Partie 6

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Lorsque Evan arriva d'une démarche enjouée à la clinique, son enthousiasme fût rapidement terni par le directeur, qu'il voyait arriver avec un air sombre à l'autre bout du couloir. L'homme d'une quarantaine d'années, avec une calvitie déjà bien avancée, s'arrêta à sa hauteur et lui serra la main poliment.

- Monsieur Colins, je suis ravie de vous revoir.

- De même, répondit Evan dans l'attente de ce qui allait suivre, car il y avait une suite, il le savait.

M. June gratta le sommet de son crâne d'oeuf nerveusement. Puis il fouilla dans la poche de sa veste avant d'en sortir une espèce de petite télécommande, munie d'un seul bouton rouge.

- C'est seulement votre deuxième jour et vous êtes déjà confronté à ce genre de situation, lui dit-il mystérieusement en lui tendant le dispositif. D'abord, sachez qu'Artémis n'avait jamais eu de comportement violent avant cette nuit. Elle n'a jamais tenté de faire du mal, ni au personnel, ni à elle-même. Mais si elle se montre agressive, je vous demanderez d'appuyer sur ce bouton. Il déclanchera un signal au personnel de sécurité et ils viendront immédiatement.

Evan s'empara un peu hésitant du déclancheur. Artémis avait fait preuve de violence cette nuit ? Mais contre qui ? Et pourquoi ? Quand Evan l'avait quitté la veille, elle semblait tout à fait normale, bien qu'il ne l'ai vue que quelques heures.

Il se rendit compte que le directeur l'observait d'un air bizarre seulement après une minute ou deux. Alors il plaça le dispositif dans sa poche avant de lui sourire d'un air entendu.

- C'est compris, je l'utiliserai si c'est nécessaire, répondit le psychiatre bien qu'il était persuadé du contraire.

Le directeur retourna sur ses pas, visiblement satisfait. Quand à Evan, il était un peu confus. Comment une jeune femme aussi douce et calme qu'Artémis ait pu lever le main sur quelqu'un ? Le psychiatre continua son chemin vers la chambre de sa patiente, en appréhendant déjà ce qu'il y trouverait.

Lorsqu'il arriva devant la porte, il y avait une clé accrochée à côté. Il s'en empara et déverrouilla le loquet sans rentrer néanmoins. Il préféra toquer et attendre une trentaine de secondes avant de pénétrer dans la pièce. On ne sait jamais, si elle était dans une tenue indécente...

Mais Evan compris rapidement qu'Artémis aurait eu du mal à se déshabiller ou même faire quoi que ce soit. Elle était assise dans son lit, le regardant avec ce qui semblait être de la détresse dans les yeux. Et elle était fermement attaché avec une camisole de force.

Evan jura avant de marcher vers le lit d'un pas précipité.

- Ces gens ont vraiment un problème, marmonna-t-il avec colère.

Il s'assit à côté de sa patiente et lui montra ses mains.

- Je vais vous détacher d'accord ? N'ayez pas peur.

C'est ce qu'on lui avait appris à l'université. Faire preuve de prudence avec les patients. On ne devait pas les effrayer ou les surprendre. Et un contact physique sans avertissement préalable aurait pu faire peur à Artémis.

Lorsqu'elle lui fit un bref signe de tête et se plaça dos à lui, il plaça ses cheveux blond sur ses épaules et entreprit de détacher les boucles qui retenait ses poignets prisonniers derrière elle. Alors il s'éloigna du lit.

Alors que la patiente retirait précipitamment le vêtement, le regard d'Evan se posa sur la table et la chaise renversée. La chaise n'avait rien. La table en revanche, un pied s'était brisé dans la chute.

Quoi qu'il ce soit passé ici, l'événement dût être rude. Lorsqu'Evan se retourna vers Artémis, celle-ci frottait ses poignets, maculés de quelques petits bleus. Son bras aussi avait une tâche sombre. Evan se rassit sur le lit et prit soigneusement le bras de la jeune femme, qui se laissa faire.

- Comment avez-vous fait pour avoir ces bleus ? S'il s'est passé quelque chose avec le personnel je peux en parler pour vous, vous savez ? proposa Evan en regardant l'intéressée sans lâcher son bras.

Artémis secoua frénétiquement la tête de droite à gauche. Alors, elle le poussa du lit pour se coucher elle-même dessus, repositionnant ses mains dans son dos. Puis elle se retourna sur le côté de la même manière.

Evan tentait de comprendre, sourcil froncés, ce que sa patiente lui mimait. Après une minutes ou deux de ce manège, il percuta. Lors de son sommeil, la pression qu'avait exercée la position d'Artémis sur ses bras et poignets à cause de la position avait créé des bleus.

Lorsque Artémis se rassit, Evan prit aussi place à l'autre extrémité du lit pour tenter de briser la glace. Le fait qu'elle ait communiqué avec lui, même par mime, ça signifiait beaucoup. Evan devait continuer sur cette voie.

- Tout d'abord, est-ce que je peux te tutoyer ? lui demanda-t-il poliment et un peu gêné.

Suite à un bref hochement de tête de la concernée, il reprit :

- Est-ce que tu veux bien me dire ce qui s'est passé cette nuit ? Est-ce que tu t'es mise en colère contre un infirmier ou est-ce que quelqu'un a tenté de te faire du mal ?

Au grand désarroi d'Evan, le visage d'Artémis devint sombre avant qu'elle ne se tourne dos à lui. De toute évidence, elle refusait de coopérer, et la partie aurait pu sembler finie pour aujourd'hui. Mais Evan avait prévu le coup. Artémis pouvait rester silencieuse, ça ne lui empêchait pas de ressentir des émotions. Et c'était son job d'analyser lesquelles et pourquoi.

Evan tapa sur ses cuisses avant de se lever. Toujours aucune réaction de la part de la miss. Il quitta alors la pièce pour récupérer ce dont il avait besoin pour la suite des événements. Lorsqu'il revint, Artémis était toujours dans la même position, signe qu'elle n'avait pas bougé.

Evan se rassit alors sur le lit, à côté d'elle et ouvrit son ordinateur portable avant de l'allumer.

- Nous allons regarder un film.

L'ange muetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant