Brandon courait. Il courait vers la berge aussi vite qu'il le pouvait. Il parvint rapidement au bord, retira d'un geste brusque des talons ses chaussures et, sans plus attendre, il plongea dans l'eau.
La froideur de celle-ci le saisit aussitôt, le glaça tout entier en l'espace d'une seconde. Mais sans s'en préoccuper, Brandon commença à nager vigoureusement.
Il était à mi-chemin entre la distance qui le séparait de l'embarcation quand il vit horrifié que, sous la montée de l'eau et le poids d'Anthéa, la barque, basculant sur le côté, se retourna. Elle embarquait la jeune fille qui, prisonnière de ses liens, n'avait aucune chance de remonter à la surface. Et le bâillon qui lui couvrait la bouche allait l'empêcher de respirer.
Brandon nagea, guidé par la peur de la perdre. Une éternité sembla s'écouler avant qu'il n'atteigne la coque du bateau qui flottait sur l'eau, alors qu'en réalité seulement quelques secondes s'étaient passées. Le temps s'écoulait différemment face à la peur.
Prenant une grande inspiration, il plongea.
L'eau vint lui brûler les yeux lorsqu'il les ouvrit dans l'eau. Mais il fallait qu'il les garde ouvert. Pour elle, il le devait.
Il perçut une forme qui coulait doucement vers le fond. Donnant des pieds et des mains, il s'activa avec l'espoir d'un désespéré. Il tendit sa main... et attrapa la corde qui lui maintenait les bras. Alors, tirant de toutes ses forces, il remonta à la surface. Celle-ci atteinte, il inspira une grande bouffée d'air tout en jetant maladroitement Anthéa sur la coque de la barque qui continuait de flotter pour le moment. Il s'approcha d'elle. Elle était livide.
Il se pencha sur elle.
Son souffle était si ténu qu'il s'entendait à peine. Sa respiration était trop lente...insuffisante. Brandon sans perdre de temps lui enleva tant bien que mal son bâillon. Puis, il la repris dans ses bras et, s'allongeant sur le dos pour maintenir son visage à la surface, il s'employa à regagner la berge aussi rapidement que lui permettaient ses dernières forces.
Arrivé sur la rive, il s'empressa de se relever, la respiration saccadée en portant Anthéa un peu plus loin sur l'herbe. Il déposa son corps inanimé doucement sur le sol en scrutant son visage.
Alors, son sang se figea.
Se penchant précipitamment sur elle, il colla son oreille sur son torse.
Rien. Absolument rien.
Relevant la tête, il cria :
— Non !
Il commença à exercer des poussés sur son thorax, tout en disant dans une langue que ne comprenait certainement pas Anthéa, les mots se troublant :
— Respire... respire... je t'en supplie respire !
Des larmes dévalaient le long de ses joues, ses lèvres se mouvaient en tremblant.
— Allez, reviens-moi... tu n'as pas le droit de me laisser comme ça... je t'en prie Anthéa... respire...j'ai besoin de toi !
Et soudain, un faible son se fit entendre.
Brandon se figea.
Anthéa, la bouche légèrement entrouverte, inspira une goulée d'air.
Laissant son torse, Brandon se précipita pour prendre son buste dans ses bras. Anthéa, la tête penchée en avant, évacua l'eau contenu dans ses poumons, puis laissa sa tête retomber en arrière.
Brandon, assis, le corps de la jeune fille dans ses bras, lui releva avec sa main droite sa tête pour la tenir droite. Il scrutait Anthéa les yeux tremblants.
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Dans son regard - Brandon
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Ils n'étaient pas désirés, ils n'ont pas été aimés. En route vers la résidence de campagne de son père, la fille du duc de Bellington pense enfin entrevoir le bonheur. Si elle a perdu depuis longtemps l'espoir d'être aimé, A...