Chapitre 1-3

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J'hésitai une fraction de seconde, puis avec un soupir, me résignai à tourner les talons et à rejoindre Lyn. Comme tout ici, nous nous partagions aussi les rénovations nécessaires au nombre croissant d'habitant et même si je ne rechignais jamais à faire ma part, la peinture ça n'avait jamais été mon truc. Je trouvais cela d'un ennui souverain, sans compter que l'odeur de la peinture me montait à la tête plus vite qu'un verre de téquila ! Pourtant, je m'en serais voulu de laisser Lyn terminer toute seule. Mais à mon grand soulagement, lorsque je poussais le battant, je trouvais le Hall vide. Le mur que nous avions commencé était terminé, les pots fermés et les rouleaux et pinceaux soigneusement rincés et entreposés dans un bac couvert d'une bâche de protection transparente. Soit Lyn avait peint plus vite que son ombre, soit mon petit aparté avec Nico avait duré plus longtemps que je ne le croyais.

Contente d'avoir échappé un tant soit peu à cette corvée, c'est d'un pas léger que je comblai la distance séparant le bâtiment principal du domaine de celui, plus modeste, où nous vivions actuellement. Mon ouïe, devenue ultra-fine depuis ma transformation en loup-garou, me permis d'entendre les intonations hostiles des voix résonnant dans le bâtiment de pierre plusieurs mètres avant d'y parvenir. C'est donc tout de suite moins enjoué et d'un geste un peu sec, que j'ouvris la porte d'entrée et pénétrai dans la pièce principale.

Même si nous n'étions qu'au début de l'automne, un feu crépitait déjà dans le poêle noir design, placé au centre de la pièce. Le voir, ainsi que les canapés en cuir et tous les meubles équipant l'endroit, me fit penser à Aaron et mon cœur se serra. Nous n'avions jamais été très proche, mais sa mort aussi brutale, qu'absurde avait laissé un énorme vide dans nos vies et dans nos cœurs.

Les conversations s'étaient tues à mon entrée et c'est presque à contrecœur, que je tournai la tête vers le coin repas. Debout de part et d'autre de la table, Grant et Jenny se fixaient d'un regard acrimonieux.

— Quel est le sujet de votre dispute, cette fois-ci ? demandai-je d'un ton volontairement blasé en me dirigeant vers la cuisine ouverte.

— A ton avis ? ricana Luc en se levant lentement du banc où il était assis.

Le loup blond au regard de glace - ancien porte flingue de mafieux et autres personnes non recommandable - portait encore les stigmates de l'explosion qui avait tous manqué nous tuer quelques semaines plus tôt. Il était passé à deux doigts de la mort et ce n'est que sa volonté, conjuguée à celle de son Alpha, qui l'avait maintenu en vie. Malgré notre capacité de régénération accrue, des stigmates de brûlures déparaient son bras droit, ainsi que l'une de ses joues taillées à la serpe et il boitait toujours légèrement. Ce qui ne l'empêchait pas de porter des tee-shirts à manches courtes, et d'arborer une coupe militaire des plus austère. Il entretenait cet aspect intimidant, encore renforcé par l'expression dure et coléreuse qui ne le quittait presque jamais. Encore convalescent et n'ayant pas fait ses preuves sur le terrain de la loyauté et de la confiance, il restait confiné à la grange - comme il l'appelait - depuis son réveil et cette mise à l'écart forcée lui tapait clairement sur les nerfs !

— Grant, je crois qu'il est avéré que personne ici n'aurait l'idée de faire du mal à ta fille ! énonçai-je dans un souffle agacé tandis que j'enclenchai le bouton de la bouilloire électrique. Nous l'avons assez prouvé.

Le métamorphe me jeta un regard noir en s'asseyant lourdement sur le banc qu'il venait de quitter. Lui aussi, retenu et torturé par Ivory, se remettait lentement de ses blessures autant physiques que psychologiques. Sa communauté ayant été totalement annihilée par Kane et ses sbires, il vivait désormais avec nous même s'il ne cachait nullement son désir de partir.

— Je continue de penser que laisser une humaine au milieu d'une meute de loup-garou est une très mauvaise idée, gronda-t-il en déportant son regard furibond sur sa fille, presque aussi remontée que lui.

— Et je te répète, papa, que j'ai conscience d'avoir agis bêtement et de manière puérile. Cela ne se reproduira plus. J'ai compris mon erreur et me suis assez excusée à ce sujet, je pense ? répondit-elle acrimonieusement en se dégageant du banc qui la gênait pour se rapprocher de moi.

— Ce sont certainement toutes ses bonnes résolutions qui te poussent à séduire un loup-garou ? gronda son père, de plus en plus remonté.

Le rouge monta aux joues de Jenny avant qu'elle ne parvienne à dissimuler sa gêne derrière ses longs cheveux bruns, mais la colère vint remplacer l'embarra presque aussi rapidement.

— Comment peux-tu être au courant ? C'est toi qui lui as dit ? accusa-t-elle Luc en se tournant vers lui.

— Ouh là ! Je te prierais de me laisser en dehors de ça, ma belle ! M'est avis que c'est plutôt ton boy-scout de petit ami qui a vendu la mèche. Ce gamin est trop honnête pour son propre bien, ajouta-t-il pour lui-même.

— Parce que vous étiez tous au courant ? tempêta Grant, se relevant une nouvelle fois, si brusquement que le banc glissa sur le parquet dans un raclement assourdissant.

— Nous faisons partie de la même meute ! s'esclaffa Luc d'un ton ironique. Et certains d'entre nous se sentent obligé de tout partager.

Je restai un instant interdite, la bouilloire à la main. Jenny n'avait jamais caché son désir de devenir l'une d'entre nous, au point de se comporter comme une idiote écervelée. Mais depuis les attaques sauvages contre les humains et la convalescence de son père, elle paraissait plus mûre et réfléchie. Du moins, c'est ce que je croyais, me dis-je en sentant la colère enfler en moi en même temps que mon instinct protecteur d'Alpha.

— Ne me dit pas que tu tentes de séduire Cooper ? l'accusai-je d'une voix légèrement grondante en reposant violement la bouilloire sur le plan de travail en granit.

— Je ne tente de séduire personne ! s'indigna Jenny en me lançant un regard blessé. Cooper et moi on s'est toujours bien entendu et le fait qu'il soit un loup-garou n'a rien à voir là-dedans... Et puis ça ne vous regarde pas ! explosa-t-elle en abattant sa main sur le plan en pierre avant de se diriger comme une furie vers la porte.

Lorsque cette dernière claqua violement derrière elle, un silence pesant s'en suivit. Nous nous dévisageâmes tous les trois durant quelques secondes avant que Luc ne pousse un soupir déchirant et largement exagéré.

— Aucun de vous ne compte la retenir ?! Si on m'avait dit qu'un jour, je jouerais les chaperons pour une gamine à peine majeure, grommela-t-il devant notre absence de réponse, avant de sortir à son tour.

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Hello, hello !

Suite postée plus vite que prévu, suite à l'annonce d'une grosse maintenance Wattpad mardi, qui rendra le site inaccessible durant plusieurs heures :/( Du coup, j'ai préféré assurer et... surprise !! ^.^ !! J'espère pouvoir poster le prochain chapitre mardi, mais si ce n'est pas possible, ce sera jeudi :-)

J'en profite pour vous annoncer que je serais - avec toutes les précautions d'usages actuelles - en dédicace le samedi 10 Octobre dans le sud de la France aux côté d'un autre Wattpadien, Anthony Lucchini ^.^ A la librairie "Le grenier d'abondance" à Salon de Provence, de 15 h à 18 h. J'espère pouvoir vous y rencontrer ^.^

Des bisous et j'espère que ce chapitre vous a plu ?! :-)

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Lupus NostrumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant