Chapitre 10-1

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La porte s'entrouvrit à l'instant précis où le regard surpris et interrogatif de Cooper croisait le mien.

— Le démarchage ne nous intéresse pas, fusa une voix séche et mal aimable de travers l'entrebâillement.

— Nous n'avons rien à vendre, Madame, réagit aussi Cooper en s'approchant du battant. Nous sommes envoyés par l'hôpital, pour faire un suivi des victimes des attaques.

Le vantail s'était ouvert dès la mention des mots « Attaque » et « Hôpital » dans la conversation. Une femme d'une cinquantaine d'années, très chic dans son tailleur pantalon coupé sur mesure, se tenait dans l'embrasure. Je sus que j'avais en face de moi la mère d'Abby, rien qu'en croisant son regard brun et chaud, presque identique à celui de sa fille.

— Vous voulez parler des évènements de la seconde révélation ? nous demanda-t-elle, encore un brin suspicieuse. Ma famille n'a été que peu impactée, vous devez faire erreur.

« La seconde révélation », ce terme me fit tiquer et je vis mes camarades se retenir pour ne pas grimacer à son entente. C'était ainsi que l'attaque primaire avait été rebaptiser par les conservateurs anti-métamorphes qui, bien sûr, s'étaient empressés de s'engouffrer dans la brèche bénate et bienvenue qu'on leur apportait sur un plateau. « Seconde révélation », en référence à la vraie nature des métamorphes - selon eux, bien sûr – soi-disant révélée lors de cet acte barbare.

— Nous sommes tenus de visiter toutes les familles dont un membre a été blessé durant les évènements et qui a fait un séjour à l'hôpital. C'est juste pour s'assurer que tout va bien, ajouta Cooper avec son plus beau sourire. Je vous assure qu'il n'y en aura que pour quelques minutes.

La femme hésita encore quelques instants, puis finit par s'effacer pour nous laisser entrer, mais malgré son sourire poli on voyait bien que cela ne lui plaisait pas. Le battant se referma derrière nous dans un claquement sec, se réverbérant dans l'immensité du hall vide et immaculé. Nous la suivîmes jusqu'à l'une des arches en acier menant à un salon tout aussi grand et impersonnel. Les meubles en acier chromé et coussin blanc paraissaient tout droit sorti d'un show-room et n'avoir pas accueilli beaucoup de fessier depuis leurs installations. La maitresse de maison ne nous invitant pas à nous assoir, nous restâmes debout face à elle, l'atmosphère s'alourdissant de secondes en secondes en même temps que sa nervosité augmentait.

— Que vouliez-vous savoir, exactement ? finit par nous demander June Morales, à présent clairement sur la défensive.

— Simplement comment allaient vos filles. Prendre de leurs nouvelles et savoir si elles s'étaient bien remise des évènements ? Pas de séquelles psychologiques ? demanda Cooper le plus naturellement possible.

— Je suis médecin. S'il y avait eu des séquelles, comme vous dites, je n'aurais pas eu besoin de vous attendre pour m'en rendre compte !

La réponse cinglante et condescendante claqua dans l'air comme une gifle, avant qu'elle ne reparte en direction du hall, le claquement de ses talons vertigineux trahissant sa colère. Une fois devant l'arche, elle s'arrêta et se tournant vers nous, nous fit un geste éloquent du bras en direction de la sortie.

— Si c'est tout ce que vous vouliez savoir, je ne vous retiens pas.

— Serait-il possible de parler à vos filles ? ajouta Cooper, une fois de nouveau dans l'entrée.

— Et en quelle qualité ? Vous êtes psychiatre ? lui répondit-elle en ouvrant la porte.

— Urgentiste et j'étais aux premières loges lors des évènements. Ce n'est pas anodin, si l'hôpital a jugé opportun de m'envoyer, moi, répondit-il sans se démonter.

Madame Morales le fixa intensément de ses prunelles insondables. Que cherchait-elle en le dévisageant ainsi ? Je n'aurais pas su le dire, mais son regard ne me plu pas.

— De toute manière, à cette heure de la journée, elles sont en cours, finit-elle par répondre alors que nous passions devant elle pour sortir.

— Oh, mais nous pouvons revenir...

— Ne vous donnez pas cette peine, l'interrompit-elle en nous refermant le lourd battant au nez.

Tandis que nous retournions à la voiture, je dus lutter pour ne pas me retourner, certaine que quelqu'un nous observait. Les quelques mètres à parcourir me semblèrent interminable alors que j'avançais avec les autres, l'air de rien, convaincue que quelque chose clochait grave !

— Et bien, charmant accueil ! siffla Jenny entre ses dents lorsque nous fûmes enfin sortis de la propriété et en vue de la voiture. 

— C'est le moins que l'on puisse dire, lui répondit Cooper, perplexe. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais mais... pas à ça ! Vu l'heure, ce serait peut-être une bonne idée de chercher...

— Stonewall High School, le coupa Storm, les yeux rivés sur son portable. C'est à a peine dix minutes en voiture. Si on se dépêche on pourra l'intercepter avant la reprise des cours.

— Toujours aussi efficace, inspecteur ! s'amusa Cooper en s'empressant de se mettre au volant. Vous aviez fait des recherches en amont ?

— A la seconde où l'on a mis le pieds dans cette propriété. Vous n'avez pas senti ? Tout ce parc pu la magie à plein nez.

— Vous croyez qu'on leur a jeté un sort ? demanda Jenny tandis que Cooper programmait le GPS et sortait du parking.

— Je ne sais pas. Mais cette bonne femme ne me dit rien qui vaille.

— Vous pensez que c'est une sorcière ? demandai-je à mon tour ?

— Non, elle est humaine, me répondit-il catégorique, toujours en train de pianoter sur son smartphone.

— Je ne te savais pas si féru de technologie ! le railla gentiment Cooper, certainement aussi surpris que moi de voir notre loup des cavernes se transformer subitement en accro de l'écran.

— Je suis un fouineur, finit-il par répondre. C'est ce besoin de toujours tout comprendre et décortiquer qui m'a amené au métier d'inspecteur. Je n'aime pas particulièrement les nouvelles technologies mais quel meilleur endroit qu'internet pour déterrer ce que les gens veulent cacher ? demanda-t-il, un sourire retors sur les lèvres.

Nous le laissâmes pianoter et se perdre dans les méandres du web, tandis que nous nous concentrions sur la route. A peine dix minutes s'étaient écoulées lorsque Cooper gara la voiture sur le parking du lycée. Une horde de jeunes s'égaillait sur les bancs, les pelouses et même les trottoirs, profitants des températures encore relativement clémentes pour manger dehors.

— Et maintenant, comment on trouve une ado au milieu d'une centaine d'autres ados ? demanda Cooper en détaillant la foule, découragé.

— En sachant qui on doit chercher, lui répondit Storm, la photo d'une belle jeune femme brune et souriante s'étalant sur l'écran de son téléphone.

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Hello, hello ^.^

Demi-chapitre de transition, donc un peu plus court, désolée :-)

Comme je suis en ce moment en pleine correction de "Whisper" (qui doit sortir en Janvier *o*) Je ne suis pas certaine de pouvoir publier la suite jeudi ^.^ J'essaierai, mais je ne promet rien :-)

Je vous souhaite une bonne soirée et vous dis à très vite <3

Bisous <3 <3 <3

Lupus NostrumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant