Chapitre 45-2

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*En ligne jusqu'au dimanche 30 Mai*


Elle se laissa tomber sur le sol, les yeux plein de larmes en marmonnant des paroles incompréhensibles. Ne voulant pas affronter le regard de ma mère pour le moment et préférant ignorer l'autre clown toujours en train d'applaudir, je focalisai mon attention sur la métamorphe.

— Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, murmurait-elle en boucle en jetant des regards angoissés et désespérés à l'homme toujours goguenard qui la toisait d'un regard méprisant.

— Comment vous les tenez ? Pour ma mère j'ai une petite idée, mais pour Spéra c'est quoi le chantage ?

— Qui vous dit qu'elles ne m'ont pas rejointe de leur plein grès ?

— Parce que je les connais.

— Ah, oui ?! Pourtant vous avez douté. Je l'ai lu dans vos yeux et vous doutez encore.

— C'est vrai, mais je n'aurais pas dû. Malgré ce que vous les avez sans doute forcé à faire, j'aurais dû garder confiance.

L'éclat qui brilla dans les yeux de Spéra fut le seul signe avant-coureur qu'elle allait passer à l'attaque. D'un mouvement ultra-rapide elle saisit soudain la cheville de l'homme et le déséquilibra tandis qu'elle se relevait dans le même mouvement et visait aussitôt sa jugulaire. Il cria lorsque les dents la métamorphe se refermèrent sur sa gorge mais l'instant d'après il se dégagea dans un grondement sourd et une salve de pouvoir brut.

— Tu n'aurais pas dû faire ça ! susurra-t-il à Spéra d'une voix mauvaise, tandis qu'il la tenait par le cou d'une seule main.

Il l'envoya valdinguer par-dessus l'une des paillasses de l'autre côté de laquelle elle retomba entraînant dans sa chute tout ce qui se trouvait dessus. Tout c'était passé si vite que je n'avais pas eu le temps d'intervenir, pas plus qu'Allistaire et Zal, qui regardait la scène d'un air ébahit. L'homme essuya négligemment le sang qui coulait de la morsure infligé par Spéra, comme si cette dernière n'était qu'une simple égratignure et à pas lent, commença à contourner la paillasse pour rejoindre la métamorphe, un éclat meurtrier dans le regard. Alors qu'il passait devant moi, je m'élançai à mon tour mais ma main n'atteignit jamais sa cible. Comme Zal tout à l'heure, une sorte de champ de force invisible me repoussa. Surprise, je partie en arrière mais Allistaire me rattrapa, m'empêchant de tomber.

— Nous ne savons toujours pas qui vous êtes ? demandai-je pour tenter de le distraire de sa cible.

Il ouvrait la bouche pour me répondre lorsqu'une alarme se déclencha, suivi d'une voix féminine synthétique qui n'aurait pas déparé dans un film de Science-Fiction.

« Faille de confinement Niveau 3 – Faille de confinement Niveau 3 – Protocole de protection et d'évacuation enclenché »

— Qu'est-ce que vous avez fait ?! hurla l'homme, fou de rage, en se précipitant vers la porte par laquelle il était arrivé. 

— Surprise ! lui répondis-je, vindicative en me précipitant à sa suite.

Nous atteignîmes la porte presque en même temps, mais le champ protecteur qui l'entourait m'empêcha de le suivre et le battant se referma devant mon nez, nous piégeant à l'intérieur.

— Putain, mais qu'est-ce qui se passe ici ?! tempêta Zal, debout au milieu de la pièce. Qui sont ces gens et vous, vous êtes... quoi ? Des métamorphes ? Comment tu as fait pour gruger le test médical ? demanda-t-elle à Allistaire, visiblement blessée qu'il lui ait menti.

— C'est un peu plus compliqué que ça, lui répondit-il tandis qu'il aidait Spéra à se relever. Je ne suis pas un métamorphe.

— Mais tu n'es pas humain non plus ?

— Plus maintenant, non. Plus depuis les attaques, lui répondit-il d'une voix grave.

— Si tu n'es pas un métamorphe, alors tu es quoi ?

— Un loup-garou, répondit ma mère d'une voix blanche alors que c'était moi qu'elle regardait.

Zal ouvrit de grand yeux avant d'éclater de rire.

— C'est une blague ?!

— Non, mais ce n'est pas vraiment le moment de parler de ça ! Il y a un moyen d'ouvrir cette porte ? demandai-je en poussant sur le battant, évidemment sans succès, alors que la sirène continuait à mugir nous forçant à crier pour nous faire entendre.

— Non, c'est Junos qui contrôle tout, me répondit ma mère.

— Le type qui était là ? lui demanda Allistaire.

— Oui, c'est le directeur de cet endroit, mais aussi un sorcier noir extrêmement puissant. Lorsqu'il a retrouvé notre trace, je n'ai pas eu d'autre choix que de disparaître, expliqua ma mère d'une voix suppliante en se tournant vers moi.

— Je sais, lui répondis-je un peu froidement en me dirigeant vers l'autre porte.

Nous ne pouvions pas rester là, coincés comme des rats ! Il devait bien y avoir un moyen de sortir d'ici, rageai-je en donnant un coup inutile sur le battant hermétique.

— Ils ont ma fille.

La voix de Spéra très proche et aussi légère qu'un souffle, me surprit et me fit sursauter.

— Elle est humaine, m'expliqua-t-elle, comme la fille de Grant. Elle a vécu avec nous le plus longtemps possible mais l'animosité de certain lui pesait trop alors, elle a décidé de partir vivre sa vie de son côté. A peine deux semaines après je recevais un message, avec photos à l'appuies, me disant que si je ne faisais pas exactement tout ce que l'on m'ordonnerait, ils me la renverrait petit bout par petit bout.

— Pourquoi ne pas en avoir parler à Aaron ?

— Parce qu'ils l'auraient su. Tous le domaine était sur écoute magique.

C'était comme ça qu'ils avaient retrouver ma trace, compris-je soudain. Totalement par hasard !

— Je ne voulais trahir personne, mais ils ne m'ont pas laisser le choix. Je n'ai hésité qu'une seule fois et... j'ai reçu son petit doigts par la poste.

L'horreur se lisait encore dans ses yeux et je compris le dilemme terrible qu'elle avait dû vivre. Forcée de trahir les siens pour sauver sa fille. Personne ne devrait être confronté à un tel choix.

— Comment s'appelle-t-elle ? lui demandai-je en posant doucement ma main sur son bras.

— Luna, elle a vingt-cinq ans et, après ce que je viens de faire, je suis sûre qu'il va la tuer, affirma-t-elle d'une voix tremblante.

— Non, on ne le laissera pas faire ! lui assura Allistaire qui nous avait rejoint. Et, à l'heure actuel, je pense qu'il est bien trop occupé pour tuer qui que ce soit ! essaya-t-il de plaisanter alors que le discours de l'alarme changeait soudain de registre.

« Faille de sécurité niveau 5 – Je répète : Faille de sécurité niveau 5 – Laboratoire P4 non sécurisé – Fuite de matériel biologique possible – Tout le personnel à ordre d'évacuer immédiatement ! Danger biologique possible ! Faille de confinement laboratoire P4 »

Le hululement strident monta encore d'un cran et les sprinklers se déclenchèrent, faisant pleuvoir sue nous une eau froide et chloré. Pas du tout rassurés par l'annonce qui tournait en boucle, nous nous regroupâmes spontanément au centre de la pièce, pile au moment où les deux portes pivotaient sur leur gond dans un bel ensemble. Nous libérant mais nous exposant aussi à ce qui venait d'être libéré, quoi que cela puisse être !

Lupus NostrumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant