À cette heure du soir, les services hospitaliers commençaient à ralentir le rythme pour prendre celui de la nuit. Les pas et les voix se faisaient plus feutrés, les équipes se saluaient avant de se réduire. Les plaintes des chariots portant les repas avaient fait place aux perfusions et matériels des derniers soins de la journée. L'arrivage de nouveaux patients étaient plus disparates, et le grand espace dédié s'était déserté de ses visiteurs. On sentait la léthargie envahir peu à peu les lieux.
Jusqu'à ce que quelque chose d'atterrant plombe subitement l'atmosphère, figeant presque les êtres en pleine action. Lewis sut à lors que son cousin était au cinquième étage !
Il se retourna pour constater l'arrivée remarquée d'Ezra et de son escorte complète de gardes se déployant déjà pour sécuriser le service. Au même titre que les autres, Lee subit le poids de sa présence. Peur et soulagement se battaient de plus en plus furieusement à l'approche des grands pas autoritaires. Si sa carrure était tendue, elle l'était d'une toute autre manière que plus tôt dans la journée : la lueur assassine de son regard disait qu'on avait déjà essayé de lui chier dans les bottes !
« Hey, gamin » interpella doucement le jeune homme.
Valentin sortit de sa rêverie au-dessus de ses devoirs pour constater le changement d'ambiance. Il comprit aussi vite qu'éveillé et bondit sur ses pieds. Pivotant à deux-cent-vingt degrés jusqu'à repérer la haute silhouette passant rapidement entre deux piliers du couloir vitré, il s'élança. « Ezra ! »
À peine entré dans l'espace d'attente, l'homme avait arraché son masque médical et posé un genoux au sol pour recevoir l'étreinte de l'enfant. Il le fit pratiquement disparaître dans ses bras et Val éclata en sanglots. « Tout va bien, little one. » Lee s'en rendait bien compte : le timbre posé des ces quelques mots était plus persuasif que tout ce qu'il avait pu dire pour rasséréner le gosse ! Il n'avait pas l'assurance inébranlable de son cousin, c'était clair ! Et son expression, bordel ! Un savant mélange de sérénité et de tension. Comme s'il retrouvait un bout de son âme au risque de le perdre à nouveau à tout moment.
L'éditeur prit le temps de consoler l'enfant. Avec patience et bienveillance. Avec... affection. Bon sang, l'idée ne lui avait même pas traversé l'esprit qu'il puisse vraiment aimer ce gosse. Lister ce qui avait traversé l'esprit de Lee serait plus exhaustif ! On ne pouvait pas dire qu'il ait été une flèche au cours des derniers mois.
Ezra sécha les dernières traces de larmes de Valentin en lui parlant à voix basse avant de se relever. Là, il accusa visiblement le coup de la souffrance des nerfs, serrant les dents et grimaçant de douleur. Il encaissa. Il encaissait toujours, admira son cadet.
Il invita l'enfant à retourner auprès de Mia le temps qu'il prenne ses informations. « Hugh ! » interpella-t-il l'une des gardes affiliés à son épouse. La dame se présenta aussitôt à lui. « Un rapport de votre bouche. » ordonna-t-il. Il tourna un œil dans la direction de son jeune cousin qui approchait discrètement pour écouter. Et s'en détourna aussi vite : un tourment à la fois !
« Nous avons sécurisé le bâtiment avant la prise en poste de madame et nous sommes chacun positionné aux entrées principale et secondaire. Rien à signaler jusqu'à l'heure de sa fin de service. Après un retard inhabituel de quinze minutes, nous avons investi les lieux. Nous avons bientôt été rejoints par deux membres du personnel dans nos recherches. Nous savions qu'elle n'avait pas quitté le bâtiment. C'est moi qui ai trouvé madame inconsciente dans la cage d'escalier de secours. J'ai immédiatement appelé une ambulance et administré les premiers gestes. »
L'homme baissa les yeux. Malgré la veste enfilée à la hâte à l'arrivée de l'enfant, des traces de sang séché étaient visibles sur le devant et les poignets du chemisier. « Merci, Hugh. Savez-vous pourquoi elle n'a pas été reçue aux urgences ? Ils m'ont refoulé dès mon arrivée.
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L'Étui Vide [Terminé]
RomanceEzra ne passait déjà pas une bonne journée avant que ce malheur de comédie ne lui tombe dessus. Son conseil d'administration lui mettait la pression, et il risquait à présent d'être en retard à la répétition du mariage de sa demi-sœur. Il regrettait...