Peut-on renier les pouvoirs que nous possédons depuis la naissance ?
Caelum est le prince héritier du royaume de Grim. Et comme chaque membre de la famille royale, il est également un Draig. Il a le pouvoir de se transformer en dragon ou d'en utili...
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ZOIA
Trois regards étonnés se tournèrent simultanément vers elle. Elle mentait. En toute impunité. Mais son sourire assuré ne tressaillait pas, jamais. D'ailleurs, personne ne sembla vouloir la détromper. Ils hochèrent donc la tête, se rapprochant imperceptiblement de la jeune femme.
Le garde leva les yeux au ciel, tout en croisant les bras sur sa poitrine. Ce dernier avait déjà contrôlé Zoia la veille. Elle tenta de faire abstraction du regard qu'il lui lança. Il semblait, apparemment, la reconnaitre.
« Je ne savais pas que vous aviez ajouté un cracheur de feu à votre spectacle. »
Zoia lui fit un sourire éclatant, accompagné d'un clin d'œil assuré. L'homme s'empourpra. Elle réprima la puissante nausée qui lui remonta le long du gosier.
« C'est pour le suspens ! »
Le garde leva les yeux au ciel, avant de les intimer à avancer. Avec un grand sourire, elle se retourna et prit la direction de la cité. Elle tourna cependant juste la tête, pour s'assurer que les trois idiots la suivaient. Le Shaolan était le premier, et il lui lançait un regard étrange. Son cœur se mit à accélérer rapidement. Ce n'étaient pas les mêmes regards que ceux dont elle se souvenait. C'était étrange. Différent.
Elle détourna alors les yeux. De toute manière, ils pénétraient enfin dans la cité. Le Shaolan pressa le pas, pour marcher à sa hauteur. Il lui offrit un sourire en biais, qu'elle s'efforça d'ignorer. Cœur, ça suffit, râla-t-elle intérieurement.
« Merci. »
La voix de l'homme exprimait une profonde gratitude. Pas question de se laisser attendrir, pourtant. Elle se retourna brutalement, manquant de se faire percuter par le shaolan. Elle darda sur les trois aventuriers un regard accusateur.
Mains sur ses hanches, elle leva le menton, prête à attendre le mensonge qu'ils allaient lui raconter.
« Garde tes remerciements pour plus tard, shaolan. Explique-moi plutôt qui vous êtes et qu'est-ce que vous venez faire à Sunharbor. »
L'étranger sursauta, comme piqué à vif. Il jeta un coup d'œil à ses compagnons, avant de prendre rapidement leur défense.
« Nous ... sommes des artistes qui espérons faire fortune à Sunharbor. »
Comme tout le monde, ricana intérieurement Zoia. Pourtant, elle pressentait le mensonge dans sa voix. Et dans la façon qu'avaient eu ses deux amis de baisser imperceptiblement la tête. Il mentait très mal. Ou alors, elle observait très bien.
« Vous n'avez pas vraiment l'allure d'artistes, si vous voulez mon avis. »
Zoia croisa les bras sur sa poitrine. Elle ne jugeait, en général, jamais les apparences, mais là ... Un grand gringalet avec un masque ridicule ? Une jeune femme qui ne cachait à peine le malaise que lui procurait cette situation ? Et cet idiot de Shaolan qui essayait de réparer les pots cassés. Ils étaient ridicules.
Adorablement ridicules.
Zoia ne pouvait résister à la curiosité qui lui démangeait les doigts. Elle voulait en savoir plus sur ce trio improbable.
« Je ... »
L'homme perdait ses mots.
« Tu, tu, tu ... ? Tu devrais voir la tête que tu tires. »
C'était amusant de se moquer de lui. Elle aimait bien la façon dont son charmant visage se brisait pour afficher son désarroi. Elle aurait pu continuer toute la journée, juste pour le plaisir de le regarder se décomposer. Cependant, il n'était pas le seul à afficher une mine de trois kilomètres. Les deux autres, bien que restés en retrait, semblaient aussi troublé que lui. Qu'est-ce qu'ils pouvaient donc bien cacher qui les terrifiait à ce point-là ?
Mais la petite voix dans sa tête la morigéna intérieurement. Elle avait enfin réussi à se débarrasser du fardeau qui l'accablait, ce n'était pas pour s'encombrer avec un nouveau. La tentation était forte, mais elle résisterait.
« Détendez-vous. Vos secrets ne me sont d'aucunes utilités. » souffla-t-elle finalement. « Vous devriez voir vos têtes .... Si blancs, qu'on dirait que vous venez de voir un dragon ! »
Si sa curiosité râla quelques instants, elle ne revint pas sur ses propos. Elle n'avait vraiment pas envie d'être confrontée à ce qui tracassait les aventuriers. Elle était mieux à l'abri des secrets. Pourtant, elle ne pouvait effacer complètement la curiosité qui reviendrait la taquiner si des nouveaux silences s'installaient.
« Zoia, où étais-tu ?! »
Elle sursauta brusquement, surprise par la voix de Donovan. Elle se souvenait maintenant du fait qu'elle avait complètement oublié de le prévenir de son absence. Elle se retourna alors dans la direction, et lui adressa un grand sourire.
« Juste-là, Donovan. » répliqua-t-elle en écartant légèrement les bras, comme si de rien n'était.
Donovan leva les yeux au ciel, agacé. Il en faisait toujours trop, d'après Zoia. Elle n'était plus une petite gamine qu'on devait constamment surveiller, constamment protéger. Elle était grande, forte, et parfaitement indépendante.
« Je t'ai cherché parto-... »
Donovan s'interrompit brusquement.
« C'est qui, eux ? »
Son regard avait vrillé. Maintenant, on y lisait de la méfiance. Zoia se retourna alors vers les trois compagnons, qui n'avaient pas bougés d'un poil. La fille semblait encore plus pâle qu'avant. Zoia ne s'en formalisa même pas.
« Il s'agit des nouveaux artistes arrivés à Sunharbor. Et tu ne devineras jamais ? Ils m'ont demandé de se joindre à notre petit numéro. »
Un petit silence accompagna sa remarque et elle observa fièrement la stupeur qui se peignit sur les trois visages. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres. Donovan, quant à lui, refléta l'incompréhension du trio.
« Quoi ? Mais je -... »
Zoia interrompit brusquement Donovan en levant la main. Pas besoin que le colosse commence à poser des questions maintenant. Elle lui fit cependant un clin d'œil, promesse muette d'une explication qui viendrait plus tard dans la journée.
« Allez, suivez-moi ! J'ai entendu du coin de l'oreille que l'un crache du feu ... J'espère que ce n'est pas un mensonge non plus. »
Sans attendre, elle se mit en marche. L'heure de leur petit numéro approchait déjà, et elle se réjouissait de monter à nouveau sur la roue, pour tourner, tourner, tourner.
