𝟏𝟒 - 𝐀𝐧𝐭𝐢𝐜𝐲𝐜𝐥𝐨𝐧𝐞𝐬

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𝐋𝐢𝐚𝐦.

La veille.

— Tu es sûr de ce que tu fais, Liam ?
— Tu t'inquiètes pour elle ou pour moi ?

Ethan m'observe, les yeux plissés à la lueur des lanternes de la terrasse sur pilotis. Les coudes en appui sur la rambarde en bois verni, j'offre mon visage à la légère houle et aux embruns, puis rive mon regard vers l'océan, assombri par une nuit sans lune. Lentement, je fais tourner le liquide ambré dans mon verre, attendant que la solution vienne à moi pour chasser les interrogations qui se défoulent sous mon crâne. Mais je ne suis pas le seul à être chiffonné, mon meilleur ami aussi semble préoccupé.

— Plutôt pour toi. Je pensais qu'Elly se serait calmée depuis son retour à KMC.
— Elle me déteste toujours autant, opiné-je, dubitatif.

Je ne sais plus comment cautériser les plaies que je lui ai laissées, comment instaurer un minimum de confiance pour qu'elle accepte de m'écouter. Je soupire, perdu, les yeux dans le vague. Ça me rend dingue !

Au bar, j'aurais pu retourner son impertinence contre elle. Sauf que voilà, je suis un connard, pas le dernier des salopards. Lyanor ne s'en rend pas compte, ses rejets ont l'effet d'uppercuts de plus en plus puissants sur moi. J'en viens même à me demander si elle ne se foutrait pas de ma gueule, à ne rien voir ! Elle serait bien capable de jouer la comédie juste pour me torturer.

Elle a admis que mon attitude la déstabilise, c'est peut-être une microscopique avancée. Elle n'est pas indifférente à mes efforts, même si elle préfère encore supposer que je mijote une nouvelle connerie dans mon coin. Putain ! Elle me fait faire trois fois le tour du monde, sans jet et à la rame. Je suppose que je n'ai que ce que je mérite, après tout.

Je porte le liquide à mes lèvres, profite de ses saveurs avant d'avaler. Une chaleur plaisante s'étale dans ma trachée jusqu'à mon estomac. De la bière et de la tequila s'y mélangeaient déjà, je viens d'y ajouter du rhum. Pas certain que le combo ne soit pas explosif.

— Tu te décides à m'expliquer ce qu'il s'est passé au bar ? s'impatiente Ethan.

À mon air circonspect puisque je n'ai rien à me reprocher, il a la bonne idée de préciser :

— Les vérités.
— Tu aurais préféré que je dise que j'avais couché avec Lyanor la semaine dernière ? Si elle avait voulu en parler, elle n'aurait pas bu. J'ai respecté son intimité, ce secret qu'elle veut garder scellé.

Comme si elle avait honte.

Il détourne les yeux. Mon cœur déraille, car il vient de penser à la même chose que moi.

— Ou alors elle a bu pour ne pas raconter devant moi qu'elle a eu quelqu'un d'autre depuis ? m'enquiers-je d'une voix étranglée.
— Non, on s'égare là, il s'agit d'Elly, elle n'est pas comme ça. Et je ne parlais pas de ça.

Justement, c'est Lyanor. La forte tête capable de bosser dans un putain de congélo juste pour avoir le dernier mot, quitte à choper la mort en quatre jours ! La femme qui refuse d'ouvrir les yeux. Évidemment elle fait ce qu'elle veut avec qui elle veut, je ne peux pas l'en empêcher, l'attacher à son lit n'étant toujours pas une option légale.

— Quoi alors ?
— Ouais... se désole-t-il en massant l'ombre d'une barbe naissante. Si tu n'as pas plus d'éloquence quand tu tentes de discuter avec Elly, je comprends mieux pourquoi vous êtes enlisés dans un dialogue de sourds-muets. Pas de doute, vous vous êtes bien trouvés !
— Pour l'instant, je ne trouve que des portes closes. Et encore... tu l'as entendue ? Elle va se barrer. Je n'ai pas de solution pour lutter contre sa décision.

Devious BOSS | Œuvre intégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant