— Pfff...
— ça ne va pas recommencer !
L'interjection de Lyn et mon commentaire agacé fusèrent simultanément à peine Nicolas eut-il fermé la bouche. Réprimant autant que je le pus mon irritation, j'avançai de deux pas dans sa direction et plantai mon regard dans le sien avec assurance.
— Même s'il y a quelque chose qui cloche, comme tu le dis, je lui ai promis de revenir la retrouver seule et c'est ce que je vais faire, ajoutai-je avec aplomb et toute la conviction que je ressentais. Je comprends et mesure ton inquiétude mais il serait temps que tu me fasses un peu confiance !
— Et ce n'est pas ouvert à discussion ! ajoutai-je, laissant volontairement fuiter un peu de mon aura alors qu'il ouvrait la bouche, ses traits figés en un masque de détermination buté.
La surprise vint momentanément supplanter les autres émotions lisibles sur son visage. Profitant de cette microseconde d'avantage, je le plantai là en rejoignant la porte à la vitesse de l'éclair avant qu'il ne retrouve tous ses esprits.
— Rose ! gronda-t-il alors que j'ouvrais le battant.
— Je te ferais signe lorsque tu pourras me rejoindre... fais moi confiance... s'il te plait, terminai-je d'une voix plus douce avant de pénétrer dans la pièce.
Cette fois-ci je verrouillai derrière moi avec la clef, que j'avais pris soin d'emprunter au passage, ne réalisant mon manque de civisme qu'à l'instant où l'humidité ambiante me tomba dessus.
— Heu... désolée, j'aurais dû frapper, m'excusai-je à l'instant même où Abby demandait d'une voix tremblante « Qui est là ? ».
— C'est moi, Rose, je ne suis pas revenue trop tôt ? demandai-je en essayant de distinguer quelque chose au travers du Fog ambiant.
— Non, c'est bon, je suis habillée. Pourquoi... avez-vous fermer à clef ?
— Pour tenir ma promesse. Ainsi personne d'autre que moi ne pourra entrer tant que tu n'auras pas donner ton accord. Mais je peux rouvrir si tu préfères ?
— Non, non... comme ça c'est très bien.
Un claquement mécanique sourd, semblant provenir du plafond retentit soudain, lui arrachant un petit gémissement de surprise et de peur mêlés.
— Ne t'inquiète pas, ce doit être la VMC qui vient de se déclencher, lui expliquai-je, me souvenant d'en avoir vu passer au moins deux blocs durant les travaux.
— C'est... c'est quoi ?
— Un système de ventilation et d'évacuation que l'on installe dans les pièces dépourvues de fenêtres ou risquant d'être très humide telles que les cuisines et salles de bains, par exemple, lui expliquai-je, ayant l'étrange impression de m'être transformée en vendeuse de rayon quincaillerie.
Le bourdonnement s'intensifia, semblant répondre à mes paroles tandis que la buée commençait déjà à se dissiper, rendant la petite pièce tout de suite plus respirable.
— Comment vous savez ça ? Vous travaillez dans la construction ?
— Non, je suis curieuse, c'est tout, lui répondis-je en lui souriant doucement. Et toi, tu fais quoi dans la vie ? lui demandai-je, comprenant qu'elle avait besoin d'échanger des banalités pour se rassurer.
— Je... je suis encore au lycée, en dernière année.
Assise sur le lit, vêtue d'un survêtement noir et les cheveux enroulés dans une serviette rose, elle paraissait avoir douze ans ! Les yeux cernés, les mains sagement posées sur ses genoux, elle avait tout de la petite fille sage et perdue. Pourtant, la sauvagerie et l'éclat d'ambre de son regard transformé me revinrent en mémoire. Il serait très facile de la sous-estimer ou de s'attendrir devant son jeune âge et son air perdu. Mais contrairement à ce que semblait penser Nicolas, je n'étais pas naïve – ou du moins, je ne l'étais plus – et même si je ne la pensais pas menteuse, je n'allais pas m'y fier aveuglément non plus.

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Lupus Nostrum
ParanormalSuite au plan machiavélique de Ivory consistant à lâcher une horde de loup-garou sur les humains, le temps de la conciliation est révolu. Les métamorphes sont désormais traités comme des monstres et des parias et forcés de se cacher ou de se défend...