Bonjour! (Ou bonsoir...)
Après un loooong moment d'absence, j'ai fini ce chapitre et je suis contente d'enfin pouvoir le publier.
Cette histoire commence à avoir son petit lot de lecteurs, et même si je ne réponds pas à tous vos commentaires tout de suite, je les lis tous, et ils me touchent énormément. Voir que l'histoire d'Evan et Artémis vous plaît tant me donne beaucoup de motivation alors merci, merci beaucoup à vous tous ❤️
J'espère que ce chapitre ne vous décevra pas, bonne lecture!*
Evan réexamina pensivement le dernier dessin d'Artémis. Cela faisait quelques jours que toutes les séances de thérapies se passaient de la même manière : il lui parlait de sa vie et lui demandait en retour un dessin.
Néanmoins, il ne parvenait pas à mettre un sens sur ceux-ci. Enfin si. De toute évidence, il s'était passé quelque chose avant qu'elle soit miraculeusement apparue au grand jour, l'année de ses huit ans. Mais quoi ? Malheureusement, elle était la seule à détenir la réponse. Il n'y avait strictement aucune trace d'un quelconque passé, d'une famille, d'amis, rien. Tout était enregistré dans le cerveau d'Artémis. Mais se souvenait-elle seulement ?
Alors qu'il entendait son prochain rendez-vous s'installer dans la salle d'attente, Evan rangea la feuille de papier dans le dossier avant de se caler dans son dossier. À peine sa carrière démarrée, il avait affaire à un épais mystère, loin des mères de famille dépressives et des divorcés alcooliques qui venaient le consulter l'après-midi.
C'était bien sûr une grande opportunité pour lui. Une expérience qui ne se représenterait sans doute pas une deuxième fois. Artémis était une jeune femme extrêmement intéressante. Néanmoins, toute cette histoire risquait de tourner court s'il n'y avait aucune évolution prochainement. Evan avait la sensation de tourner en rond. De ne faire aucun progrès.
Après un ultime moment de réflexion, Evan décida d'accueillir sa première patiente de la journée. Celle-ci était intarissable, comme chaque fois qu'elle venait. Seulement cette fois, Evan avait beau y mettre tous les efforts du monde, il ne parvenait pas à chasser de son esprit celle qui le hantait. Ses yeux si expressifs qui dessinaient ce que sa bouche refusait de prononcer. Il y avait chez Artémis une certaine naïveté, une candeur infernale qui contrastait cruellement avec l'intelligence qui sembler briller dans ses iris.
- Docteur ? Docteur!
Evan leva les yeux vers sa patiente, une quinquagénaire, qui venait de le tirer hors de ses pensées.
- Bien sûr, excusez-moi je suis un peu dissipé. Continuez.
Evan s'efforça de se concentrer sur son travail plutôt que sur la jeune femme qu'il verrait de toute façon le lendemain. Ce fut avec un extrême soulagement qu'il termina son dernier rendez-vous de la journée. Il put donc se concentrer sur ce qui le préoccupait.
Après avoir ressorti tous les dessins d'Artémis, il les mit côte à côte, dans l'espoir d'y trouver quelque chose, n'importe quoi. Tout ce qu'il y voyait, il le savait déjà, rien qu'en l'ayant observée. Des traits de sa personnalité qui se manifestaient sur le papier, à travers les couleurs, les traits tantôt sûrs, tantôt hésitants. Mais il restait néanmoins une certaine futilité là-dedans. Ça ne pouvait plus lui suffire. Les quelques croquis qu'elle lui fournissait par contrainte, sans y mettre aucun sentiment ne faisait pas avancer les choses. La clé, il le savait, se trouvait dans le passé d'Artémis. Ce passé si mystérieux. C'est là qu'il devait chercher.
Le ciel teinté de rose par les derniers rayons du soleil couchant indiqua à Evan qu'il était temps pour lui de rentrer. Il rangea précautionneusement les dessins avant de rejoindre, comme à son habitude, sa voiture. Puis comme chaque jour ou presque, il passa la demi-heure suivante dans les bouchons avant de pouvoir rentrer dans son appartement.
Il était déjà un peu plus de vingt heures mais ni la faim, ni la fatigue ne venaient perturber Evan. Après s'être douché et changé, il s'installa sur la petite terrasse qui donnait sur une route désormais quasi déserte. Seul le bruit incessant des voitures au loin troublait le silence et la quiétude de l'instant. Mais malgré son calme apparent, Evan, nonchalamment appuyé à la rambarde métallisée du balcon, se creusait les méninges en proie au problème qui, pour l'instant, semblait insignifiant. Mais il savait bien que très bientôt, ça serait une autre paire de manches. Il serait renvoyé de la clinique, mais pire que tout, il ne pourrait plus aider Artémis.
Car c'était cela, plus que sa paye qui l'importait désormais. Aider cette intrigante patiente qui semblait aussi innocente qu'une petite fille et aussi mûre qu'une jeune femme. Peut-être aurait-il dû s'inquiéter ? Peut-être était-il en train de se lier d'amitié pour cette créature si fragile et têtue à la fois ? C'était bien la dernière chose à faire : mélanger travail et sentiments.
Evan décida qu'il était temps d'aller dormir. Il remplit son estomac qui commençait à se manifester avec quelques bricoles qu'il y avait dans son frigo avant de filer au lit pour une longue nuit de repos.
Le lendemain, c'est un peu fatigué - mais de bonne humeur - qu'Evan arriva à la clinique. Il salua le personnel qu'il croisa dans les couloirs en rejoignant la chambre d'Artémis. Comme à son habitude, il toqua et attendis quelques secondes avant d'entrer. Cette fois-ci, sa patiente n'était pas dans la chambre. Elle devait être dehors, songea Evan.
Il voulut déposer les feuilles et la boîte de crayon sur la commode, mais cette dernière tomba et son contenu se dispersa par terre. Evan jura et se baissa pour ramasser les crayons.
- Qu'est-ce-que...
En voulant récupérer un crayon sous la commode, Evan avait retrouvé quelque chose de bien plus intéressant. Les dessins d'Artémis. Sur le premier, il s'agissait d'une jeune femme. Elle semblait peut-être un peu amaigrie, ou malade, il n'en savait rien. Mais elle restait magnifique. Sur le deuxième croquis, une maison. Une maison en feu. La sienne peut-être ? Evan était conscient qu'il fouillait dans la vie privée de sa jeune patiente, mais comment parvenir à ses fins autrement ?
Une feuille froissée en boule, encore au sol, l'intrigua. Il repose les dessins et pris la boule de papier pour la déplier. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise.
Avant qu'il puisse détailler plus longtemps ce qu'il voyait, la feuille lui fut prise des mains brutalement. Artémis apparue devant lui le morceau de papier fermement pressé contre elle, comme pour le protéger. Elle ramassa les autres dessins, les larmes aux yeux. C'est alors qu'Evan comprit son erreur.
- Artémis, attends...
Il voulut l'aider à ramasser les dessins, mais elle le repoussa violemment. Comme prise d'une soudaine fureur, elle se releva et le repoussa frénétiquement, de toutes ses forces, hors de la chambre. Les larmes coulaient abondamment sur ses joues rosies, au grand désarroi d'Evan. Bien qu'elle garda son habituel silence jusqu'au bout, il pouvait presque imaginer les sanglots qu'elle ne parviendrait pas à laisser éclater. Ce qu'il entendit très clairement, c'est la porte qu'elle lui claqua au nez, disparaissant ainsi de la vue du psychiatre.
Celui-ci se laissa glisser contre la porte, jusqu'à s'assoir par terre, abasourdi. Le dessin qu'elle avait fait de lui, avant de le froisser visiblement, ne quittait pas son esprit. Tout comme ce dernier regard qu'elle lui avait accordé. Evan l'avait blessée. Énormément.
VOUS LISEZ
L'ange muette
RomanceArtémis ne parle pas. Elle n'est pas muette. Suite à un traumatisme d'enfance, elle a décidé de ne plus parler. Désormais, elle dessine pour exprimer ses sentiments et son histoire. N'acceptant l'aide de personne, elle ne montre jamais ses œuvres et...