Chapitre 4 - partie 1/3

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Anthéa ne quittait pas des yeux l'horloge.

Encore une minute, elle mordilla sa lèvre inférieure... Trente secondes, elle gigota sur sa chaise... Dix secondes, ses doigts se mirent à tapoter la table vernie... Cinq secondes, elle était prête à bondir... Une seconde...

Elle se leva d'un bond, manquant au passage de renverser sa chaise.

— C'est l'heure !

Bertha poussa un petit hurlement étrange.

— Nom de Dieu, Anthéa, vous m'avez fait une peur bleue ! Ne criez pas comme cela !

Anthéa ne releva pas.

— Allons y.

— Attendez un instant. Je souhaite terminer ma revue.

Anthéa jeta un coup d'œil à ce qu'elle lisait, enfin plutôt feuilletait : un magazine de vêtements pour lady. Hors de question d'attendre davantage, surtout pour quelque chose d'aussi futile.

— Mais, Madame, vous aurez tout le temps qu'il vous faut pour le finir après m'avoir déposé à mon cours. D'autant plus qu'à présent, vous avez deux heures de libre supplémentaire.

Bouledogue posa sa revue mondaine sur la petite table basse.

— Je trouve tout de même étrange que votre éducation nécessite deux heures de cours supplémentaires. Êtes-vous sûre de ce que vous avancez ?

— Absolument.

— Hum... le pasteur aurait pu me prévenir lui-même. Cela fait à peine une semaine que vous avez commencé à suivre des cours avec lui qu'il prend déjà l'initiative de vous rajouter deux heures. Je trouve cela un peu précipité.

Anthéa se mordit la lèvre inférieure.

— Ça ne change pas grand-chose deux heures... et il a dû se dire que cela pourrait m'être... bénéfique.

Bouledogue posa un regard soupçonneux sur la jeune fille qui, pour ne pas se trahir avec ses yeux, s'empressa de se diriger vers la porte.

— Vous savez quoi ? Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais vous accompagner. Je pourrais ainsi m'entretenir avec le pasteur. Après tout, c'est mon rôle en tant que gouvernante.

Anthéa se stoppa instantanément. Il ne fallait pas qu'elle vienne ! Dans le cas contraire, elle aurait tôt fait de découvrir le pot aux roses. Il fallait qu'elle se débarrasse d'elle, surtout que Brandon l'attendait. Elle l'avait blessé une fois en ne venant pas alors qu'il l'attendait, elle ne comptait pas recommencer.

— Euh... ce n'est vraiment pas nécessaire. Je peux très bien m'y rendre avec le cochet.

— J'insiste.

Anthéa ne put s'empêcher de l'imaginer comme un serpent se faufilant sournoisement sur ses pas. Méchant serpent. Très méchant serpent.

Elle se força néanmoins à lui adresser un semblant de sourire.

Bertha passa devant elle pour gagner la porte.

Se retournant, Anthéa ne put résister à l'envie de lui tirer la langue dans son dos. Mais quand le chien de garde se retourna vers elle, elle s'empressa de ranger sa langue, l'air de rien.

Bouledogue pinça ses lèvres.

Anthéa était dans de beaux draps. Comment allait réagir le pasteur quand sa gouvernante lui parlerait d'un arrangement dont il n'avait même pas connaissance ?

Je pense, très fortement, que je suis mal là.

L'attelage s'arrêta dans la cour au-devant de la paroisse du pasteur.

Dans son regard - BrandonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant