L'Étui Vide [Terminé]

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟐 : 𝐅𝐚𝐮𝐭𝐞 𝐟𝐥𝐚𝐠𝐫𝐚𝐧𝐭𝐞

Ezra avait promis à Val qu'il en aurait pour une heure et il comptait tenir cette promesse. Mais pas au prix de sa vie ! Il était en rage, certes, néanmoins assez lucide pour ne pas conduire lui-même dans cet état. C'est là qu'Anaïs Hugh entrait en jeu. Pied au plancher, l'as du volant faisait son office.

« Vous avez parlé à votre cousin, monsieur ? »

La main crispée sur la poignée de maintien, l'éditeur tourna son attention sur Peter et sa phrase sortie de nulle part. « Pour quelle raison l'aurais-je fait ?

— Vous assurez qu'il allait bien, fit-il en haussant les épaules.

— Il allait très bien à Berlin, rappela-t-il.

— Des choses se sont produites depuis... »

L'œil aguerri de l'agent épiait ses réactions. Lee était le dernier sujet qu'Ezra voulait aborder en ce moment. Il l'avait blessé en toute conscience, exploité ses faiblesses. Il avait pratiqué le genre de plaie qui devenait rapidement purulente chez lui. « J'ignore ce que Dublis vous a donné comme instruction, fit-il, mais je vous conseille de ne pas tâter trop fort, Elvis. »

Les deux hommes resserrèrent leur prise sur les poignées sky le temps d'un virage serré avant que Peter n'agrée d'un « Bien, monsieur. » aussi peu soumis qu'un chien atteint de la rage. Il avait beau ne pas avoir les compétences militaires du reste de l'équipe, il n'était pas né de la dernière pluie. L'expérience humaine dans la police lui conférait une force unique parmi les gardes. Il laisserait tomber pour le moment, en sachant que quelque part, il était parvenu à interpeller son patron.

La voiture se gara en une manœuvre et le moteur s'arrêta dans une dernière convulsion. Ezra n'attendit pas une seconde pour sauter hors de l'habitacle. Ses muscles parcourus d'adrénaline n'auraient supporté aucun délai.

Après l'avoir vu se traîner maladivement durant des semaines, Peter fut pris de cours. Le temps d'un instant loufoque, il croisa le regard d'Hugh aussi étonné que le sien. Ils bondirent d'un bel ensemble à la suite du boss.

Au milieu de la circulation densifiée à l'approche du "couvre-feu saisonnier", les gardes du corps galérèrent à le rattraper. Il était déjà parvenu à se faire ouvrir la porte de l'immeuble (À moins qu'il ne l'ait défoncée !?), avec, heureusement, assez de violence pour que le blount mette du temps à jouer son rôle. En se précipitant, ils retinrent le battant avant qu'il ne claque à nouveau, et s'engouffrèrent dans le hall carrelé.

« Monsieur ! Attendez ! » Le battement des pas lourds sur les marches fut l'unique réponse à l'appel. Suivi du martèlement d'un poing. « Merde ! » murmura Peter en s'engageant dans la cage.

Le lugubre craquement du bois couvrit une voix, et pour l'une des rares fois de sa vie, l'ancien agent de police Elvis crut ne plus jamais avoir envie d'éclater de son rire communicatif.

James et lui avaient été à l'origine de ce qui formerait l'équipe de sécurité de la famille Edge. Ils avaient été aux premières loges de bien de coups de sang de leurs employeurs. Surtout le père, dans cette colère froide qui laissait des bleus à l'âme, ou cette rage destructrice qui avait déchiqueté nombre de manuscrits et mobiliers. Jusqu'au jour où le fils avait dévoilé cette part d'ombre à son tour en dérouillant son jeune frère.

Peter n'avait pas été présent lors de l'altercation, mais il savait que son collègue restait profondément marqué par le regret de ne pas être intervenu à l'encontre de l'ordre d'Edge senior. Au nom du professionnalisme, il avait remisé la déontologie, et il comptait aujourd'hui sur lui pour réparer son erreur. S'il se remuait le cul pour atteindre le troisième avant l'irréparable !