𝟏 - 𝐌𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞-𝐦𝐨𝐢 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐩𝐫𝐞̀𝐬

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𝐄𝐥𝐥𝐲.


— Lya... réveille-toi, on est arrivés.

La voix grave de Liam m'extrait du sommeil, le revers tiède de sa main caressant ma joue froide. Les paupières closes pour prolonger ma très courte nuit, j'inspire les effluves iodés, toujours bercée par le chant paresseux des vagues. Lorsque le skipper coupe les moteurs du Day-cruise flambant neuf, rendant à l'océan Pacifique toute sa quiétude noctambule, j'accueille le calme avec un soupir sonore.

Recroquevillée sur la banquette en cuir, le corps protégé par un plaid ethnique, lovée contre Liam, je faufile mes mains sous son gilet à grosses mailles, puis son t-shirt en coton bio. Mentalement, je décrète que sa peau est le meilleur chauffage qui soit. Mais à peine effleurés par la pulpe de mes doigts, ses abdominaux se contractent et leur propriétaire s'écarte. Ma frustration revient au galop tandis que mon chamboulement interne, lui, revient me chahuter. Non, en réalité, il fait beaucoup plus que ça. Ma peau elle-même me fait mal, à présent, abandonnée par ce dont elle a le plus besoin. Mes yeux s'embrument, ma gorge se noue, mon estomac surchauffe. Le manque est une sensation pourtant bien présente en moi, à cet instant.

Amer euphémisme, Elly.

Voilà comment je vis cette privation forcée depuis que nous avons fui New York : mes émotions sont à fleur de peau, tout ce qui ne devrait que m'égratiner m'inflige une douleur sans pareille. Les refus répétés du rebelle qui partage mon lit mais dont les gestes sont maîtrisés pour ne pas devenir intimes ont créé une corrosion accélérée entre et dans mes organes vitaux.

Après que les Campbell ont quitté la salle de réunion numéro 5, têtes basses et mines en deuil, Liam m'a annoncé que nous partions sur le champ. Loin, et sans me laisser le temps de préparer mes valises. Le jet nous attendait pour un décollage immédiat. Direction l'autre bout du monde : le paradis.

Une semaine que nous avons atterri sur le Tarmac des îles Galapagos, au large de l'Équateur. Près de neuf mille kilomètres nous séparent de New York. Mes souvenirs sont toujours là, bien sûr, mais c'est comme si, cette fois, la distance les avait un peu endormis. Sept jours magiques, remplis de fabuleuses découvertes et paysages majestueux. Ici, pas d'immeubles qui frôlent le ciel, pas de béton comme unique revêtement de sol, de bruits humains ou mécaniques pour étouffer le chant de la Nature. Classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO, l'archipel est un camaïeu de plantes, d'animaux, de couleurs et de senteurs qui se côtoient en toute harmonie. Des paysages tantôt lunaires et arides, tantôt amazoniens et verdoyants, en passant par des étendues d'eaux turquoise féériques.

Le premier jour, nous nous sommes rendus à El Chato, la réserve des tortues géantes, qui ont donné leur nom à l'île. Un incontournable de notre séjour. Observer ces animaux ancestraux de si près, victimes de braconnages pour leurs carapaces et leur chair, m'a profondément chamboulée. Le deuxième jour, nous avons choisi le circuit de Los Tuneles, sur l'île Isabela. Un sentier de tunnels creusés dans les roches volcaniques hors de l'eau. Puis du kayak, entourés de pélicans curieux et d'otaries chafouines.

Le sable blanc des plages de Puerto Aroya a eu notre cœur deux fois. La couleur de l'eau y est envoûtante, mais c'est principalement avec les yeux que nous pouvons en profiter, faute de baignade strictement interdite. Rien ne vaut ce panorama enchanté, surtout quand on peut y croiser des iguanes, gardiens des lieux, et admirer La Baie des Tortues, où nagent ensemble raies, tortues, poissons colorés et petits requins calmes. L'eau est d'un bleu si cristallin qu'elle semble transparente. Un miroir ouvert sur le fond des mers.

Le quatrième jour, sur la plage El Garrapatero, ce sont les flamants roses, la tête dans le sable des eaux peu profondes et l'estomac en quête de crevettes, qui nous attendaient paisiblement.

Devious BOSS | Œuvre intégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant