D'amour et de larmes ...

Dans tes malheurs, de la force tu y puiseras...

Quelques jours après les funérailles publiques de mes parents tant adorés, je repensai à toutes les démarches effectuées depuis leur disparition.... 

L'inspecteur Samuel Miller me reçut dans son bureau, après mon passage chez le Doyen. Mais je ne me doutais pas un seul instant,  qu'il fallait que je me rende à la morgue pour reconnaître les corps de mes parents.... Ça été le coup fatal, le choc de trop.... Cependant, je n'avais pas le choix car, étant le seul membre vivant de cette famille, l'inspecteur comptait sur moi pour les identifier. Après cette insupportable épreuve, les avocats de mes parents, amis de longue date, insistèrent pour que je ne reste pas seule dans l'immense propriété, qui m'appartenait dorénavant, de peur que je ne commette l'irréparable. J'étais anéantie, brisée, effondrée mais clairement pas suicidaire. Peu après le dernier adieu fait à mes parents, la procédure de succession se mit sur les rails. Finalement, je n'avais pas grand chose à faire, si ce n'était, que de signer des papiers à tour de bras. Mon père et ma mère m'avaient considérablement facilité la tâche en ce sens où je n'interviendrais pas du fait que l'empire s'autogérait, me laissant avec une somme mensuelle d'argent frisant la démesure. A tel point que je pouvais me reposer tranquillement sur mes lauriers pendant au moins deux siècles ! Cependant, j'avais reçu une éducation très stricte, nourrie de travail et de profond respect. Alors, le fait de me retrouver à la tête de plusieurs milliards de dollars, ne m'enchantait guère. Certes, si l'oisiveté de plusieurs de mes camarades m'exaspérait au plus haut point, moi, je n'en faisais pas partie. Moi, ce que je désirais le plus, c'était échanger tous ces billets contre ma vie d'avant le drame.... Malheureusement, la vie en avait décidé autrement....

Le temps passa, insinuant en moi, une profonde nostalgie avec un sentiment d'abandon. Perdue, seule face à ce chagrin accablant, je me sentis délaissée. Ayant un manque de courage et la perte de motivation pourtant indispensables pour reprendre ma vie d'étudiante, je pris le temps de réfléchir à la proposition de repousser à l'année prochaine mon programme de Master, m'octroyant ainsi une pause primordiale afin de retrouver toute l'essence faisant de moi, celle que j'étais auparavant. Pour l'instant, ce qui comptait, c'était que je m'éloigne de tout stress environnant et que je me repose, avant d'être de nouveau d'attaque.

Revenue dans le bureau du Doyen, quelques temps après, il m'accueillit simplement entre deux rendez-vous. J'allais être brève et n'allais pas m'éterniser ici.

" - Entrez ! .... Je suis heureux de vous revoir Mademoiselle Tyler... Puis-je me permettre de vous demander comment allez-vous ? " m'interrogea-t'il, apparemment réjoui de me revoir dans le monde des vivants.

" - Bonjour Monsieur le Doyen !... Je vous remercie de vous inquiéter... mais c'est justement à ce propos que je viens vous rendre visite.... " 

" - Très bien... En quoi puis-je vous être utile ? "

" - Eh bien, la dernière fois vous m'aviez laissé entendre que je pouvais reporter de quelques temps mes études... et je crois que finalement... ce moment inévitable est arrivé.... "

Il me regarda en se grattant le menton. Aurait-il changé d'avis entre-temps ? J'espérais bien que non... L'attente fut de courte durée puisqu'il décida de me laisser tout le temps nécessaire pour effectuer mon deuil correctement, si tant est qu'on puisse le faire un jour et de surcroît, normalement. L'idée que mes parents puissent être morts, m'était insupportable voire impossible à réaliser. Je reçus ma demande de report d'études supérieures, et j'indiquai pour quelle raison , en  cochant la case  "ajournement pour cause de force majeure ". Même sans cette échappatoire bienvenue, je ne me serais pas sentie prête à retrouver les amphithéâtres bondés. Le remplissant d'une seule traite, je me sentis beaucoup plus zen en accomplissant cette formalité. Débarrassée d'un poids, qui n'en n'était plus un, je pouvais me consacrer à ma demande concernant un établissement de repos. Je fis des recherches et en trouvais un qui paraissait accueillant et surtout faisant preuve de discrétion vis-à-vis de la prestigieuse patientèle. Vivant dans l'ombre de mes parents, qui souhaitaient me préserver, et n'étant que très peu exposée aux médias, je devais me préparer, néanmoins, à me retrouver à la une de la presse à sensation. Prenant les coordonnées de ce centre pour personnes voulant effectuer un break dans leur vie trépidante, je voulais, avant toute prise de décision hâtive, consulter mon ami et médecin de famille pour lui demander conseil. Par chance, j'avais réussi à obtenir rapidement une consultation dans la semaine. J'en fus soulagée.