CHAPITRE 18 (2/3)

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IEMA

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IEMA

Le murmure du vent la réveilla. Elle releva brusquement la tête, paniquée, avant de se rendre compte que le décor avait totalement changé. Elle se trouvait ... au milieu du désert, dans une tente colorée. Un souvenir, se rendit compte Iema. Cependant, elle avait suffisamment ruminé le passé pour savoir qu'elle ne se souvenait pas de ce moment en particulier. Peut-être un de mes souvenirs perdus. 

Un rire cristallin attira son attention. Elle tourna lentement la tête, avant de se figer totalement en remarquant la présence d'un petit garçon au milieu de la tente. Liv devait avoir quatre, peut-être cinq ans. Une boule d'émotions lui noua la gorge. Avec le temps, le visage de son petit frère s'était effacé de son esprit. Dans ce souvenir-là, son regard était vivide, son sourire éclatant. Elle avait envie de passer la main dans ses cheveux foncés, aussi droit et fin que les siens, comme pour se rappeler ce contact qu'elle n'avait pas eu depuis des années.

Liv était occupé à dessiner sur un tissu coloré. Les arabesques couvraient noblement l'intégralité du textile. Il avait beaucoup de talent pour son âge. Elle repéra l'atelier de tissage derrière elle, près de la porte d'entrée, et elle s'approcha prestement, caressant le petit siège en bois. Iema sentit ses doigts picoter, au souvenir de la tisseuse sous ses doigts. Maman ... Aurait-elle l'occasion de revoir son visage, également ?

Un éclat de voix provenant de l'extérieur attira son attention. Son cœur s'emballa, croyant d'abord reconnaitre le ténor de son père, avant de se rendre compte que les mots étaient prononcés avec un fort accent. Les personnes qui s'étaient introduits dans le campement n'étaient pas des membres de la Tribu du Soleil. Et ils ne leur voulaient probablement pas que du bien. Mue par un sentiment d'urgence, elle se retourna et se précipita vers son petit frère. Essayant d'adopter un visage mesuré pour ne pas l'inquiéter, elle s'agenouilla près de lui.

« Liv, on va jouer à un jeu, toi et moi. Ça s'appelle le roi du silence. Tu dois te cacher et rester le plus silencieux possible. Et même si tu entends du bruit, je veux que tu restes dans ta cachette. »

Le gamin avait plongé ses grands yeux noirs dans les siens. Son beau visage s'était crispé, et Iema n'aimait pas cette expression sur le petit minois de son frère. Elle aurait voulu le serrer dans ses bras, le rassurer en lui disant que tout irait bien. Elle ne pouvait pas. Les souvenirs affluaient en même temps qu'elle les revivait. Et ces hommes ... Son âme lui hurlait de s'éloigner le plus loin possible, mais elle ne pouvait pas laisser Liv tout seul.

« Quand est-ce que le jeu, il sera fini ? » demanda-t-il en la scrutant de ses grands yeux.

Elle leva la main, et ébouriffa lentement les cheveux de son frère. Ce simple geste lui procura des frissons. Elle avait l'intime conviction qu'elle ne reverrait pas Liv de sitôt.

« Quand maman et papa viendront te trouver. Mais pour ça, il faut que tu restes le plus silencieux possible. »

Le petit garçon hocha la tête, compréhensif. Il se leva et tendit la main. Iema s'en empara rapidement, et le mena vers le fond de la pièce. Il y avait des piles de grandes caisses en bois où s'entassaient tous les tissus brodés. Les doigts tremblants, la jeune femme déchargea une première caisse, pour laisser son frère s'y cacher. Ce dernier y grimpa, et se recroquevilla dans un coin. Son regard était déchiré par la peur. Peut-être bien qu'il avait compris la situation, après tout.

« Et toi, tu s'ras où, Iem ? »

Iem. Le surnom lui brisa le cœur, mais elle sourit, comme si de rien n'était. Elle laissa une dernière fois ses doigts s'aventurer dans ses cheveux ébouriffés.

« Pas loin. J'irai juste me cacher ailleurs. »

Le petit garçon baissa les yeux. Il ne dit rien de plus, mais Iema devina à son expression qu'il avait peut-être compris la gravité de la situation, après tout. Son petit frère avait toujours brillé par son intelligence.

« Ne m'oublies pas. »

Elle aurait voulu dire autre chose, mais sa gorge était nouée. Elle aurait voulu lui dire qu'elle l'aimait, qu'elle pensait toujours à lui, à maman, à papa. Mais le temps était son ennemi. Les voix se rapprochaient, elle les entendait.

Elle referma le petit couvercle, après un dernier sourire à l'intention de son frère, et elle s'effaça dans l'ombre de la pièce. Elle n'avait qu'à se cacher dans la tente voisine. Elle avait peut-être douze ans, à l'époque de ce souvenir, mais elle n'avait jamais été bien grande. Si elle ne passait plus dans les caisses en bois, elle pourrait sûrement se cacher sous l'énorme tisseuse de sa tante.

Quand elle sortit de la tente, le silence était omniprésent. Elle tendit l'oreille, pour s'assurer que les hommes n'étaient pas dans la rue, et elle s'élança à toute vitesse vers la tente en face.

Sa course s'arrêta brutalement dans le torse d'un homme. Iema chuta brutalement sur le sol, et poussa un petit cri de douleur en se réceptionnant sur le dos. Elle leva alors un regard terrifié vers l'homme. Ce dernier était aussi grand et impressionnant qu'un colosse. Ses yeux polaires étaient braqués dans ceux de la gamine.

La jeune fille n'avait jamais vu un regard comme celui-ci. Elle n'avait jamais vu un colosse de glace comme lui non plus. L'homme, pourtant, ne semblait pas vouloir esquisser le moindre mouvement. Il la regardait fixement. La culpabilité déchirait son visage.

Une voix interrompit brusquement le silence. Totalement focalisée sur la présence de l'homme, Iema n'avait pas entendu les bruits de pas qui se rapprochaient.

« J'ai entendu un cri, Donovan, est-ce que tout va...? Oh!  »

A la vitesse de l'éclair, le colosse de glace s'était jeté sur la jeune femme, et il lui avait brusquement attrapé le poignet. Avec une facilité déconcertante, il l'avait soulevé du sol, à bout de bras. Il l'agitait désormais à l'intention de son compagnon. Sur son visage, plus de culpabilité. Juste de la brutalité.

« J'en tiens une. »

Sa voix était grave et bourrue, sans intonation aucune. Le nouvel arrivant, quant à lui, se fendit d'un sourire tandis qu'il approchait d'Iema. Il se pencha pour approcher son visage, et passa ses doigts sur sa joue. Iema réprima un frisson de dégout. Ces hommes ... Qu'est-ce qu'ils lui voulaient ?

« C'est parfait. Regarde-moi ce visage ... Je me la ferai bien avant qu'on la ramène au pays ! »

La panique explosa brusquement dans les veines de Iema. Avait-elle bien entendu ? Ses oreilles bourdonnaient, elle ne pouvait plus réfléchir. Elle essaya de tourner la tête, de se débattre pour esquiver la présence de ces doigts sur sa peau, mais son mouvement de recul ne fit qu'accentuer le sourire du deuxième homme.

« Pas touche, l'ami. Tu sais très bien qu'on n'a pas le droit de toucher les esclaves. »

Le nouvel arrivant se releva alors, perdant son sourire. Il haussa les épaules avant d'accorder son attention à son compagnon, qui tenait toujours la jeune femme à bout de bras.

« Dommage. J'attendrai qu'elle soit vendue à une maison close. »

L'instant d'après, il réaccordait son attention à Iema et son pied fusait, visant la tête. Le choc fut rapide, brutal. Et tandis que la jeune femme sombrait dans l'inconscience, sa dernière pensée s'orienta vers la seule chose qui la préoccupait plus que son propre sort. 

Liv

D'IRE ET DE BRAISES - Tome 1 : le parchemin sacréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant