Comme à chaque fois : des bruits de pas précipités dans le couloir, la porte qui s'ouvrait à la volée, Anthéa qui faisait son entrée dans le bureau du pasteur en arborant un immense sourire, et enfin le moment où elle disait son nom en avançant vers lui.
Brandon avait l'habitude, c'était toujours ainsi depuis un moment déjà. Et cela avait toujours eu le même effet sur lui... mais aujourd'hui, c'était différent. Il était légèrement stressé tandis qu'il ne lâchait pas une feuille de ses mains.
Quand les bruits de pas se firent entendre, il sentit le stress monter en lui au rythme des pas sur le sol.
Lorsque la porte s'ouvrit il sentit son cœur s'emballer.
Au moment où elle fouilla la pièce du regard comme à son habitude, à la recherche de son ami il prit une grande inspiration.
Dès qu'elle l'aperçut, elle s'élança vers lui en courant, un grand sourire aux lèvres pendant qu'elle s'exclamait joyeusement faisant naître un sourire au coin de ses lèvres :
— Brandon !
Remarquant qu'il tenait ses mains derrière son dos, la fixant lui aussi avec un sourire, elle posa sur lui un regard curieux.
— Qu'est-ce que tu caches ?
Avant qu'il ne puisse lui apporter des réponses, le pasteur entra à son tour dans la pièce.
— Bonjour Anthéa.
— Oh, bonjour oncle Fred !
Frederick s'avança vers eux en arborant lui aussi un grand sourire. Il adorait le surnom que lui donnait Anthéa depuis peu, comme s'il était une famille.
— Brandon a fait d'énormes progrès en écriture, il maitrise toutes les lettres de l'alphabet. Ce matin, il a même écrit son premier mot. Une grande première.
— Oh ! Je suis tellement contente pour toi Brandon ! s'exclama la jeune fille. Est-ce que je peux voir ?
Brandon observa les yeux d'Anthéa briller d'impatience et de joie. Cela réduisit à néant ses doutes. Même maladroite, il voulait qu'elle voie son écriture, son premier mot.
Il hocha sa tête, et lui tendit la feuille qu'il cachait dans son dos. Un simple mot y était écrit.
Anthéa observa la feuille les yeux ouverts de stupeur et d'émotion. Elle n'arrivait pas à croire que c'était ce mot que Brandon avait choisi d'écrire en premier.
— Tu... tu as écrit mon prénom ?
Brandon hocha de nouveau de la tête, bien que regardant ses pieds. Il espérait qu'elle n'allait pas trouver son écriture trop maladroite. Le pasteur lui avait affirmé que c'était parfait, mais l'avis d'Anthéa avait beaucoup d'importance à ses yeux.
Il retint un instant son souffle lorsqu'il sentit Anthéa se jeter littéralement sur lui pour le serrer dans ses bras.
— Merci Brandon. Maintenant, je trouve que mon prénom est vraiment joli... Grâce à toi.
Brandon sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine. Anthéa était fière de lui. Et à présent, alors qu'il serrait Anthéa contre son cœur, il était fier de lui.
Oui, il ne l'aurait jamais cru, mais Brandon était fier de lui... Grâce à elle.
*
* *Marchant côte à côte en direction de l'orphelinat, Anthéa et Brandon restaient tous deux silencieux.
Ils avaient fini un peu plus tôt leurs leçons avec « oncle Fred » comme aimait l'appeler Anthéa. De son côté, Brandon continuait à l'appeler Monsieur Iviston, même après les heures passées avec lui à suivre des cours lorsque Anthéa n'était pas là.
Grâce à lui, Brandon avait l'occasion de s'améliorer en anglais, doucement, mais sûrement, sans parler de la complicité qui se nouait petit à petit entre eux. Pour la première fois dans sa vie, Brandon avait un homme comme model, qui le traitait comme il s'occuperait de son propre enfant. Et cela touchait profondément Brandon, même s'il ne le montrait pas.
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Dans son regard - Brandon
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Ils n'étaient pas désirés, ils n'ont pas été aimés. En route vers la résidence de campagne de son père, la fille du duc de Bellington pense enfin entrevoir le bonheur. Si elle a perdu depuis longtemps l'espoir d'être aimé, A...