Chapitre 12 - partie 1/3

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Anthéa ouvrit un peu plus grand ses yeux.

« Tu vas partir dans un couvent ».

Cette phrase tournait en boucle dans sa tête. Encore et encore. Inlassablement.

C'est impossible... elle devait avoir mal entendu. Il n'y avait pas d'autres explications possibles.

— Que... Qu'avez-vous dit ?

— Que tu allais partir dans un couvent, répéta le duc, un sourire mesquin au bord des lèvres.

Elle avait donc bien entendu.

Pourtant, son cerveau refusait d'assimiler l'information qui venait de lui être transmise. Elle se refusait à comprendre les conséquences qu'impliquait le terme « partir ». Ce n'était qu'un mot, un tout petit mot... mais qui venait de la détruire en l'espace de quelques secondes.

Tentant de reprendre tant bien que mal ses esprits, Anthéa essaya d'éclairer un peu plus la situation. Elle avait peut-être mal compris... du moins elle le souhaitait ardemment. Elle ne devait pas flancher, elle devait garder la tête froide pour trouver une solution.

Elle essaya de calmer tant bien que mal les tremblements qui tentaient de s'emparer d'elle. D'une voix qu'elle espérait assurée, elle demanda :

— Quand ça ?

Le duc la regarda sans rien dire, et Anthéa comprit d'ores et déjà qu'elle n'allait pas apprécier la réponse.

— Aujourd'hui même.

Et le temps s'arrêta.

Anthéa resta immobile, droite, ... complètement anéantie. Elle n'aurait pas été plus surprise si le ciel lui était tombé sur la tête.

— Mais père...

Il la stoppa immédiatement de sa main.

— Inutile, ma décision est prise. Tu iras là-bas, recevras une éducation décente et après, et seulement après, tu pourras revenir. Il est grand temps pour toi d'apprendre à devenir une vraie dame.

Si la situation n'avait pas été si terrible, Anthéa n'aurait certainement pas pu se retenir de rire. Une dame ? Était-ce une farce ? Elle n'avait que quatorze ans ! Et si devenir une dame équivalait à être aussi vide que sa mère l'était, alors elle ne voulait pas être ce que l'on appelait une dame. Elle voulait juste rester telle qu'elle était avec Brandon.

Brandon... Allait-elle le perdre ?

Ses pensées s'agitaient confusément en elle. Non, elle ne voulait pas le perdre, elle ne pourrait le supporter...

— Mais père, je ne puis partir aujourd'hui...

— Et pourquoi donc jeune fille ?

Tiens ! Même lui savait qu'elle était encore une jeune fille.

Anthéa sentait la colère montée en elle. Elle savait pourtant contrôler ses émotions en général devant lui, elle se retenait et ne lâchait prise qu'une fois seule. Mais la perspective de perdre l'être qui lui était le plus cher prenait le dessus. Tout son être se révoltait à l'idée de faire ses adieux à Brandon. Elle s'y refusait.

Anthéa prit une grande inspiration pour garder son calme. La pire chose à faire, là tout de suite, serait de crier sur son père. Elle le savait, elle n'obtiendrait rien de cette manière avec lui ; et puis il était fort probable que cela ne fasse qu'envenimer la situation. Mieux valait-il adopter la tactique « patte de velours ». Son père attendait d'elle qu'elle se comporte comme une dame, distinguée, avec des manières parfaites, s'intéressant à des futilités. Il était évident que son père pensait que les dames ne pouvaient avoir autant d'esprits que les hommes.

Dans son regard - BrandonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant