Chapitre 20-2

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— Pas plus qu'une sorcière qui se met tout a coup à déblatérer les secrets de son convent à un loup-garou et sans l'accord de sa grande prêtresse !

J'avais reconnu sa voix avant qu'il n'entre dans la pièce et je senti Lyn se tendre à mes côtés lorsque Thomas s'approcha et entraîna Nicolas dans une brève accolade.

— C'est un cas de force majeure, se justifia Azaldée et il a beau être un loup-garou, je lui fais confiance.

— Une chose est certaine, je ne vous contredirais pas sur ces deux points. Mais insinuer qu'il existerait un complot entre des sorciers noirs et des loups-garous devant ces derniers, c'est un peu gonflé quand même, vous ne trouvez pas ?

— Je n'accuse personne, je dis juste que c'est une drôle de coïncidence... et qui êtes-vous d'ailleurs ?!

— C'est l'un de nos alliés, répondit Nicolas à la place de Thomas. Qui n'est, d'ordinaire, pas aussi suspicieux et désagréable avec les inconnus, ajouta-t-il d'un ton dubitatif en interrogeant le métamorphe du regard.

Il avait raison, ce comportement agressif et provocateur ne ressemblait pas à Thomas, pas plus que l'aura électrique qui l'entourait. Lui qui était toujours si calme et maître de lui avait du mal à maintenir son bouclier et sa colère crépitait autour de lui comme un nuage d'orage. Il était de mauvais poil et il avait du mal à le cacher.

— Nicolas a raison, finit-il par approuver dans un soupir en se tournant vers Azaldée. J'ai eu quelques jours... difficiles mais je n'aurais pas dû passer mes nerfs sur vous et je m'en excuse.

— Pas de problème, répondit-elle.

— De toute manière, après ce qu'il vient de se passer, on ne peut plus parler de coïncidences. D'abord Ivory et Kane alliés à des sorciers du sang et maintenant ça...

— Attendez ! Qu'est-ce que vous appelez des sorciers du sang ? demanda Azaldée, encore plus blanche que cinq minutes auparavant.

— Des sorciers capables de contrôler totalement d'autres être vivants par le biais d'un sort spécifique associé au sang de l'être en question.

— Oui, on les appelle les chamans. Mais même si leur magie à a voir avec le sang, ils n'ont rien de maléfique, au contraire.

— Même s'ils s'en servent pour asservir et contrôler des êtres humains ? Des loups-garous en l'occurrence.

— C'est impossible !

— Alors là, je peux vous certifier le contraire, intervint Luc d'une voix sinistre. J'ai été sous leurs contrôles avant que Rose et Nicolas ne parviennent à nous en délivrer et... aucun mot ne peut décrire le sentiment d'impuissance et de solitude que l'on ressent lorsque l'on n'est plus aux manettes. C'est... maléfique, il n'y a pas d'autres mots.

Azaldée le fixait, les yeux écarquillés, comme s'il venait de lui pousser une deuxième tête.

— Pourtant vous nous avez protégé lors de notre fuite dans le jardin du manoir, m'étonnai-je à mon tour. Comment avez-vous pu contrer leurs sorts si vous ne connaissiez pas leur magie ?

— J'ai juste jeté un sort de protection général, finit-elle par me répondre en avalant bruyamment sa salive. D'ailleurs il n'aurait pas fonctionné si ces sorciers vous avez ciblé spécifiquement.

— Ils ciblaient Nicolas, je l'ai senti, affirmai-je.

— Normal, je suis le seul dont ils aient le sang.

— Tu crois que c'était un piège spécifique à ton encontre ? demanda Thomas en s'adossant au mur.

— Oui et non. Je crois surtout qu'ils espéraient pouvoir prendre le contrôle de tous mes loups à travers moi.

— Mais dans quel but ?

La question plana dans l'air exempte de toute réponses. Car qu'aurions-nous pu dire ? A chaque semaine, jour et heure qui passaient, de nouveaux problèmes surgissaient. Tous plus inquiétants et étranges les uns que les autres et nous avions beau nous creuser la cervelle, aucune des pièces de ce puzzle cauchemardesque ne semblaient coller avec les autres. L'écran plat toujours accroché au mur s'alluma brusquement nous fit tous sursauter, éclairant brièvement la pièce d'une lueur bleuâtre inquiétante. Storm, qui se tenait dans l'embrasure de la porte la télécommande à la main, fixait l'écran pour le moment zébré d'interférences d'un regard grave.

— Idées ou pas, nous allons devoir trouver des réponses et très vite, car la situation actuelle ressemblera au paradis à côté de ce que ce monde risque de devenir dans quelques jours, dit-il alors que l'image se stabilisait affichant le sourire glossé d'une journaliste surmontant le bandeau déroulant annonçant un flash spécial.

Le souvenir du visage souriant de Kane apparaissant sur ce même écran des mois auparavant me revint, se superposant au teint de pêche de la présentatrice. Je dus forcer pour le balayer de mon esprit et me concentrer sur les mots qui sortaient des hauts parleurs et semblaient sidérer tout le monde.

« ... le haut conseil d'urgence mondial se réunira demain pour soumettre aux votes la loi vermine. Ce projet de loi, élaboré au départ pour faciliter le travail des forces de l'ordre, s'est progressivement mué en un permis de tuer pur et simple, affirment ses détracteurs. En effet, la nouvelle proposition stipule que si, lors d'un délit avéré, le ou la contrevenante est identifié comme étant un métamorphe, les représentants de la loi l'ayant interpelé auront le droit de l'abattre sans sommation. Ce projet qui avait soulevé un tollé il y a de cela à peine quelques semaines, rencontre de moins en moins de résistances suite aux attaques sauvages ayant eu lieu un peu partout sur la planète ces derniers jours. Il est plus que probable que le haut conseil approuve la loi vermine, demain, lors du vote... »

Décidemment, cette télé nous porte la poisse ! furent les premières pensées qui percutèrent mon esprit traumatisé. Autour, personne ne parlait, trop sonnés et affligés pour faire autre chose que fixer l'écran ou le vide en silence. Storm coupa le son mais les mots de la présentatrice ne cessaient de s'entrechoquer sous mon crâne, dansant une sarabande macabre qui me donnait la nausée.

— Vous étiez au courant de ce projet de loi ? demanda finalement Thomas. Et c'est quoi cette histoire d'attaques partout dans le monde. Je suis les infos presque en continu et je n'ai jamais entendu parler de ça !

— Nous non plus, affirma Nicolas. Comment l'as-tu su ? demanda-t-il à Storm.

— Par les canaux de la police. Ce projet de loi est à l'étude depuis les premières attaques et les débordements et bavures qui en ont résulté. Ils voulaient surtout la faire passer pour dédouaner les flics qui avaient fait du tir aux métamorphes, mais jusqu'à maintenant la plupart des membres du conseils ne voulaient pas en entendre parler.

— Mais depuis, il y a eu de nouvelles attaques, résuma sinistrement Thomas en montrant l'écran toujours allumé d'un geste de la main.

Même sans le son, les images étaient plus qu'éloquente et ne laissait guère de doute sur le résultat du vote du lendemain. A l'écran ce n'était qu'une succession de scène d'émeute, de chaos et de gens ensanglantés et paniqués pleurant et hurlant ou faisant la queue devant des hôpitaux surchargés.

— Pourquoi n'en entendons-nous parler que maintenant ? demanda Lyn d'une voix blanche.

— Parce que les attaques ont presque toutes eu lieu en Europe.

— Aucune sur notre sol ? s'étonna Luc. Pas que je m'en plaigne, mais c'est curieux quand même.

Nicolas croisa mon regard l'espace d'une seconde et à l'éclair de frayeur qui traversa ses yeux, je sus que nous avions eu la même pensée.

— Abby ! exhalâmes-nous en chœur dans un souffle atterré.

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Hello ^.^

Désolée d'avance s'il reste des fautes, je n'ai pas eu le temps de me relire :-) Petit et dernier message pour vous dire et vous rappeler que le chapitre précédent repassera en brouillon avant minuit. Il vous reste quelques petites heures pour en profiter ^.^

Des bisous et bon week-end <3 <3<3

Lupus NostrumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant