Devious BOSS | Œuvre intégrale

𝟑𝟎 - 𝐒𝐞𝐮𝐥 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐫𝐢𝐧𝐠

𝐋𝐢𝐚𝐦.

Bon, je vais peut-être attendre un peu pour sabrer le champagne. D'abord, parce qu'Ethan baigne toujours dans l'océan de son déni. Ensuite, parce qu'un grondement désagréable trouve opportun de me torturer les tripes à cet instant précis. Un mauvais truc m'étreint au milieu de ce chaos de mots. Je fais de mon mieux pour l'ignorer, me blinder, encaisser la colère légitime de ce cousin qui est comme mon frère parce que oui, j'ai mis la charrue avant les bœufs, mais pas de là à dire que j'ai vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Elle a menti, trahi, trompé. Ça, je ne l'ai pas inventé, ce n'est pas dans ma tête, bordel !

— À quel point t'es un enfoiré dépasse l'entendement, Liam ! ne peut-il s'empêcher de brailler. Pourquoi t'as fait ça ? Et de quel droit Kristopher t'a-t-il écouté, bon sang ? Je vais le virer !
— Je suis le PDG. Il n'a fait que suivre mes consignes.

Ma remarque le pousse un peu plus dans ses retranchements, il est cependant trop tard pour ravaler mes paroles. Je serre les dents, reste sous contrôle, mais le mal est fait. La goutte d'eau de trop qui le fait dégoupiller. Ses yeux se plissent davantage, juste avant qu'il ne fonce sur moi, à l'image d'un taureau venant d'apercevoir son torero préféré tout de rouge vêtu, se poste à quelques centimètres de mon visage puis déclare, dans une inflexion tonitruante :

— Tu n'as aucun pouvoir de plus que moi, Liam ! Et tu as mis Darmont en porte-à-faux ! Mais jusqu'où es-tu allé, putain ?

Loin.

Ses mots résonnent juste à mes oreilles, se plantent droit dans mon sternum, secouent mon esprit. Ethan est certes le vice-PDG dans l'organigramme de KMC, le n°2, mais en réalité, nous sommes sur un pied d'égalité. Il a raison : j'ai usé de mon statut auprès de notre directeur RH.

— Ethan, il faut que tu te calmes pour appréhender la situation, tenté-je de m'imposer. Elle ne s'est jamais plainte à ce que je sache, tout simplement parce qu'elle a les moyens de payer tout ça.

J'illustre mon explication cartésienne en secouant le dossier sous ses yeux. Mais l'hyperactif buté qui me sert de meilleur ami, de famille, n'en a pas terminé avec ses suppositions.

— Ou qu'elle n'a pas osé ! Ça ne t'est pas venu à l'idée, pas vrai ? T'étais bien trop occupé à la vampiriser !
— Enfin, son fiancé les a ! parlé-je en même temps que lui. Si tu avais vu sa tête... Il est vraiment tombé sur une...
— Quel fiancé ? me coupent-ils d'une seule voix.

Mêmes yeux. Mêmes regards assassins. Pourquoi mon putain de bide réagit-il ainsi ?

— Son fiancé, répétè-je en invoquant un calme qui tend décidément à me faire défaut. Je ne vais pas vous faire l'affront de vous déclamer la définition, à moins que vous ne vouliez vraiment un cours de sémantique. Le bougre ne savait pas qu'elle ne bossait plus ici et s'est pointé pour « lui faire une surprise ». Vous voyez que vous ne la connaissez pas si bien que ça.

Ethan se fige d'abord, tendu de tout son soûl, puis tonne ensuite :

— Son nom !
— Quoi ? Qui ?
— Liam, c'est quoi le nom de ce mec ? Tu lui as parlé ? me mitraille Neve, toute colère disparue, remplacée par quelque chose de plus profond.

Une main sur le menton, je rentre une minute dans leur jeu sans trop savoir pourquoi. Je réfléchis à haute voix, réalise qu'il ne m'a rien dit de lui, leur raconte notre rencontre éclair.

— Mince Ethan, il l'a retrouvée... Comment c'est possible?
— Je ne sais pas, un détective privé. Je vois que ça, souffle-t-il à sa sœur, inquiet.
— Il était quelle heure, Liam ? se renseigne ma cousine en consultant sa montre.
— Je ne sais plus. L'un de vous veut bien m'éclairer ?
— Si tu pouvais y mettre un peu plus de bonne volonté, m'invective Ethan, le regard braqué vers moi. Ce salopard ne doit pas lui mettre la main dessus.
— Mais vous allez m'expliquer, oui !?