Courir dans les champs ? Baliverne ! Anthéa se traitait d'idiote pour avoir ne serait-ce que penser cela. Elle avait passé son temps enfermée dans la salle d'étude qui était encore plus lugubre que celle qu'elle avait abandonnée joyeusement à Londres.
Lorsqu'elle sortait - c'est-à-dire quasiment jamais - elle devait se contenter des pelouses impeccables du jardin, et ceci accompagnée de Bouledogue ! Enfin de son vrai nom Bertha, sa gouvernante. Bouledogue, c'était le surnom que lui avait attribuée Anthéa, et il lui aillait drôlement bien !
Cette femme était un vrai chien de garde, même si elle n'en avait pas l'air. Stricte, hautaine avec Anthéa, elle ne s'était pas attirée sa sympathie, loin de là. Anthéa ne pouvait rien faire sans qu'elle ne soit là.
Anthéa soupira longuement.
Elle était confinée ici depuis déjà un mois, et tout ce qu'elle faisait c'était étudier... Étudier, encore et toujours étudier.
Pff...
Elle rêvait de pouvoir sortir dehors. Mais son père avait décrété qu'elle devait rester au château, ne sortir sous aucun prétexte, et bla-bla-bla... à croire que la peste courait !
Sortant de ses pensées, elle fixa d'un air morose la feuille sur laquelle elle s'appliquait à écrire les lettres de l'alphabet. Passionnant me direz-vous.
Relevant la tête pour regarder Bouledogue, elle constata avec surprise que cette dernière s'était endormie dans un grand fauteuil.
Comment ai-je fait pour ne pas m'en rendre compte, avec le bruit qu'elle fait ? Ses ronflements doivent s'entendre jusque dans l'aile ouest du château !
Anthéa pouffa silencieusement. Au moins, elle avait momentanément la paix.
Elle s'apprêtait à se replonger dans son travail quand une idée germa doucement, mais sûrement, dans son cerveau.
Redressant avec lenteur la tête, Anthéa fixa la fenêtre qui se trouvait devant elle. Il faisait un temps superbe.
Non... ce ne serait pas raisonnable...
Elle pivota sur sa chaise, se mettant ainsi face au dossier. Puis, elle observa succinctement à sa gauche Bouledogue, avachie dans son fauteuil, ronflant avec une élégance disons... particulière ; puis, à sa droite, la porte close... la porte vers la liberté.
Son cerveau se mit à réfléchir à vive allure. Devait-elle rester sagement dans sa salle d'étude pour travailler ou saisir cette chance unique afin de faire ce qu'elle languissait de faire depuis... depuis toujours en fait ?
Quelqu'un de raisonnable aurait choisi sans hésitation la première option... Mais un enfant n'avait pas à se soucier de cela, n'est-ce pas ?
Alors, c'est sans plus hésiter qu'Anthéa se leva de sa chaise pour gagner la porte à pas de loup.
Elle se figea en entendant Bouledogue bouger légèrement, avant de reprendre sa respiration bruyante.
Anthéa laissa échapper un petit soupire, rassurée, avant de tourner délicatement le bouton de la porte. Elle l'entrouvrit, et passa sa tête dans le couloir.
Personne.
Alors, sans plus attendre, elle sortit, referma avec précaution la porte derrière elle, avant de filer comme une voleuse dans le couloir.
Anthéa gagna sans problème l'une des nombreuses portes qui, elle le savait, la ramènerait dehors. Elle descendit les marches de l'escalier en colimaçon deux par deux, en prenant soin de se maintenir avec le mur de pierres. Il était hors de question que son escapade s'avère être un échec uniquement parce qu'elle aurait été incapable de mettre un pied devant l'autre !
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Dans son regard - Brandon
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Ils n'étaient pas désirés, ils n'ont pas été aimés. En route vers la résidence de campagne de son père, la fille du duc de Bellington pense enfin entrevoir le bonheur. Si elle a perdu depuis longtemps l'espoir d'être aimé, A...