*En ligne jusqu'au samedi 01 Mai*
Nous mangeâmes et bûmes notre thé, qui se mariait aussi bien avec le salée qu'avec le sucré, dans un silence monacal mais étrangement reposant. Riwanon nous accompagna dans ce repas improvisé, ne nous accordant pas plus d'attention que cela, visiblement perdue dans ses pensées. Dès que le dernier d'entre nous reposa son bol vide, elle se leva et nous l'imitâmes tous dans un bel ensemble, avec plus ou moins de grâce, il faut bien l'avouer. Tout ce protocole surréaliste aurait dû m'alarmer, ou a tout le moins me stresser, mais au contraire, je me sentais détendu et étrangement zen. Tout comme mes compagnons qui ne sursautèrent même pas lorsqu'une inconnue arriva d'une porte invisible, aussi silencieusement qu'un chat.
— Comme Azaldée va rester près de moi pour me rapporter les dernières nouvelles, c'est Éole qui va vous conduire à vos quartiers provisoires. Maintenant que nous nous sommes rencontrés officiellement, vous devriez observer certains... changements intéressants, nous dit-elle avec un sourire énigmatique.
Dès que nous refranchîmes les portes, l'aura de calme qui nous entourait s'évapora subitement et nous échangeâmes tous des regards interrogateurs et inquiets. Mais le bon sens ne fut pas la seule chose qui nous revint, la fatigue et les douleurs aussi. Lasse de ces tours de passe-passe magique, j'étais prête à faire demi-tour et à aller demander des réponses immédiate à Riwanon lorsque nous pénétrâmes de nouveau dans le hall d'entrée.
Cette fois-ci plus d'atmosphère mystique et glaciale. La pièce était la même, mais avait aussi subtilement changé. Plus de brume flottant comme un mirage sur le bassin à l'eau cristalline, dorénavant un peu troublé par les algues se développant sur le fond. Les pierres qui entouraient le plan d'eau étaient moussues et des feuilles et des fleurs mortes déparaient la perfection de la petite jungle tropicale. Tout avait un éclat de normalité rassurant. Jusqu'au conversations et aux rires enjoués qui s'élevaient des bancs où étaient assis plusieurs personnes qui nous saluèrent d'un signe de la main lorsque nous passèrent devant eux.
— Riwanon vous a identifié comme des invités, nous expliqua Éole avec un sourire. Le sort d'illusion est levé et vous verrez à présent les lieux et les personnes tels qu'ils sont réellement.
— Ma question va peut-être vous paraître idiote, mais pourquoi tant de précautions puisque vous vivez en vase clos ? demanda Allistaire, qui contemplait cette nouvelle réalité avec autant de stupeur que nous.
— Vous êtes la preuve vivante qu'il nous arrive d'avoir de la visite, répondit la sorcière du tac-au-tac en nous faisant bifurquer à droite dans un nouveau corridor de pierre.
— Cela ne doit quand-même pas arriver tous les jours ?! lui balança-t-il d'un ton caustique, alors que la température chutait sensiblement.
— Nous venons de pénétrer dans l'un des anciens bâtiment du cloitre d'origine, nous expliqua Éole d'une voix digne d'un guide touristique. Ce bâtiment abrite les dortoirs des étudiants et ceux réservés aux hôtes de passage. Ce qui répond en partie, à votre question, ajouta-t-elle à l'adresse d'Allistaire, qui au vu de sa réaction, n'espérait plus vraiment de réponse. Nous recevons des visiteurs extérieurs, essentiellement des sorciers d'autres convents venus étudier certaines de nos techniques.
— La confiance à l'air de régner entre vous ?! ironisa le jeune loup, s'attirant la première réaction naturelle et sincère que je voyais depuis notre arrivée.
Éole s'arrêta, ses longs cheveux blonds ondulant dans son dos lorsqu'elle pivota vers Allistaire, le fixant d'un regard noir.
— Parce qu'elle règne chez les humains, peut-être ? Nous ne faisons que préserver notre intimité, jugeant préférable de ne la partager qu'avec les personnes en qui nous avons confiance...

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Lupus Nostrum
خارق للطبيعةSuite au plan machiavélique de Ivory consistant à lâcher une horde de loup-garou sur les humains, le temps de la conciliation est révolu. Les métamorphes sont désormais traités comme des monstres et des parias et forcés de se cacher ou de se défend...