Pour ma tranquillité et sa survie, tous les interdits je braverai...

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Décontenancé par l'aveu d'Aquilina, je revins à mon bureau presque en chancelant. Après que je lui ai accordé sa demande de la combler sexuellement, je n'avais absolument pas prévu qu'elle me fasse sa déclaration d'amour. J'en avais été complètement retourné... Que penser de ses paroles ??? Cependant, dans ma vie de Maître, je les avais maintes fois entendues mais je n'y avais jamais répondu car je n'accordais jamais de crédit à cette expression, qui pourtant à l'époque de ma défunte femme, regorgeait de vrai sens. D'ailleurs, il n'y a eu qu'elle qui avait le droit de me les dire.... Mais là.... Sortis tout droit de la bouche sensuelle d'Aquilina... Je ne savais plus si je devais lui répondre ou non... Je fus perdu... Qu'attendait-elle de moi ? Elle savait très bien qu'en signant le contrat, elle n'obtiendrait rien que ma sympathie... C'était indiscutable que j'avais un faible pour elle car, elle m'obsédait, mais de là à éprouver de l'amour... j'en étais bien loin...

Je pris une douche pour me détendre et me débarrasser de l'odeur tenace de ma soumise, qui me collait à la peau, comme une jeune adolescente avec son premier amour. La comparaison me fit frémir d'horreur, il fallait à tout prix que je la recadre sans plus attendre. Réfléchissant à comment j'allais procéder, une autre pensée vint s'inviter dans les dédales de mon cerveau bien saturé par les trois mots interdits prononcés par ma petite :  la menace de Moore. Aquilina m'avait pratiquement fait un lavage de cerveau avec sa déclaration, court-circuitant  ainsi, toutes les autres informations importantes, qui devaient passer en priorité afin d'être traitées convenablement. Sur ce point, je parlais évidemment du prêt d'Aquilina. Et là, je devais reconnaître que ça m'en faisait froid dans le dos !!! Je n'avais pas peur pour moi, parce que je ne craignais rien physiquement, ni psychologiquement, en revanche pour elle, ce ne serait pas une partie de plaisir.... surtout quand je l'aurais mis devant le fait accompli... Alors me vint une idée loufoque.... Connaissant l'imagination débridée et très salace de ce pervers accompagné de ses amis, je dus penser à tous les scénarios possibles et inimaginables, dont un qui m'avait réellement passionné. Celui du kidnapping en pleine rue, avec voitures blindées, hommes cagoulées et toute la panoplie du parfait ravisseur. J'avais assisté à cette mise en scène pour un jeu de rôles, grandeur nature. Un fantasme longtemps évoqué par une soumise très expérimentée, au détour d'une conversation simple, au cours de laquelle nous nous étions réunis lors d'un grand repas dans notre cercle, très restreint, d'amis. Bien sûr, à l'époque j'étais beaucoup plus actif que maintenant, mais je devais reconnaître que cette fille possédait vraiment des extravagances concernant sa sexualité délirante. Evidemment, Moore tendit l'oreille et s'argua d'être le seul à monter ce script rapidement avec des moyens budgétaires colossaux. Bref, une façon de montrer aux autres, sa supériorité et ses moyens financiers illimités.... Impatient de voir comment Moore allait s'y prendre en si peu de temps, j'attendis sagement dans mon coin, la suite des évènements.

 Quelques temps après, lors d'une soirée alors que je patientais avec d'autres, en attendant l'arrivée de David dont le retard était légendaire, devant la porte de notre club, une voiture noire sans immatriculation, aux vitres teintées dissimulant l'intérieur, fit irruption. Quatre hommes, tout de noir vêtus, sortirent en nous menaçant de nous calmer, si toutefois nous voulions intervenir. Ebahi par la violence dont faisaient preuve ces individus, je me tins à carreau. En une fraction de seconde, ils sortirent la fameuse soumise, qui n'arrêtait pas de se débattre. Pas une seule fois, elle mentionna son mot d'alerte ni le code couleur. C'est seulement à cet instant que je compris que c'était la fameuse mise en scène, orchestrée par Moore. Revenant à moi, je fus frappé par la similitude des faits. Comme ce détraqué, j'avais moi-même kidnappé Aquilina. Comme lui, je lui imposais toute sorte de défis, tout aussi délirants que malsains... tout ceci dans le seul but de satisfaire mon besoin permanent d'imposer ma domination. Mais à l'inverse de l'autre soumise consentante, Aquilina ne soupçonnait pas un seul instant, qu'elle était ma prisonnière. Elle croyait tout bonnement, qu'elle était toujours internée dans mon hôpital... Finalement, par rapport à l'autre fou, j'étais encore plus tordu mais ça... personne ne le savait... Une chose pourtant me perturba.... Et si en voyant Aquilina, Daryl perdait tout contrôle et voulait la kidnapper ???... Non, ce ne serait pas possible... mais avec lui, il fallait s'attendre à tout ! L'idée se fit de plus en plus concrète jusqu'à devenir une obsession. Il fallait que je le fasse pour ma tranquillité et celle de ma soumise. Sortant de la douche, je m'essuyai rapidement et enfilai un bas de jogging, puis un tee-shirt noir. Dans mon bureau, je pris dans ma sacoche mon pistolet d'injection, à usage unique et l'armai avec un implant sous-cutané, permettant une fois placé, de suivre et localiser mon Aquilina, n'importe où. Valait mieux prévenir que guérir... En effet, j'avais participé, il y a quelques années auparavant,  à un colloque piloté par des entreprises de biotechnologies et leurs nouvelles avancées dans le domaine médical. Absolument fasciné par leur contenu, je m'étais rapproché d'un de leurs fondateurs. C'est alors, conquis par son programme, je décidai de m'associer avec lui, ravi d'avoir une des plus grosses fortunes du pays, dans son équipe. Même si mon investissement avait coûté excessivement cher, je ne me plaignis pas des retombées, multipliant ma participation, par cinq. 

Armé de la puce RFID ( Radio Frequency IDentification : identification par radio fréquence ) dans le chargeur, je préparai le plateau pour procéder à l'injection de celle-ci dans le bras d'Aquilina. Sous couvert de la mise en place de cet implant soi-disant contraceptif, désormais, j'avais un moyen de la localiser où qu'elle se trouve. Songeant que j'allais à l'encontre de la liberté individuelle, le droit au respect de la vie privée et de la dignité humaine, tour à tour, je transgressais les lois éthiques et sociales. Tout ce pour quoi, j'avais étudié, appris et appliqué à la lettre jusqu'à ma rencontre d'avec Aquilina. Pour elle, j'étais prêt à tout balayer d'un revers de la main... Etait-ce assimilé à une preuve d'amour ???... Certainement car, je remettais tout en jeu dans cette injection... Quand je descendis rejoindre ma douce, je m'attendais à la retrouver dans cet état. Ses yeux rougis, d'avoir semble-t'il, encore trop pleurés pour moi, je dus composer pour ne pas craquer et lui montrer que pas ses moments de faiblesse, elle commençait à atteindre ce que je lui avais toujours refusé, à savoir, mon cœur. Revêtant mon masque d'impassibilité, je fis le tour et posai devant elle, le plateau contenant tout le matériel médical. Elle déglutit à la vue du pistolet. C'était à moi, avec tout mon baratin professionnel qui devait entrer en scène. Je devais monter, une fois de plus, au front pour pouvoir lui imposer mon choix.

" - Aquilina.... Ne vous mettez pas dans tous vos états.... Je suis désolé que vous soyez aussi impliquée dans notre relation... mais promis... j'essaierai de vous manifester plus d'attention à l'avenir, je m'engage à être plus démonstratif auprès de votre personne.... et cela va commencer par cette injection ! "

L'observant depuis mon arrivée, je constatai qu'elle avait repris un peu de vie, lors de mon intervention. Elle s'interrogea sur le pistolet qu'elle épia, en le décortiquant avec ses yeux scrutateurs. Savait-elle de quoi il s'agissait ? Je ne le pensais pas..... A ce niveau, il ne fallait pas commettre de fautes, sinon, tout était fini pour mon compte. Je continuai de l'endormir, avec ma voix paisible et monocorde.

" - Vous voyez cet instrument ? ... ( elle me fit oui de la tête ) ... C'est un ustensile pour injecter un implant.... Je suppose que vous savez de quoi je parle ? " lui demandais-je, en insistant sur le fait qu'elle était assez intelligente pour comprendre où ma pensée se dirigeait.

" - Oui, Maître.... Je sais très bien que vous allez m'injecter un implant contraceptif.... mais ce que je ne comprends pas très bien, c'est pourquoi ? Je suis déjà sous pilule et puis, ce n'est pas comme si nous avions une vie sexuelle débridée où que je veuille tomber enceinte sans votre accord ! " m'avoua-t'elle, l'air dépité.

Merci Mon Dieu !!! Voilà la répartie que j'attendais.... Je ne mis pas une minute pour répondre : 

" - Voilà, vous avez tout compris !!!.... Pas de grossesse surprise entre nous.... En revanche, beaucoup plus de séances sexuelles intensives.... Dès lors, vous comprendrez bien que je dois prendre toutes les précautions requises pour que nous puissions jouer l'esprit tranquille... " 

Approuvant unanimement ce que je venais de formuler, Aquilina se plia au rituel sans ciller. Bonne fille.... Intelligente, compréhensive et surtout acceptant toutes mes divagations névrosées.... C'est prodigieux de se dire que, rien qu'avec un discours bien huilé, on pouvait contrôler la perception de la propre existence de ladite personne.... Je devrais écrire mes mémoires, plus tard, ce serait vraiment cocasse !... Il faut dire qu'il existe tellement de maniaques comme moi, que je suis sûr qu'il finirait par devenir un ouvrage de référence pour les adeptes du BDSM. L'injection, effectuée en quelques secondes, je pus enfin me détendre. Un pansement cacha l'entrée où se situait maintenant, le moyen de localiser Aquilina. Rassuré par le fait qu'à tout moment, je savais où elle se situait, je décidai de donner à ma chienne, un os à ronger.

" - Vous avez été très courageuse Aquilina.... Pour ce qui est de votre déclaration de tout à l'heure... Ne perdez pas tous vos espoirs... Peut-être qu'un jour, le fait de se côtoyer quotidiennement.... me permettra éventuellement.... d'éprouver une quelconque forme.... d'amour ???? " lui révélais-je, en lui caressant sensuellement le bras endolori. 

A cet instant précis, dans ses yeux, je pus y déceler un débordement d'amour et une profonde reconnaissance. En fermant sa porte, je souriais en me traitant d'être le pire des salauds. 

D'amour et de larmes ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant