot de bain d'Élise nargua son œil. Elle n'était visiblement pas découragée par le climat marin d'Écosse. L'idée de pouvoir la réchauffer sur la plage ne le rebutait pas non plus ! Il fallait qu'il lui fasse découvrir les eaux turquoises des îles nationales...

Ses doigts effleurèrent amoureusement la soie blanche qui dépassait du côté de l'empilement. Elle emportait définitivement ce qui plaisait à ses yeux ! Durant une seconde, l'envie de vérifier s'il connaissait déjà la nuisette le frôla. Autant garder la surprise. Et éviter de se faire griller !

L'Étui Vide [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant