Brandon arriva essouffler en vue de l'étang. Il fut soulagé en apercevant cette silhouette qu'il connaissait si bien, assise sagement dans l'herbe. Il prit quelques secondes pour reprendre son souffle avant de s'élancer de nouveau au pas de course en direction d'Anthéa.
Elle dut l'entendre arriver puisqu'elle tourna la tête dans sa direction.
En le voyant venir en courant, elle lui adressa un sourire sincère, soulager de le voir. C'était visiblement ce qu'elle espérait en venant ici : trouver le réconfort auprès de Brandon.
Arrivé près d'elle, il s'accorda le temps d'observer son visage lever vers le sien. Ses yeux étaient légèrement rougis. Elle avait donc pleuré.
Il sentit ses poings se serrer. La faire pleurer, c'était s'assurer de s'attirer ses mauvaises grâces. On ne faisait pas du mal à Anthéa sans le mettre en rogne.
Sans rien dire, il s'assit à ses côtés et ne la repoussa pas quand elle vint se blottir dans ses bras. Au contraire, il la serra contre lui, comme s'il cherchait à la préserver des souffrances du monde. Il était son bouclier, elle était ce qui lui donnait sa force.
— Que s'est-il passé ?
Il l'entendit soupirer tristement.
— C'est mon père.
Pourquoi n'était-il pas étonné outre mesure ?
Parce que son père est un imbécile ? lui suggéra sa conscience.
Il approuva silencieusement. Le plus grand imbécile que la terre ait connu depuis des décennies, précisa-t-il même.
— Il a décidé de me donner de « vrais » professeurs... ce qui veut dire qu'on va se voir moins souvent.
Il n'en fallut pas plus à Brandon. Il écarta Anthéa pour pouvoir la regarder en face.
— Comment ça ?
Anthéa baissa tristement les yeux.
— Ton père ne me donnera plus de leçon.
Brandon sentit le sang battre rageusement contre ses tempes. Ne plus voire Anthéa ? C'était tout bonnement hors de question ! Il ne laisserait pas cela se faire. Il allait trouver une solution. Il devait trouver une solution.
Elle dut suivre le cheminement de sa pensée puisqu'elle posa sa petite main sur son bras pour le rassurer.
— Ne t'inquiète pas. Je viendrais toujours te voir quand je n'aurais pas de cours.
— Mais comment ?
Elle lui sourit espièglement.
— De la même manière que je le faisais il y a cinq, avant notre arrangement avec ton père. Mon père est rarement ici. Je pourrais m'éclipser lorsqu'il sera de nouveau à Londres.
— Mais ce n'est pas une solution qui fonctionnera dans la durée Anthéa..., dit faiblement Brandon.
— Je le sais bien... Nous trouverons une solution.
Il ne sembla pas convaincu, alors pour l'apaiser, elle approcha ses lèvres de sa joue, puis y déposa un baiser. Elle le sentit se détendre instantanément contre elle.
Anthéa le regarda, un sourire calme au coin des lèvres. Elle se replaça d'autorité dans l'espace apaisant de ses bras.
Ils restèrent ainsi une bonne heure, elle blottit contre sa poitrine, lui l'entourant de ses bras réconfortants, en parlant de tout et de rien, comme ils avaient l'habitude de le faire.
Mais le temps est une chose précieuse, qui file entre les doigts... qui nous échappe.
Le soleil commençant doucement à décliner dans le ciel donna le signal pour Anthéa de retourner dans sa prison dorée.
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Dans son regard - Brandon
Ficción históricaAngleterre, XIXe siècle. Ils n'étaient pas désirés, ils n'ont pas été aimés. En route vers la résidence de campagne de son père, la fille du duc de Bellington pense enfin entrevoir le bonheur. Si elle a perdu depuis longtemps l'espoir d'être aimé, A...