CHAPITRE 11 (1/2)

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IEMA

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IEMA

Sunharbor portait relativement mal son nom. Il y avait effectivement un port qui accueillait les navires du monde entier. Cependant, pas de soleil à l'horizon. Toute l'année, seul un brouillard insipide qui se transformait bien trop souvent en intempéries. A moitié cachée dans le creux d'une falaise immense, la ville côtière était constamment battue par le vent froid et la pluie salée. Les fortifications qui l'entouraient ne pouvaient contrer les colères des tempêtes.

Iema avait un mauvais pressentiment. Malheureusement pour elle, son instinct était très souvent infaillible. Elle avait dans le cœur une petite alarme qui se mettait à crier lorsqu'elle était vraiment en danger. Et plus ils s'approchaient de la cité, plus l'alarme s'intensifiait. Mais peut-être n'était-ce simplement dû qu'à l'atmosphère de la ville côtière.

Là où Draciennes était noble et bien éduquée, Sunharbor était plutôt ... rustre et sauvage. Comme le port amenait avec lui un bon nombre de voyageurs, il n'était pas rare de croiser des brigands, des pirates, ou des vendeurs d'esclaves. Cette simple pensée faisait frissonner Iema.

Entre les fortifications infranchissables résidaient également la possibilité de faire fortune, et cette simple promesse attirait les artistes et les marchands. Ils performaient ou exposaient à chaque croisement, espérant qu'un riche passant les couvre de richesse. Les rues de la petite cité étaient donc constamment envahies de musiques et de couleurs, contrastant ainsi avec la criminalité et la morosité que le brouillard apportait.

Et puis, pire que les brigands et les marchands, les militaires. L'école militaire se trouvait à mi-chemin entre la Foret des Âmes et l'entrée de la cité. Ces derniers avaient renoncé depuis bien longtemps à faire régner la paix. Sunharbor ne serait pas Sunharbor sans les scélérats qui la remplissaient. Et puis, ils étaient souvent bien trop occuper à écumer les bars, plutôt qu'à essayer d'honorer leur métier. La milice grimienne n'avait jamais été réputée pour son assiduité. Et c'était d'ailleurs peut-être pour cette raison que les voleurs du Parchemin Sacré avaient pris cette direction.

Iema aurait d'ailleurs sans doute fait la même chose qu'eux. Ici, les gardes ne se poseraient jamais la question de leur présence. De plus, ils pourraient rapidement sauter dans un navire marchand si les choses se corsaient. Seul problème ... Les choses s'étaient déjà corsées. Iema était persuadée que Fil-de-Fer prendrait le large, à la seconde même où il arriverait dans la cité. Impératif, donc, de se dépêcher pour intercepter le bougre avant qu'il ne se volatilise dans l'immensité de ce monde à sa portée. Il fallait rejoindre Sunharbor, et ce, le plus rapidement possible.

Seulement, quelques jours de marche les séparaient de leur destination. Jours qui se rythmèrent par un silence envahissant. Nael ne parlait pas, perdu dans ses pensées. Je n'imaginais pas qu'il savait penser, ricana intérieurement Iema. Et même quand elle tenta de le faire sortir de ses gonds, le soldat ne lui adressa qu'un regard blasé.

Et pas question de parler à Caelum ! Après les mots qu'il avait prononcé, hors de question de lui rendre ses œillades au coucher de soleil ou ses sourires volés à l'obscurité.

Après trois jours de marches intensives, rythmaient par ce fameux silence, ils décidèrent d'établir un camp à la lisière de la forêt. Déjà, le soleil baissait dans le ciel. Les arbres denses les cacheraient bien des regards indiscrets. Et des regards, ils y en avaient. Un regroupement de tente coloré s'étendait tout autour des fortifications de la cité. Probablement des artistes, ou des marchands.

Iema n'avait juste pas imaginé qu'il y en aurait autant.

Intrépide, elle se risqua à s'approcher prudemment. Elle avait planqué son visage sous sa capuche adorée. Elle aimait le confort de l'obscurité. En silence, elle se glissa entre les tentes des marchands, écoutant les banalités qu'ils s'échangeaient. En plissant les yeux, elle réussit à remarquer au loin la raison de ces rassemblements. Des soldats gardaient l'entrée des fortifications, un air féroce sur le visage. Ils ne laissaient entrer personne, sans contrôler leurs papiers d'identité.

Bien sûr ... La nouvelle du vol du Parchemin Sacré s'était déjà répandue. La milice les cherchait. La jeune femme pesta intérieurement. Ils n'auraient pas pu trouver un autre moment pour faire correctement leur travail ?!

« Comment allons-nous rentrer dans la ville ? » demanda Nael avec fatalité, quand Iema leur relata ce qu'elle avait observé.

Son teint était toujours aussi verdâtre que lors du reste du voyage. Il ressemblait à un fantôme. Ou un mort-vivant pas très convaincant. Elle était à la limite de s'inquiéter pour lui. À la limite. À la place, elle se contenta de lui lancer une petite pique pour voir s'il réagissait enfin.

« Tu n'es pas allé à l'école militaire à Sunharbor, Shah ? Tu ne peux nous trouver un moyen d'y entrer ? » ironisa Iema.

Elle avait conservé sa froideur, surtout vis-à-vis de Caelum. Cependant, elle ne pouvait empêcher son sarcasme légendaire de ressortir de temps en temps. Mais la réaction qu'elle obtint l'agaça profondément.

« Ne comptez pas sur moi. »

Pas un sourire sur son visage. Pas de grimace face à son commentaire. Le soldat était resté aussi imperturbable que du marbre. Pourquoi est-ce qu'il ne réagissait plus ? Elle venait de perdre son joujou préféré ! Agacée, elle détourna les yeux. Son regard accrocha les couleurs qu'il percevait au loin. Comme le soleil se couchait déjà, quelques grands feu de bois avaient été allumé. Déjà, le langues de feu posaient sur les voyageurs des regards curieux.

Caelum sembla suivre la direction de son regard, puisqu'il s'exclama subitement :

« On pourrait se faire passer pour une petite troupe d'artistes. »

Elle tourna la tête dans sa direction. Nael l'imita, posant un regard dubitatif sur lui. Face à la brûlure que provoquèrent leurs regards, le prince baissa les yeux.

« Je ne veux pas me montrer pessimiste ... » commença Iema en croisant les bras sur sa poitrine. « Mais nous n'avons pas tellement la dégaine d'artistes. Et puis, tu sembles oublier que ton visage est facilement reconnaissable. »

Piqué à vif, Caelum croisa les bras sur sa poitrine. Dans ses iris, une étincelle étrange fit son apparition. De la douleur. Le cœur de la jeune femme se serra à l'idée qu'elle l'avait froissé. Puis, elle se souvint de ses mots. Et ces bons sentiments s'estompèrent.

Elle s'en fichait pas mal de le blesser. Après tout, il l'avait fait en premier.

« Ils ne sont pas obligés de nous croire ! Une fois qu'on est rentré dans la cité, on se met à la recherche du Parchemin Sacré. »

C'était la pire idée que Iema avait jamais entendu. Cependant, impossible de penser à un autre plan d'action. S'ils ne voulaient pas perdre le Parchemin Sacré, ils devraient entrer dans la cité. Et ce, le plus rapidement possible.

« Ce n'est pas une mauvaise idée. » commença Nael, en se frottant le menton.

Et voilà que le soldat prenait la défense de son amie. Elle réprima une grimace agacée.

« Pour le visage de Caelum, il suffirait de le camoufler. Puisque tu es une si célèbre voleuse, tu ne vois pas d'inconvénient à aller voler un masque pour qu'il puisse passer incognito ? »

La jeune femme plissa les yeux. Nael avait subitement perdu la neutralité qui animait ses traits. Une lueur de défi brillait dans ses iris. Enfin, il se réveillait. Loin d'être piquée à vif par sa petite remarque, elle se contenta d'un sourire suffisant.

Son meilleur ennemi, son joujou, son Némésis, reprenait enfin du poil de la bête. Et elle ne voulait pas en manquer une miette !

« Je peux m'occuper de ça, oui. »

D'IRE ET DE BRAISES - Tome 1 : le parchemin sacréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant