Partie 32

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- Je veux apprendre l'amour passionnel, avoua Emmy d'une petite voix.

Seigneur. S'il existait une divinité, quelque part dans ce monde maudit, qu'elle mette fin à ses souffrances. La jeune femme venait le voir dans une tenue qu'il ne pouvait que qualifier d'appétissante (car qui sait ce qu'il y avait sous ce satané t-shirt qui descendait jusqu'à la moitié de ses cuisses) pour lui demander de lui enseigner l'amour. 

Malgré le calme apparent qu'il tentait de conserver, le sang bouillait dans ses veines et il devait lutter pour garder les yeux ailleurs que sur les jambes nues de cette sublime apparition nocturne. 

- Je suis désolé mais non, je ne peux pas.

Emmy sembla mal interpréter ses paroles car son visage adopta une expression vexée. Et après tout, comment pouvait-elle savoir qu'il se consumait de désir pour elle à cet instant ? 

- Je ne suis plus une enfant, je veux savoir, ordonna-t-elle d'une voix autoritaire qu'il ne lui avait jamais entendue. 

Evan haussa les sourcils face à son obstination et s'approcha un peu plus d'elle. 

- Je sais bien que tu n'es plus une enfant, c'est là tout le problème. 

Pourquoi résister quand elle lui était offerte comme sur un plateau d'argent après tout ? Il colla ses mains à la porte, des deux côtés du visage de la jeune femme, et prit une grande inspiration. Ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

- Si tu en as vraiment envie, je vais t'embra...

À sa grande surprise, il n'avait même pas eu le temps de finir son avertissement qu'Emmy avait pris son visage entre ses mains pour coller impétueusement ses lèvres aux siennes. Oubliant toute retenue, Evan ferma les yeux pour goûter pleinement à son baiser fougueux tout en la serrant contre lui. Il sentait les doigts fins de la jeune femme se balader dans ses cheveux et s'enfoncer dans la chair de son cou. 

Elle se décolla des lèvres d'Evan, le souffle court, et il la sentit se dérober sous ses bras. 

- Hey doucement, ça va ? 

- Pardon... C'est ma jambe, murmura-t-elle en reprenant appui contre le mur. 

Mince, c'est vrai qu'être en équilibre sur une jambe depuis tout à l'heure ne devait pas être confortable. Il l'aida à atteindre le lit pour s'assoir dessus, et observa son visage attentivement. Ses yeux brillaient et ses joues rosissaient adorablement. Ses lèvres entrouvertes appelaient au plus doux des péchés.

- Qu'est-ce que tu ressens, demanda-t-il assis près d'elle en se retenant de toutes ses forces pour ne pas se jeter sur elle. 

- C'était absolument incroyable, je me sens merveilleusement bien, confessa-t-elle d'une voix quasiment inaudible. C'est ça l'amour ?

- Hé bien... ça en fait partie j'imagine.

Trop occupé à l'admirer comme s'il la voyait pour la dernière fois, il ne remarqua qu'après un bref moment qu'elle tirait maladroitement sur ton t-shirt, comme si quelque chose la gênait. Il haussa un sourcil curieusement.

- Mmm... J'ai juste un peu chaud, admit-elle en rougissant de plus belle.

Evan prit une grande inspiration et ne put retenir un sourire ironique à l'idée qu'elle venait, sans le savoir, de lui avouer qu'elle ressentait probablement ce même désir qu'il avait pour elle depuis qu'elle était entrée. Mais qu'elle l'achève par pitié. Il se leva pour aller ouvrir la fenêtre et revint près d'elle. Il fallait qu'il sache quelque chose néanmoins : 

- La réponse paraît évidente mais est-ce que ça t'as plu ? 

Elle hocha la tête vigoureusement. 

- Est-ce qu'on peut recommencer ?

Evan eut un sourire en coin. Après tout il avait commis l'irréparable une fois, pourquoi pas deux ? Même s'il savait que ça n'allait qu'empirer son état, il céda à la tentation. Il plaça une main derrière son cou et l'autre dans son dos.

- Tu es sûre de toi ?

Emmy confirma d'un mouvement de tête, les yeux rivés sur ses lèvres, comme hypnotisée par leurs mouvements lorsqu'il parlait. Sans chercher à se réfréner davantage, il prit sa bouche en assaut en l'embrassa encore plus ardemment que la première fois. Si elle était si impatiente d'apprendre, il allait lui en donner de la passion. La fièvre de ce deuxième baiser eut visiblement l'effet escompté à en croire le faible gémissement étouffé qu'elle laissa échapper et qui donna la furieuse envie à Evan de lui en apprendre bien plus sur-le-champ. 

Lorsqu'il se sentit sur le point de craquer, il mit fin à leur embrassade et recula pour mettre une distance entre eux. S'il posait ne serait-ce que le petit doigt sur elle à ce moment-là, c'en était fini. 

Visiblement stupéfaite de ce qui venait de se passer, elle cligna des yeux rapidement, comme si elle venait de se réveiller d'un songe, et passa sa langue sur ses lèvres, au grand désarroi d'Evan.

- Oh... C'était vraiment puissant ça, dit-elle dans un souffle.

Puissant, c'était le mot, songea-t-il désespéré en allant à la fenêtre pour respirer un peu d'air frais. La voix de la jeune femme le ramena au moment présent.

- Mais comment je peux savoir si je n'ai pas le syndrome de Stockholm ?

L'intonation anxieuse dans sa voix lui brisa le cœur et il eut un sourire triste face au caractère incrédule chez n'importe qui, mais presque normal chez elle, de la question.

- Ne t'inquiètes pas pour ça. Tu développes ce syndrome lorsque quelqu'un te fais vivre une situation traumatisante. Ta mère l'a développé car ton père l'a kidnappée, par exemple. À moins qu'une situation semblable se reproduise avec toi, tu ne risque pas d'en être affectée. 

Elle sembla rassurée, et cette explication eut le mérite de calmer un peu les ardeurs du psychiatre. Suffisamment pour qu'il puisse revenir à côté d'elle. 

- Maintenant il faut que tu te reposes d'accord ? Est-ce que tu veux que je vienne avec toi et que je reste le temps que tu t'endormes ?

Emmy fit un "non" vigoureux de la tête. 

- Est-ce que je peux dormir avec toi, demanda-t-elle les yeux baissés et les joues rougies d'embarras.

Evan hésita quelques instants. C'était très risqué. Mais comment lui refuser après ce qu'il avait fait ? Il ne pouvait pas tout simplement la renvoyer si elle ne voulait pas rester seule. Ce serait cruel et complètement sans-cœur de sa part. 

- Bien sûr, oui, si tu veux, accepta-t-il avec un sourire chaleureux.


L'ange muetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant