Allongés dans l'herbe tendre, profitant des rayons du soleil pour se sécher, Anthéa et Brandon se reposaient tranquillement.
Anthéa se sentait fière d'elle, fière d'avoir enfin réussi à aller dans le lac après cinq ans. Certes, elle avait toujours peur et lui faudrait du temps pour la vaincre, mais avec Brandon elle s'en sentait capable.
Anthéa jeta un coup d'œil à Brandon. Dire qu'ils se connaissaient depuis cinq ans... enfin, connaître était un bien grand mot. Il faut dire que même maintenant qu'il savait parler, Brandon ne souhaitait pas parler à Anthéa de lui-même, de son passé. Comme il se plaisait à le lui répéter « sa vie avant elle n'avait aucune importance puisque sa vie avait véritablement commencé avec elle ».
Anthéa sourit en y pensant. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se poser des questions. Selon elle, les années qu'il avait passée avant de la connaître étaient importantes pour mieux le comprendre.
— Brandon... Parle-moi un peu de ta vie d'avant.
Ce dernier leva un sourcil interrogateur, lui signifiant clairement « c'est-à-dire ? »
— Je parle de ta vie en France.
Brandon se rebrunit immédiatement. Ce n'était pas la première fois qu'elle lui posait la question. Mais il avait toujours refusé ne serait-ce que d'évoquer sa vie avant sa rencontre avec Anthéa. Pour lui, cette partie de son existence n'était pas digne d'intérêt. Sa vie n'avait selon lui prit un sens que le jour où il avait fait la connaissance d'Anthéa. Sans elle, il était une coquille vide, se refermant sur elle-même pour se protéger du reste du monde.
— Il n'y a rien à en dire.
— Bien sûr que si. C'est quand même ta terre d'origine, la terre de tes ancêtres. Tu n'es pas triste d'avoir quitté ton pays ?
— Ce n'est pas mon pays.
Anthéa secoua la tête.
— Pourquoi tu dis ça ? Tu n'aimes pas la Fran...
— Je suis anglais.
— Oui, ça je le sais Brandon. Je ne suis pas idiote même si beaucoup le pensent. Ce que je veux dire c'est que tu es d'origine française et que...
— Non Anthéa, je suis anglais.
Comme cette dernière le regardait sans comprendre.
— Quoi ? Mais tu m'avais dit que tu étais né en France et...
— Mes parents étaient britanniques. Ma mère est venue en France pour accoucher, elle m'a confié... non elle m'a abandonné à un orphelinat français. Je ne suis jamais resté très longtemps au même orphelinat. Où que j'aille, les enfants se moquaient de moi, me critiquaient, m'excluaient. J'étais à leurs yeux un fils de noble qui n'avait pas sa place parmi eux, et un péché.
Brandon se tut brusquement. Il venait de parler d'une traite.
Anthéa ouvrit ses yeux tout grands. Elle ne s'attendait pas à ça...
— Mais... et ton père... il n'a rien dit ?
Brandon fixa l'horizon, puis déclara en soupira :
— Je ne sais pas grand-chose de mes « parents ». Tout ce que je sais c'est qu'ils font partie de la haute société, que ma mère ignore qui est mon père et qu'elle me déteste.
— Mais attends... ça veut dire que...
— Je suis un enfant illégitime, termina durement Brandon.
Même si Anthéa le savait déjà et qu'elle avait réagi selon lui mieux qu'il n'aurait pu l'espérer à ce moment-là, ce fait restait pour lui douloureux.
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Dans son regard - Brandon
Ficción históricaAngleterre, XIXe siècle. Ils n'étaient pas désirés, ils n'ont pas été aimés. En route vers la résidence de campagne de son père, la fille du duc de Bellington pense enfin entrevoir le bonheur. Si elle a perdu depuis longtemps l'espoir d'être aimé, A...