CHAPITRE 27 (1/2)

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CAELUM

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CAELUM

Son cœur s'était arrêté.

Tout simplement.

Cette robe était ... Bon sang, il n'avait même pas les mots pour décrire la beauté transcendante d'Iema. Résultat, il avait passé le début de sa soirée enfermé dans une moiteur désagréable. Cette dernière s'était seulement volatilisé lorsqu'il avait enfin pris son courage à deux mains et qu'il avait invité la belle jeune femme à danser.

Pourtant, le valse lente ne lui permit pas de retrouver ses mots.

Il avait prévu de s'excuser. Sincèrement. Il avait même préparé des phrases à l'avance pour éviter d'être livré à sa terrible improvisation. Pourtant, les paroles lui avaient fait défaut au moment où il avait posé ses mains sur les hanches de Iema.

Il était resté silencieux. Toute. La. Danse. Non pas car il le voulait. Mais car aucun son ne sortait de sa bouche quand il l'ouvrait. Et il n'avait pas osé compter le nombre de fois où il avait essayé. Et puis, quand il n'était pas transi face à sa belle robe, ou à la façon dont le drapé retombait le long de son corps, c'était dans son regard qu'il se noyait. Ce soir, ses deux iris avaient quelque chose d'hypnotisant.

Il avait eu le malheur de les croiser, et son cœur avait fait des pirouettes.

Sincèrement, Caelum ne comprenait plus rien à ce qu'il ressentait. Il essayait de repousser Iema, car les soubresauts de ses organes ne lui appartenaient pas. C'était Drakkan. Uniquement Drakkan. Et il avait tendance l'oublier. Pourtant, il devenait fou. La chaleur agréable sous la pulpe de ses doigts. Le souffle de la jeune femme contre son cou. Ses lèvres ourlées, qui l'appelaient. Fou.

Caelum devenait fou.

Et avant qu'il n'ait le temps de prononcer les excuses qu'il avait tant travaillé, la danse était finie.

Et Iema s'éloignait déjà.

Le prince héritier n'eut pas d'autre choix que de la suivre. Cependant, son esprit, lui, était resté emprisonné sur la piste de danse, assaillie par les souvenirs intemporels de cette intimité partagée. Il n'avait qu'à peine prêté attention à la conversation que s'échangeait Iema et Donovan. Ses yeux étaient braqué sur le dos d'Iema. Il se demandait ce qu'il aurait ressenti s'il avait osé bouger ses mains. D'abord, la soie contre ses doigts, puis, enfin la chair découverte de la demoiselle, qui l'appellait et ne demandait qu'à être caressée.

Cette robe l'obsédait.

Ou alors était-ce Iema.

Et puis, brusquement, le dos d'Iema avait disparu de son champ de vision.

Il s'était brutalement réveillé, tournant la tête dans toutes les directions pour essayer de regarder où elle s'était volatilisée. Et puis, les secondes s'accélèrent. Il tenta de la suivre, mais plus rien dans son corps ne répondait. Pas une cellule, un muscle, un nerf.

Il ne pouvait plus bouger.

Et là, tout au fond de lui, Caelum sut.

Avant même d'entendre le hurlement de la cloche et la vocifération de la bête, il sut.

Que quelque chose n'irait pas.

Qu'Iema ne reviendrait pas.

Son corps récupéra toute sa mobilité lorsqu'il entendit le cri de la dragonne. Il bondit en avant, paniqué, avant de se retourner vers Donovan et de lui lancer un regard fiévreux. Son cœur se mis à palpiter. Pourquoi est-ce qu'Iema s'était changée en dragon ? Est-ce que quelque chose de grave lui arrivait ?! La panique lui faisait envisager le pire.

Déjà, il n'arrivait plus à respirer, à penser. Il devait ... Protéger Iema coûte que coûte ! Il ne laisserait rien ni personne faire du mal son amie !

Malheureusement, il finit par comprendre qu'il arrivait trop tard.

Il arriverait toujours trop tard.

Iema était déjà blessée. Jusqu'à la moelle. Le pire ? Tout était sa faute. Il n'avait fait que d'appuyer dans cette blessure, avec son silence et son indifférence. Il voulait se venger de ceux qui la torturaient, mais était le premier à le faire.

Il était vraiment le dernier des abrutis ... Et le mot était faible.

Des milliers de mots se bousculaient dans sa tête. Il réussit à percevoir l'ébauche d'une excuse, l'ébauche de sa culpabilité. Mais au milieu de ce joyeux bordel, il y en avait un qui méritait son unique attention.

Iema.

Dans la salle de réception, des murmures angoissés passaient de bouche en bouche. Beaucoup de regards terrifiés. Iema. Bientôt, les invités seraient évacués. Il ne fallait pas risquer qu'ils se retrouvent à la merci de la dragonne. Iema. Mais Caelum s'en fichait pas mal de ces gens. Il n'y avait plus qu'Iema qui comptait.

« J'y vais. » souffla-t-il en direction de Donovan.

Ainsi que le Parchemin Sacré.

« Occupe-toi du parchemin. »

Le colosse de glace hocha la tête. Caelum ne remarqua cependant absolument pas son mouvement. Il avait jeté un regard par la fenêtre, et son cœur s'était arrêté. Un énorme dragon était en train de livrer un ultime combat contre des dizaines de soldats.

La bête était magnifique.

Un éclair zébra le ciel, illuminant la cour. Les écailles d'ivoires reflétèrent alors la lumière. Mais ce n'était pas sa stature gigantesque ou sa robe opalescente qui attira particulièrement l'attention du prince héritier. Ce fut plutôt les deux globes oculaires de la dragonne, surmontée d'iris d'un bleu électrique. Au travers de ce regard, une étincelle d'humanité brillait toujours fortement. Iema avait réussi à garder le contrôle. Pour combien de temps cependant ? Déjà, elle se faisait acculer par les gardes.

Les jambes de Caelum se mirent en action immédiatement. Il ne pouvait pas laisser Iema se battre toute seule. Il devait l'aider. Il devait la protéger. Bondissant en avant, il s'engouffra dans la foule. Les invités, paniqués, courraient dans le sens contraire. Caelum devait jouer des coudes pour passer. Il avait l'impression de se faire engloutir par cette marée humaine. Pas question de reculer pourtant. Iema avait besoin de lui.

Elle était son pilier, son phare au milieu de la tempête. Et Caelum ne laisserait jamais la lumière s'éteindre.

Quelques longues secondes s'écoulèrent jusqu'à ce qu'il arrive enfin à se traverser de la foule déchainée. Sans prendre le temps de reprendre sa respiration, il se précipita dans le couloir, cherchant une ouverture dans les murs. Les mètres semblaient se rallonger sous ses pieds. Son cœur battait le tambour de guerre.

Quand il trouva enfin un endroit où le mur était cassé, il osa jeter un regard, et se figea brusquement.

Non ! Il arrivait trop tard !

La dragonne était affaissée sur le flanc. Les hommes étaient déjà affairés à clouer l'imposant filet de métal contre le sol, l'empêchant totalement de bouger. Le prince reconnut alors la silhouette de Faure, et avisa son pied fermement enfoncé contre la gueule de la bête. La douleur se lisait dans le regard d'Iema, et une larme de dragon, unique, coula entre ses écailles.

Puis, la stupeur laissa place à un autre sentiment. 

D'IRE ET DE BRAISES - Tome 1 : le parchemin sacréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant