CHAPITRE 34 (1/2)

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ZOIA

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ZOIA


Ses yeux s'ouvrirent péniblement. Immédiatement, une lumière blanche l'aveugla, lui forçant à les refermer précipitamment. Elle leva la main devant son visage, s'abritant des rayons insistants du soleil. Puis, elle tenta à nouveau de lever ses paupières. Cette fois-ci, la lumière lui sembla bien moins aveuglante, même si elle cligna tout de même des yeux plusieurs fois avant de s'y accommoder totalement. Enfin, elle baissa sa main et observa l'endroit où elle se trouvait.

Zoia était couchée sur un banc en pierre sablonneuses. Son dos, raide, souffrait encore de la sieste inconfortable. Elle se trouvait dans une petite pièce ovale, enfermée par des murs à l'apparence aussi austère que son lit de fortune. En face d'elle, s'infiltraient des raies de lumières d'une haute lucarne. À travers l'ouverture, elle entendait la mélodie du vent. Mais hormis cela ... Pas un seul son.

La jeune femme se leva prestement, pour s'approcher de la fenêtre, chassant la désagréable sensation qui lui remonta le long des jambes et de la colonne vertébrale.

Il régnait dans la pièce une chaleur incommensurable. Le soleil avait chauffé les pierres, gardant la chaleur à son intérieur. Et puis, il n'y avait pas un seul courant d'air frais pour rafraichir la chambre. Au moindre mouvement, elle transpirait. L'intégralité de son corps se couvrait déjà d'une fine pellicule de sueur. Pourtant, cette moiteur ne l'empêcha pas de s'approcher de la fenêtre. Une fois devant, elle se mit sur la pointe des pieds. Ses yeux dépassèrent à peine le bas de la lucarne. Elle ne voyait pas grand-chose. Mais suffisamment pour qu'elle reconnaisse le paysage qui l'entourait.

Du sable. Du sable à perte de vue. Et rien d'autre. Il n'y avait que des dunes dorées, et les quelques excroissances qui les bombaient.

Son cœur se mit à battre à tout allure dans son corps. Elle avala difficilement sa salive. La chaleur, soudainement, lui sembla encore plus difficile à supporter.

Derrière elle, la porte en bois s'ouvrit brusquement, provoquant un courant d'air chaud que la jeune femme apprécia tout de même. Son soulagement ne dura pas longtemps. Son père venait de rentrer dans la pièce.

Zaros Bolkiah avait dardé un regard sombre sur elle. La jeune femme frissonna, et détourna la tête pour fixer le sol. Elle se sentait mal à l'aise en sa présence. Plus encore que sa présence, c'était aussi la façon qu'il avait de la regarder qui la dérangeait. Elle n'avait jamais vu cette expression dans le regard de son père. Et c'était peut-être ce qui l'effrayait le plus, finalement. Une petite voix dans sa tête lui hurlait de s'éloigner de lui, et de fuir à nouveau, dès qu'elle le pourrait. Pourtant, une autre voix, plus insistante, ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il se cachait derrière l'air trouble de son paternel. Et juste aussi simplement que cela, la curiosité de Zoia était piquée.

« Zoia, tu es enfin réveillée. » commença alors son père, en étirant le coin de ses lèvres en un rictus.

Le dégout remonta dans la gorge de la jeune femme, mais elle le camoufla derrière un masque de tranquillité.

« Où sommes-nous ? » demanda-t-elle, en regardant autour d'elle.

« Tu sais très bien où nous sommes. »

Le ton froid de sa voix la gifla. Lentement, elle déglutit, baissant les yeux sur ses pieds comme une enfant grondée. Son père avait raison. Elle savait très bien où elle se trouvait. Elle avait simplement espéré qu'il lui donne une réponse plus agréable à entendre.

Le Puys des Sables étaient un massif volcanique qui se tenait à l'extrémité du territoire hélian. Perdu au milieu du désert, il n'y avait rien, ni personne, à des kilomètres à la ronde. Seule. Zoia était seule ici, complètement seule... Et elle ne pourrait jamais s'échapper. Une chappe de plomb lui retourna les intestins, et elle se força à respirer correctement.

Zaros, indifférent à sa souffrance, lança à ses pieds un petit baluchon de vêtements.

« Prépare-toi rapidement. Il y a quelqu'un qui t'attend en bas. »

La jeune femme hocha la tête. Son père tourna les talons, la laissant seule avec ses ressentiments. Elle n'avait pas envie de découvrir qui était son invité. Mais son esprit et ses pensées s'assemblaient toutes, pointant vers une seule et unique personne. Elle savait très bien qui l'attendait.

Le cœur au bord des lèvres, elle réprima la nausée qui lui brûlait la gorge. Elle était seule ici, complètement seule. Personne ne viendrait jamais la chercher. Donovan ... Son cœur se serra quand elle pensa à Donovan. Son ami, son grand frère, devait être en train de retourner ciel et terre pour la récupérer. Pourtant, ici, elle savait très bien qu'il ne la trouverait jamais.

Et c'était peut-être pour cette raison-là que Zaros avait choisi la Citadelle.

Zoia n'avait qu'une envie : se hisser sur le bord de la fenêtre et se laisser tomber en contrebas. La vie n'avait plus de sens, si elle était à nouveau emprisonnée. Elle avait déjà vécu cette vie, et n'en voulait plus !

Elle voulait sa liberté !

Pourtant, la fuite n'était pas une option. Elle ne survivrait pas dans le désert. Et les chances de croiser les caravanes des marchands étaient faibles. Il ne lui restait plus qu'une option ...

Forte de sa nouvelle mission, Zoia s'évertua à chasser l'angoisse de son visage. Elle se pencha, attrapant les vêtements que son père lui avait laissé. Elle posa le petit baluchon sur le lit de pierre, avant de grimacer en tirant une petite robe d'été.

Zoia détestait avoir la peau dénudée. Elle détestait les regards que l'on posait trop souvent sur sa peau d'ébène, ou sous les jolis formes qu'avait pris son corps au fil des années. Après sa fuite, elle avait tout fait pour les camoufler. Tunique large, manches longues, pantalon jusqu'aux chevilles, et toujours, toujours quelque chose qui couvrait son décolleté des regards indiscrets. La robe que Zaros lui avait apporté était tout le contraire. Blanche, et avec de fines bretelles, elle ne lui serrait peut-être par le corps, mais elle avait l'audace de bien trop dévoiler ses jambes. Zoia se sentait gênée rien qu'à la regarder.

Mais il n'y avait pas que le regard des autres, qu'elle imaginait se poser sur ses jambes, ses épaules, ou la naissance de sa poitrine. Qu'ils les regardent ! Qu'ils les regardent bien. Mais surtout, qu'ils ne dévient pas le regard ... Car quand les bras de la jeune femme étaient nus, les yeux se posaient automatiquement sur les cicatrices qui déchiraient ses bras. Ces petites marques blanches, stigmates de son passé, tranchaient fortement avec la carnation foncée de sa peau. L'horreur se peignait alors dans les regards, suivi d'une pitié qui la dégoutait. Elle ne voulait pas qu'on la regarde avec pitié. En fait, elle ne voulait pas qu'on la regarde, tout court ...

En silence, elle enfila le vêtement. Sans toutes ses couches, elle devait avouer moins souffrir de la chaleur. Mais elle ne pouvait empêcher le malaise de lui coller à la peau, remplaçant la désagréable sensation de transpiration. Du coin du pouce, elle caressa les traces blanchâtres qui zébraient ses bras. La sensation de la peau rugueuse la réconforta dans sa décision.

Zoia ne cesserait jamais de se battre. Jamais

D'IRE ET DE BRAISES - Tome 1 : le parchemin sacréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant