Par mon manque de courage, je la perdrai...

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Assis à la table dans la salle de réunion, je négociais le rachat de mon établissement, par un groupe important de santé, basé à New York. Ma secrétaire avait reçu pour ordre de ne surtout pas me déranger. Dans les transactions, j'étais le meilleur. Alors, quand arriva le moment le plus crucial, c'est-à-dire, celui de l'instant où j'essayais d'obtenir le maximum pour le prix de la revente, j'étais plus que prêt à monter au créneau. A cet instant précis, mon téléphone, pourtant configuré en mode silencieux, s'anima telle une bête enragée, tremblant de part et d'autre. Agacé comme cela n'était pas permis, je m'excusai auprès de mes futurs acquéreurs en m'éloignant un peu et  prétextant une grave urgence. Finalement, c'était pire que ça... Des sueurs froides et la vie quittant mon corps, lorsque je lus une notification provenant de mon fournisseur d'électricité, m'informant qu'il procéderait à une coupure de courant de courte durée, mais néanmoins nécessaire pour vérification et entretien de la ligne électrique.... PUTAIN !!!!!.... Mon sang ne fit qu'un tour !!!!... Justifiant ma fuite en argumentant une raison bidon, je sortis de la salle en vitesse, comme si le Diable était à mes trousses en laissant les repreneurs perplexes et éberlués par mon départ précipité. Je prévins ma secrétaire presque en courant, qu'elle reporte cette réunion dans la journée lorsque j'aurais réglé ce gros problème.... Ahurie de me voir dans cet état-là, elle prit néanmoins note de ma requête en me criant presque que ce serait fait. Sautant dans ma voiture, je ne pris pas le temps de respecter le code de la route, n'ayant nullement une seconde à accorder aux différentes amendes accumulées, devant à tout prix rentrer et remettre ce foutu courant électrique qui faisait défaut depuis que j'avais reçu cette information...

J'arrivai enfin à la maison, sautai de la voiture encore en marche et vis plus loin, le camion de la compagnie d'électricité, avec ses hommes de maintenance dans la nacelle... Déboulant dans l'entrée, après avoir déverrouillé la porte, je me rendis immédiatement compte que la lumière était de nouveau présente.... Ouf ! .... J'espérais juste qu'Aquilina ne se rendrait compte de rien et qu'elle dormirait encore profondément... Dans mon bureau, je rallumai les ordinateurs pour vérifier que tout était sous contrôle dans sa chambre.... Seulement voilà .... Lorsque les différentes images apparurent, j'eus la grande surprise d'apercevoir Aquilina assise dans un des fauteuils de son salon... MERDE !!!! Je scrutai son visage à l'aide du joystick, qui paraissait détendu, or les mouvements de sa bouche m'avertirent qu'elle était sans doute en train de réaliser dans quel piège elle était, et qu'à mon humble avis, je devais me préparer à  justifier le pourquoi de sa présence ici... J'étais dans le pétrin jusqu'au cou... Je devais me sortir de ce guêpier à tout prix... Mon temps était compté, il fallait vite trouver un plan B. Faisant les cents pas dans mon bureau, mon cerveau était en ébullition, me rendant presque ivre, tellement les idées fusaient. Qu'allais-je encore inventer comme conneries pour tromper Aquilina ????.... Je crois que j'étais au bout de ce qu'on pouvait échafauder comme plan foireux... Comme rien ne venait, je décidais de me confronter à elle, et j'aviserai en temps et en heure... De toute façon, j'avais toujours su la berner alors, je trouverais bien un moyen pour la trahir, cette fois-ci... Descendant tranquillement en direction de la chambre de ma belle, je sifflotais pour me donner une certaine contenance. Arrivant comme une fleur, je la trouvai exactement comme je l'avais aperçue sur les caméras, silencieuse et plus que jamais, déterminée. Son regard ne me lâcha pas, de l'entrée à ma première parole.

" - Bonjour Aquilina.... Avez-vous bien dormi ? " 

" - Ne vous fatiguez plus, Andréas !!!... Réservez votre air de dominant à d'autres filles que moi !! " 

Ça s'annonçait plutôt mal pour mon compte. Aquilina était remontée à bloc et était prête à sortir ses griffes à tout moment.... Pour l'instant, pas l'ombre d'un plan dans mon cerveau confus.... La partie était mal engagée....

" - Je ne vous permets pas de critiquer ma façon de fonctionner Aquilina ! Je suis toujours votre Maître, à ce que je sache !!! Alors, je vous prierai de me respecter, un tant soit peu !!!! "

N'hésitant pas à le lui rappeler, j'essayais de gagner du temps. Sa bouche s'étira sournoisement en un sourire retors. Pour la première fois depuis que nous étions ensemble, Aquilina eut le dessus sur moi et pour tout dire, je n'aimais pas du tout ça ... Qu'allait-elle me dire ???

" - .... Vous avez entièrement raison, Maître.... Je manque à tous mes devoirs et je vous prie de m'excuser sincèrement.... " 

Sa réponse me plut aussitôt.....  mais..... seulement, je n'étais pas dupe....

" - Avez-vous réussi à obtenir mes papiers pour finaliser ma sortie, Docteur Donovan ? " 

Cette question posée bizarrement et ce titre ronflant de Docteur longtemps abandonné, ne me disaient rien qui vaille... Je restai évasif...

" -.... C'est en cours.... " 

A présent, elle souriait pleinement, m'offrant un spectacle presque inédit.

" - Pourriez-vous m'expliquer pourquoi ma fenêtre, n'en est, en réalité..... pas une ????? Pourquoi un écran se trouve derrière et surtout.... Où suis-je exactement ????..... " 

Elle avait tout découvert !!!!.... Mon Dieu !!!!.... Ce n'était pas le moment de s'embrouiller les idées, il fallait riposter et très vite !!!!.... Malheureusement, je ne sus quoi lui dire et fus dans l'incapacité de lui fournir quelque chose de cohérent.... J'étais pris dans mon propre piège....

" -.... Alors... Professeur Donovan ???.... Vos réponses se font désirer.... " 

....Et, elle se rapprocha de moi en me disant :  

" - ..... Ou peut-être que vous ne souhaitez pas me révéler le pourquoi de ma présence en ce lieu, qui de toute évidence..... n'est pas votre établissement ???? "

Muet, je devins livide quand je compris qu'elle savait.

" - VOUS m'avez menti depuis des mois !!!! .... VOUS n'êtes pas foutu de me répondre et surtout de m'expliquer qu'est-ce que je fous là !!!!.... VOUS êtes un imposteur et un menteur pathétique, VOUS avez abusé de ma confiance et de mon mal-être pour m'avoir manipulée à votre guise !!!!! Je vous déteste Andréas.... Je vous déteste !!!! " 

Sa rage vint remplacer le sourire qu'elle arborait depuis mon arrivée, me provoquant une certaine tristesse. Dès lors, son magnifique visage était devenu un faciès grimaçant de dégoût aussi visible, et de haine, jamais observés jusqu'à ce jour. Démasqué et silencieux, j'étais au bord du gouffre, ne sachant toujours pas justifier l'acte odieux que j'avais commis. A l'heure actuelle, il fallait que je me tire très vite avant que je ne m'effondre et lui révèle toute l'étendue de mon plan machiavélique. Force était de constater que j'avais lamentablement échoué lors de cette manche, et qu'Aquilina s'en sortait haut-la-main, victorieuse. Face à ce pénible constat, je décidai de partir sur le champ car j'avais perdu pied. Laissant ma belle me détester, je me levai et voulus prendre la direction de la sortie. Un mouvement de son côté m'obligea à m'immobiliser un instant pour la regarder. Aquilina, le visage décomposé et méconnaissable se leva, se posta devant moi et fit ce geste, que je n'aurais jamais accepté en temps normal.... Elle, si douce et si docile, incarnant la gentillesse, me donna une gifle magistrale, qui eut le don de me ramener à la vie, en me provoquant le déclic tant attendu.... La sensation de feu sur ma joue aurait dû provoquer ma colère instantanément mais dans ce contexte très étrange, je l'en aurais presque remerciée.... Cet affront n'avait fait que précipiter les choses qui commençaient à s'enliser.... Touchant mon visage, marqué par son sceau, je me retournais pour partir, puis, dans un dernier élan de lucidité, je lui dis avant d'ouvrir la porte : 

" - Je vous laisse quelques heures pour vous préparer... Bouclez vos valises et tenez-vous prête à partir d'ici ! "

" - Rassurez-vous... Je ne resterai pas une minute de plus dans votre prison  et encore moins avec vous.... " proféra-t'elle.

Il fallait se rendre à l'évidence.... La rupture était consommée...

D'amour et de larmes ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant