CHAPITRE 27 (2/2)

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CAELUM

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CAELUM

Un sentiment que Caelum ne connaissait pas. Jamais, jusqu'à présent, n'avait-il ressenti pareille colère. L'intégralité de ces cellules s'embrasèrent, et un brasier de haine lui déferla dans les veines. Au milieu de cette colère, un éclair de lucidité. Il se rendit alors compte de quelque chose qu'il repoussait depuis bien trop longtemps, désormais.

Drakkan n'avait jamais eu d'emprise sur ses sentiments.

Il était maitre de ce qu'il ressentait.

Et ce, depuis le premier jour.

Et les sentiments qu'il nourrissait pour la jeune femme, bon sang ... Comment avait-il pu la repousser pendant autant de temps ?

Caelum était irrémédiablement amoureux d'Iema.

Et c'était cet amour, cette dévotion, qui brisa ainsi ses dernières volontés.

« Je le ferai pour toi, Iema. » souffla-t-il entre ses dents, fermant les poings.

Il ferma les yeux. Souffla lentement. Et céda.

Son corps implosa. Le pouvoir inonda ses veines, et un goût amer lui macula les dents. Il se transformait enfin, après tant d'années. À l'intérieur de son esprit, Drakkan poussa un hurlement terrifiant. Enfin, la bête s'échappait de sa prison dorée. Cependant, pas question de céder le contrôle à son hôte. Cette fois-ci, Caelum garderait un contrôle entier sur la totalité de ses actions.

Il avait déjà fait cette erreur par le passé.

Il ne la commettrait pas une deuxième fois.

Pourtant, la douleur de la transformation faillit faire voler cette obstination en éclat. Quand ses membres commencèrent à se déchirer, laissant place à la musculature dragonienne et aux écailles métalliques, Caelum faillit tomber dans l'inconscience. Bon sang. Il avait oublié à quel point la transformation était douloureuse.

Mais il était plus fort que la douleur. L'amour lui donnait des ailes. Iema lui donnait des ailes. Et pour elle, il serait prêt à affronter toutes les souffrances qu'il devrait traverser.

Ses vieux réflexes revinrent rapidement. Il se souvint des techniques que son père lui avait enseigné pour pallier la sensation. Il suffisait de mordre très fort dans la chair de sa joue, pour oublier la déchirure dans ses membres. Alors Caelum planta ses dents. Un gout métallique lui envahit la bouche.

Du sang.

Il ne se focalisa pas sur cette désagréable sensation sur sa langue. Déjà, son dos s'ouvrait de manière à libérer sa longue queue noire et ses ailes majestueuses. Sa chair se recouvrait lentement d'écailles d'obsidiennes, et la puissance inondait ses veines.

Ce pouvoir-là était puissant, rassurant. Il se sentait invincible. Et pour la première fois depuis une éternité, la petite voix ostensible de son esprit se tut. Ainsi que les doutes qui lui prêtaient sa voix.

En paix.

Il ne le méritait pas. Mais il la sentait tout de même, comme une allégresse dans ses veines. Profitant de ce pur sentiment de confiance, Caelum acheva enfin sa transformation. De son corps humain, il ne restait plus rien. S'éleva alors un énorme dragon noir au regard furibond.

Comme il s'était transformé dans le couloir, il était relativement passé inaperçu. Les soldats avaient concentré toute leur attention sur Iema. Parfait. Caelum profiterait de cette erreur pour sauver la dragonne.

Il secoua les pattes, chassant la sensation de picotement qui les parcourait. Il était étrange de se sentir à nouveau dragon. Le prince héritier avait fait le deuil de sa deuxième identité, mais s'étonnait de remarquer qu'elle lui avait manqué. Il aimait être un dragon. Il aimait la puissance que Drakkan lui procurait. Posant ses iris désormais dorées sur la petite cour, il analysa rapidement la situation. Il devait agir, et rapidement. À partir du moment où il serait remarqué, il perdrait alors son avantage. Tout comme Iema, il savait très bien qu'il serait débordé par le nombre de soldats. Pas question de tomber dans le même piège que la jeune femme.

Son cœur battait puissamment sous ses écailles. Pourtant, il n'hésita pas.

Avec fulgurance, il écarta les ailes et bondit en direction de la dragonne. D'un coup de queue bien placé, il abattit les cinq gardes qui s'occupait du côté droit de son amie.

« Un deuxième dragon ! »

Sans jamais cesser de battre des ailes, il saisit entre ses griffes le rondin de métal retenant le filet d'Iema. Il tira brusquement, et s'envola dans le ciel. Iema poussa un cri déchirant quand les mailles de métal lui arrachèrent des écailles. Le cœur du dragon se serra brusquement, mais il n'arrêta pas pour autant. Il devait la sauver ... coûte que coûte ! Quitte à la blesser.

Une fois suffisamment éloigné de la dragonne, il lâcha le filet qui retomba mollement contre les tuiles de la maison. Puis, il se percha sur l'arête du toit de la partie arrière de la maison, et darda son regard sur les gardes.

« Que quelqu'un aille chercher de nouveaux filets ! » hurlaient certains.

Les filets. C'était ce qu'il voulait éviter ! Quand un détachement s'éloigna en direction de la salle de réception pour aller chercher le seul objet qui leur offrait un avantage, Caelum prit une décision. Tant pis pour sa culpabilité. Tant pis pour son humanité. Ces gens n'étaient pas innocents. Et ces gens avaient blessé sa Iema ...

Il ouvrit la gueule, et de la vapeur s'en échappa. La chaleur diablement reconnaissable lui monta le long du gosier, colorant ses écailles de sa fureur.

« Feu ! À couvert ! »

L'instant d'après, un jet de flamme de flamme ardente fusa dans la direction des malheureux. Ces dernières se tordirent dans un cri silencieux, avant de s'effondrer dans la poussière. Caelum essaya tant bien que mal de ne pas se focaliser sur les corps calcinés et sur l'odeur de roussi qui lui chatouilla les naseaux. Sa puissance, encore au bord de ses babines, ne demandait qu'à être libérée. Il leva alors sa large tête face au ciel, relâchant un hurlement bestial.

« Iema ! » grogna-t-il à l'intention de la femelle.

Cette dernière se relevait lentement, le corps tremblant. Des écailles, translucides, s'écharpaient sur le sol. Quand il se retourna, en direction des autres soldats, le cœur de Caelum s'accéléra. Le bâtiment où se trouvait la salle de réception était en proie aux flammes.

Le parchemin !

Le parchemin se trouvait encore là-bas !

Il fallait que quelqu'un aille le chercher ! Du regard, il chercha dans l'assemblé le contour d'une silhouette familière. Pourtant, ses yeux ne se posaient que sur des visages inconnus. Pas de Donovan. Pas de Nael. Pas de Zoia.

Quand il reporta son attention sur Iema, la femelle s'était enfin relevée.

Cependant, l'étincelle dans son regard avait brusquement changée. Il n'y plus aucune trace d'humanité ...

La femelle poussa un feulement alarmant, posant ses deux iris électriques sur le dragon noir en face.

Il n'y avait plus d'Iema.

Et la femelle chargea. 

D'IRE ET DE BRAISES - Tome 1 : le parchemin sacréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant