𝟐𝟖 - 𝐏𝐚𝐢𝐧 𝐛𝐞́𝐧𝐢.

1.6K 218 33
                                    

𝐋𝐢𝐚𝐦.
La veille.

— Elle a raison, Liam, t'es un putain de connard ! Ouvre les yeux, merde !
— Calme-toi Ethan, tenté-je l'apaisement. Si tu me laissais en placer une, je...
— Je t'avais pourtant dit de ne plus l'emmerder, nom de Dieu !

Je ne sais plus comment m'y prendre pour qu'il cesse de hurler dans le combiné.

— Mais c'est quoi ton problème à la fin ! Non ne réponds-pas, je sais parfaitement ce qu'il se passe dans ta tête d'enfoiré borné. Est-ce que je m'occupe de ce que fait Aaron, moi ? Non !

Premièrement, Aaron ne commet aucune erreur, il serait donc difficile de critiquer son travail. Deuxièmement, je ne comptais pas riposter sur mon cas, en réalité, simplement lui dire que ce qui est fait est fait, que j'ai certes porté un jugement hâtif, mais qu'on ne change pas le passé. Il est bien placé pour le savoir. Et qu'il dramatise un chouya trop, aussi. Mais impossible d'entamer un quelconque plaidoyer puisqu'Ethan monopolise cet échange depuis que j'ai eu la bonne idée de décrocher. À défaut, face à la vue imprenable sur Manhattan, j'observe le monde de tout en haut et soupire le regard braqué tout en bas, passe une main sur mon visage tendu, ferme les yeux puis me masse les paupières un peu trop durement, un peu trop longtemps. Ma migraine n'est pas prête de m'abandonner. Elle prend plutôt de l'ampleur, les braillements de mon meilleur ami l'aidant grandement dans ce dessein. Alors je me renferme dans ma coquille, juste quelques secondes, le temps d'immortaliser la quiétude du ciel pour retrouver mon propre calme, disparu depuis que j'ai reçu un certain mail.

Vous savez de qui.

Rien ne va plus.

Je profite qu'il reprenne son souffle pour lui demander :

— C'est bon, tu as terminé ?
— Je sais très bien ce qu'il t'arrive, espèce d'abruti de mes deux, continue-t-il sur sa lancée. Tu as un problème Liam, un gros, et aucun rapport avec ton égo. À trop me regarder le nombril je n'ai pas vu à quel point tu avais morflé, toi aussi. Je porte ma part de responsabilité, mais les choses vont devoir changer.

— Tu ne sais rien du tout, grincé-je d'un ton sec. Ne te fais pas de film, ne me psychanalyse pas.

Ne m'emmerde pas, bordel !

Elle devait s'en aller, confirme une voix dans ma tête.

— Je sais, connard ! J'ai mis du temps à comprendre ton attitude avec Elly, tout est clair maintenant. Que tu ne sois pas prêt à en parler aujourd'hui est une chose, quoi que je me demande sincèrement si tu es conscient de ce qui te ronge comme ça. Pour le moment, je vais encore devoir rattraper tes conneries.

◆◆◆

Je déteste avoir l'impression de stagner, que le temps s'est arrêté autour de moi, alors qu'il a continué sa course pour le reste du monde. Je me sens comme un con dans sa bulle opaque, isolé, infoutu d'en sortir, de me faire entendre.

Après m'avoir raccroché au nez – et probablement maudit dans sa tête –, Ethan n'a pas daigné répondre à mes appels. Il s'est contenté de SMS salés, qui donnaient à peu près ça :

Ethan_ Je suis à deux doigts de proposer ton changement d'état civil. Liam Konnard, t'en penses quoi ? Mêmes initiales, ça t'irait comme un gant.

Sans commentaire, je n'ai pas pris la peine de l'insulter à mon tour.

Ethan_ C'était quand même ton meilleur éloge, ce mail. « Motif de ma démission ? Mon boss est un connard ! ». Franchement, un talk show avec ta gueule de gland en prime time et Elly en train de te démonter par 1 + 1 = 2, ça ferait un audimat de malade. Du coup, je bosse aussi sur ton épitaphe, mais vu la longueur de ce que je te prépare, prévois un obélisque de la hauteur de la tour, ducon !

Devious BOSS | Œuvre intégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant