𝟕 - 𝐄𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐡𝐢𝐜𝐚𝐠𝐨𝐚𝐧𝐞

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𝐄𝐥𝐥𝐲.

   M. Walsh serre tour à tour la main des cinq hommes, mettant ainsi fin à cette présentation ; et à mon calvaire. Les coups d'œil en coin de mon patron depuis le début de la semaine, je m'y suis faite. Ils sont toujours moins malaisants que ceux de Dickman sur ma personne. En revanche, les regards goguenards des autres types, depuis plus de cinq heures que nous sommes dans les locaux de cette société d'informatique que KMC.Corp a pour projet de racheter, je ne pouvais plus les supporter. D'un homme en particulier : le fils du CEO.

À plusieurs reprises, mes yeux ont malencontreusement croisé les siens, c'est presque s'il ne se léchait pas les babines en me lorgnant.

— Nous nous retrouvons toujours à 19 h 30 pour dîner, M. Walsh ? Une réservation a été faite chez NoMI, lui rappelle M. Akermann, le patriarche bedonnant.
— Et bien entendu, votre charmante assistante est la bienvenue, lui adjoint Akermann Junior, tout en me souriant.

Non mais... c'est un cousin éloigné de Dickman, forcément. Ce n'est pas possible d'avoir autant la poisse !

Je ne suis pas au menu !

Mon patron me dévisage en fronçant les sourcils, puis leur confirme qu'il les rejoindra sur place. Alléluia ! Je saute peut-être un repas, mais je vais pouvoir passer cette soirée sereine, sans craindre de me retrouver seule avec cet espèce d'obsédé.

Contre toute attente, M. Walsh ne m'a pas virée lundi soir. Il m'a simplement conseillé de ne pas me formaliser de l'attitude lunatique du PDG. Il m'avait encore reluquée étrangement, mais j'avais déjà un coup d'éclat à mon actif – et un de trop. Alors je ne me suis pas hasardée à le recadrer ni lui demander ce qui clochait chez moi.

Dans la voiture avec chauffeur qui nous reconduit à l'hôtel, nous sommes presque arrivés quand il m'interrompt dans la rédaction de mon compte-rendu.

— Puis-je compter sur votre présence ce soir ?

Je me crispe et n'ose tourner mon visage vers lui. Je lui réponds à voix si basse que je me demande même s'il a pu m'entendre :

— Ma présence est-elle requise pour prendre des notes, Monsieur ?

Il inspire profondément.

Bien joué Elly ! Il ne t'a pas virée lundi et au lieu de faire profil bas encore vingt-quatre petites heures, tu trouves le moyen de jouer la petite fille capricieuse !

Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?

— Non mademoiselle Johnson, votre présence n'est pas obligatoire. Mais je connais bien ce restaurant et ils y servent une nourriture excellente. Je trouve dommage de vous priver d'un bon repas dans un cadre atypique à cause de l'attitude déplaisante de M. Akermann à votre égard.

Ouf, donc lui aussi l'a remarqué.

C'est tentant. C'est d'ailleurs ce moment que choisit mon estomac pour gargouiller en guise d'assentiment, ce qui tire un petit rire contenu à mon patron. Je ne peux m'empêcher de relever les yeux pour le regarder.

— Je vous remercie Monsieur, mais je préférerais rentrer et mettre ma soirée à profit pour avancer dans mon travail, décidé-je.

Pour lire et me coucher tôt.

M. Walsh acquiesce en silence, les yeux plissés. Il semble s'interroger, sans pour autant vouloir verbaliser sa question. Puis, ses yeux glissent de nouveau sur l'attelle que je me suis procurée mardi soir. Je n'ai finalement pas pu faire autrement, la douleur était trop forte, ma main avait gonflé et mon poignet était légèrement bleuté. Rien de grave, simplement une entorse dont je me serais bien passée. Enfin, ses billes ambrées remontent vers mon visage.

Devious BOSS | Œuvre intégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant