Brandon remontait tranquillement le petit sentier en terre, les mains profondément enfoncées dans ses poches.
L'air frais de ce début du mois d'avril lui balayait le front, faisant légèrement valser ses cheveux indomptés sur sa tête.
Il trainait.
Il n'était pas pressé de rentrer.
Mais le soleil commençait doucement à décliner dans le ciel, signe qu'il était grand temps pour lui de regagner l'orphelinat et ses murs lugubres. Quelle belle perspective, n'est-ce pas ?
Il se consola en pensant au fait que, demain, il pourrait de nouveau fuir cette bande d'imbéciles qui lui servait de camarades à l'orphelinat.
Il souffla.
Une journée insignifiante et sans but de plus.
Brandon était quasiment arrivé quand il entendit un peu plus loin la voix rocailleuse de Jack :
— Qu'est-ce que tu as dit ?! C'est moi qui décide, toi tu n'as rien à dire, alors tais-toi la môme !
Brandon fronça les sourcils. Il n'aimait pas la manière que cet abruti de Jack avait de traiter les autres. Il se prenait pour le chef de l'orphelinat. Brandon ne savait pas sur qui il criait cette fois-ci, mais il s'en fichait. Tout cela ne le regardait pas. Et puis, il subissait assez les moqueries des autres enfants, pas la peine d'en rajouter en intervenant.
Il s'apprêtait donc à faire demi-tour pour passer par l'arrière quand une voix, qu'il ne connaissait pas, s'éleva :
— Tu n'as aucun droit de lui parler ainsi !
Brandon se stoppa instantanément et tendit l'oreille.
— Voyez-vous ça. Mademoiselle croit pouvoir me donner des ordres. C'est parce que ton père est riche, c'est ça ? Tu n'as pas honte de te pavaner devant nous dans ta petite robe de princesse pendant que nous on porte ça !
Se pouvait-il que...
— Ce n'est quand même pas de ma faute si je suis la fille de mon père !
Brandon fit aussitôt demi-tour. Il ne lui en fallait pas plus pour qu'il comprenne qui était avec Jack, enfin il serait plus juste de dire qui était confronté à Jack. Et, vu le répondant de la petite voix fluette, il ne doutait pas du fait que Jack n'allait pas tarder à s'emballer.
Il était presque arrivé près de la cour.
-— Ton père, c'est qu'un connard. Et c'est quoi qu'on dît déjà ? Ah, oui, tel père, telle fille !
Brandon sentit ses joues rougir d'agacement. C'est lui le connard ! Comment pouvait-il s'adresser à elle de la sorte ? Ne percevait-il donc pas la peine qui transperçait sa voix ?
Arrivé dans la cour, il sentit le sang affluer, courir plus vite dans ses veines, en voyant la troupe d'enfants, et Jack qui s'avançait de plus en plus vers elle.
Il ne prit pas le temps de la détailler et s'avança rapidement vers eux.
Quand la main de Jack se leva en l'air, il se précipita brusquement.
Et avant même que quiconque n'ait eu le temps de réagir, ni même de comprendre ce qui se passait, Brandon se saisit avec force de la main qui allait s'abattre sur elle.
À présent, Anthéa fixait avec stupeur le jeune garçon qui, le front plissé, jetait un regard sombre - non pas sombre, plutôt ténébreux, oui c'est cela - sur Jack.
Une éternité sembla s'écouler avant qu'il ne tourne la tête vers elle. Dans son regard dansait une lueur étrange, indéfinissable et pourtant si troublante... bien différent de celui qu'il posait il y a à peine deux secondes sur Jack.
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Dans son regard - Brandon
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Ils n'étaient pas désirés, ils n'ont pas été aimés. En route vers la résidence de campagne de son père, la fille du duc de Bellington pense enfin entrevoir le bonheur. Si elle a perdu depuis longtemps l'espoir d'être aimé, A...