CHAPITRE 2 (2/3)

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IEMA

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IEMA

« Qui es-tu et pourquoi ... Toi  ?! »

La surprise qui se peignit sur les traits du jeune homme effaça complètement sa colère. Un sourire taquin vint même se dessiner sur ses lèvres. Caelum relâcha immédiatement la pression, et elle se releva gracieusement, époussetant la poussière sur sa cape comme s'il ne s'agissait de rien. Lorsqu'elle se retourna vers son ami, elle se délecta une nouvelle fois de l'expression hébété sur son visage.

« Tu m'as attrapé ! » murmura-t-elle, tandis que son sourire s'agrandissait.

Pourtant, Caelum ne souriait pas. Son visage abordait une mine consternée. Il avait, comme pour accentuer son mécontentement, croisé les bras sur son torse. Une petite fossette s'était dessinée sur sa joue, qu'Iema ne put s'empêcher de trouver adorable. Elle se retint bien pourtant de le lui faire remarquer. Tout comme elle prit sur elle pour lui signaler qu'elle avait fait exprès de se laisser l'attraper. En temps normal, elle était insaisissable. 

« Mais enfin ... Iema, qu'est ce que tu faisais au palais ? »

Le visage du prince ne s'était pas déridé. Il semblait vraiment inquiet, ce qui réchauffa légèrement le cœur de la jeune femme.

« J'avais envie de te voir ... » chantonna-t-elle. 

Elle ne mentait pas - elle omettait simplement la vérité. Et puis, si elle n'avait pas eu envie de voir Caelum, jamais elle ne se serait introduite dans la salle des trésors pour observer sa tenue d'apparat ! Cependant, le prince n'était cependant pas obligé de connaitre la véritable raison quant à son escapade au palais.

« Envie de me voir incluait un petit passage par la cuisine du palais, peut-être ? »

Raté. Le jeune garçon avait incliné la tête en direction du sol, un léger sourire sur les lèvres. Un simple coup d'œil vers le baluchon ouvert avait trahi son secret. Iema haussa les épaules. Elle ne voulait pas de sa pitié. Il lui avait maintes fois proposé par le passé de lui apporter de la nourriture, mais elle avait toujours décliné. Sa fierté était trop grande pour qu'elle ose accepter. Elle n'avait besoin de rien, ni de personne. Et tant pis si elle passait quelques jours sans rien à grignoter.

« Depuis quand cela te pose un problème ? » demanda-t-elle, sur la défensive. 

La réponse ne sembla pas satisfaire le jeune homme, qui afficha à nouveau sa mine boudeuse. Il ne la dénoncerait pas, elle le savait bien. Mais cela ne voulait pas dire qu'il cautionnait. Elle le savait aussi et s'en fichait pas mal. 

« Iema ... T'introduire dans le palais n'était pas... »

La jeune femme leva les yeux au ciel, tout en croisant les bras sur sa poitrine. Elle n'était plus une enfant, et Caelum n'était pas son père. Elle était une grande fille. Elle n'avait pas besoin qu'on lui dise ce qu'elle devait faire - et ne pas faire. De plus, elle savait parfaitement les risques qu'elle encourait en s'infiltrant au palais, pas besoin d'un chaperon pour le lui répéter. Elle était libre. Libre comme l'air. Libre comme elle ne l'avait jamais été auparavant. 

Le garçon avait tendance à l'oublier, parfois.

« N'essaie pas de me faire la morale. Que va dire papounet quand il va se rendre compte que son fils héritier s'est volatilisé sous son nez ? »

Le visage de Cal se figea et elle regretta presque immédiatement ses paroles. Ce n'était pas sympa de sa part de mettre ce sujet-là sur le tapis. Elle savait pertinemment les relations qu'entretenaient le père et le fils étaient ... hasardeuses. Au moins, son père est auprès de lui, songea-t-elle un instant avant de culpabiliser immédiatement. Elle n'avait pas le droit d'en vouloir à Caelum pour sa situation à elle. Ce n'était pas sa faute si elle avait perdu ses parents. Au contraire même.

Elle marmonna quelques excuses entre ses dents, essayant tant bien que mal d'oublier l'image qui s'était dessinée dans son esprit. Ses parents. Le visage de maman était flou, comme si sa mémoire avait de la peine à se remémorer des contours de son visage. Il y avait juste son sourire qui était comme dans ses souvenirs. 

Et puis, il n'y avait pas que le visage de maman qu'Iema avait oublié. Elle avait égaré, dans le coin de son esprit, quatre années de sa vie. Elle se souvenait de son début d'adolescence sur les Iles Perdues, dans sa tribu. Elle clignait des yeux, et se retrouvait à Grim avec comme seule trace de son existence un tatouage sur le poignet. 

Caelum reprit doucement, tirant la jeune femme de ses pensées.

« Qu'est-ce que j'aurais fait, moi, si tu avais été attrapée ? »

Quelque chose dans la façon dont il prononça cette phrase fit accélérer le cœur de la jeune femme. Elle se refusa à cette émotion, évidemment, mettant donc ce futile soubresaut sur le compte d'un garde qui venait de passer devant la ruelle. Il était plus simple de refouler ses sentiments, plutôt que de les laisser exploser. Elle ne pouvait plus baisser sa garde à ce point. Elle avait été trop naïve par le passé. Ne faire confiance à personne. Plus jamais. 

« Tu te serais trouvé une autre voleuse. Quoique, pas aussi bonne que moi. » répliqua-t-elle tout de même, ravie de voir un sourire se dessiner sur les lèvres de son ami.

La mine boudeuse de Caelum, celle qu'elle aimait tant avait disparu. Mais ce n'était pas bien grave, car quand il souriait ... 

Quand Caelum souriait, Iema avait l'impression que le monde s'écroulait sous ses pieds. Oh, elle avait essayé de déloger le monstre belliqueux de son estomac, mais ce dernier s'obstinait et rugissait chaque fois qu'elle croisait le regard caramel du prince.

L'un comme l'autre connaissait les risques. Une aventure amoureuse était prohibée. L'un était un futur roi, une tête à couronne ; l'autre une voleuse sans vergogne, une tête à problème. Ils n'étaient pas compatibles. Mais ni l'un ni l'autre ne se sentait de couper les ponts. Ils n'en parlaient jamais, car la parole était devenue inutile entre eux depuis bien longtemps.

Le silence s'était installé. Iema n'aimait pas les silences. Ils lui rappelaient des choses dont elle ne voulait pas se souvenir. Elle ferma lentement les yeux, essayant de se focaliser sur les battements de son cœur. Peut-être que Caelum remarqua son trouble, car il prit rapidement la parole.

« Pourquoi est-ce que tu voulais me voir ? »

Sa voix était douce, et Iema s'y raccrocha pour ne pas sombrer. Elle força même un sourire sur ses lèvres. Il y avait bien longtemps qu'elle était devenue maitresse dans l'art de camoufler ses sentiments.

« Il faut une raison pour avoir envie de te voir ? » demanda-t-elle, mutine.

Caelum sourit. Le cœur de la jeune femme fit une puissante embardée. Boum, boum, boum. Elle se maudit intérieurement. Non, non, non et non. C'était interdit !

« J'ai trouvé quelque chose. Suis-moi. » continua-t-elle calmement, sans laisser transparaitre le combat qui se jouait dans sa tête. 


***

Chapitre plus court ce soir ! J'espère qu'il vous plaira quand même ! 

Bonne semaine à tous et à bientôt ! 

D'IRE ET DE BRAISES - Tome 1 : le parchemin sacréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant