𝟏𝟏 - 𝐂𝐨𝐮𝐩 𝐝𝐮𝐫.

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𝐋𝐢𝐚𝐦.

 — Tu es sûr de toi, Ethan ?
— J'ai l'impression que tu n'as pas confiance en mon jugement, se plaint mon cousin, meilleur ami et vice PDG.

Entre plusieurs autres titres, tels que Casse-Pied-Professionnel et Commère-Trop-Matinale. Mais puisque rien n'a plus d'importance à mes yeux que la famille, c'est ce dont je me souviens lorsqu'il va un peu trop loin, qu'il parle un peu trop et m'emmerde tout autant. J'ai beau avoir quelquefois envie qu'il me fiche la paix, je n'imagine pas ma vie sans mon cocon, les miens. Et Ethan en fait partie.

— Ne dis pas n'importe quoi, grincé-je, sérieux.

Je délaisse un article géopolitique et repose mon journal, soutiens son regard sceptique – et susceptible.

— C'est pourtant l'impression que j'ai à t'entendre, rétorque-t-il, sa bouchée de croissant tout juste avalée.
— J'ai confiance en toi plus qu'en n'importe qui et tu le sais. Je dis ça pour toi. D'habitude tu ne veux pas t'occuper des déplacements en Asie alors je suis surpris, c'est tout.

Et le mot est faible. En plus d'avoir du mal avec les conventions tokyoïtes, Ethan ne s'entend pas avec le directeur de notre filiale informatique sur place. Ils ne parviennent pas à mettre leurs vieux griefs de côté, ce qui n'est jamais bon pour les affaires. Il évite donc au possible ces déplacements et m'y envoie souvent à sa place, question de productivité. En contrepartie, il se charge de l'Europe lorsque ma présence n'est pas spécifiquement requise.

— Je me dis simplement qu'il est temps pour moi de t'épauler comme tu le mérites Liam, me dit-il en me fixant, l'air grave et convaincu par ses propres mots.
— Ce n'est pas déjà ce que tu fais ? Je dors depuis cinq ans et personne ne m'a rien dit ?
— Tu sais très bien où je veux en venir, soupire-t-il. On n'est pas toujours à cinquante-cinquante sur la répartition du boulot, alors je vais rééquilibrer la balance parce que c'est pour ça que tu me paies.

Une somme astronomique, ajoute son regard mutin.

— Ne ramène pas le fric sur la table, Ethan. Tu fais ton job, je fais le mien.

Ok, sauf samedi dernier, mais je suis au-dessus de ça. J'ai eu beau râler intérieurement, sur le coup, il n'y avait pas mort d'homme.

— Tu es surmené et irritable en ce moment, Liam, objecte-t-il.
— Dossiers prenants, réponds-je, laconique. Arrête de te flageller, de te chercher une responsabilité.
— Et toi, arrête de me prendre pour un abruti fini. T'es tendu comme une ficelle rêche, sur les nerfs de sept heures à minuit, tu tournes plus vite qu'une toupie et tu enchaînes les réunions plus vite que n'importe qui à la tour.
— Je crois qu'il y a écrit PDG, sur la porte de mon bureau, tenté-je de détourner le fond de sa pensée, à grand renfort de cynisme.

Mais ça ne prend pas. Pas avec lui. Surtout pas avec lui.

— La vérité, celle que tu n'oses ni t'avouer ni me balancer à la tronche, c'est que je ne m'investis pas autant que je le devrais. Mais les choses vont changer, je sens que quelque chose est enfin à sa place, que ma productivité et moi, on s'est retrouvés. Autant en profiter !

D'un air théâtralement victorieux qui ne lui vaudrait pourtant pas un Tony Award, Ethan se frotte les mains. Puis change de sujet sans préavis, avant d'avoir pu en placer une pour lui expliquer que je me fous de bosser huit heures de plus que lui.

— C'est quand la dernière fois que tu t'es envoyé en l'air ?

Je manque de recracher ma gorgée de café par le nez, ce con ricane en consultant sa montre, comme si son indiscrétion me demandait la météo.

Devious BOSS | Œuvre intégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant